Les aveux scandalisants des DOU

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La commission éducation et enseignement supérieur a invité, hier, les directeurs des œuvres universitaires de Tizi-Ouzou, le représentant de la direction des équipements publics pour justement aborder la situation des cités et campus universitaires, en prévision de la session extraordinaire de l’APW qui se tiendra officiellement, le 12 mai prochain, à l’hémicycle Aïssat Rabah et qui sera consacrée exclusivement aux universités.

Lors de leurs interventions, les membres de la commission organisatrice ont dressé un tableau noir de la situation qui prévaut à l’université Mouloud Mammeri. «Le malaise est persistant au sein des cités et campus de l’université. Nos enfants grandissent et nous appréhendons leurs inscriptions dans les différentes cités. Nous avons, lors de nos visites, constaté que certaines cités ne sont dotées ni de douche ni de sanitaires. C’est de l’inimaginable. De part le constat que nous avons établi, le malaise et les conflits, la protestation qui gangrène l’université est compréhensible», diront-ils. «Des engagements ont été pris pour redresser la situation et améliorer le cadre de vie des étudiants mais, des années après, nous constatons que rien n’a été fait. Il est impératif de remédier à la situation sinon le pire est à craindre», ont-ils signalé en précisant : «Nous ne voulons faire le procès de personne mais la vérité doit être dite même si elle est amère et que chacun doit assumer ses responsabilités. Les consciences seront interpellées pour le bien de toute la population estudiantine et universitaire. Le blason de l’UMMTO, sa performance et sa réputation d’antan doivent lui revenir par tous les moyens possibles». Signalons que les élus ont évoqué les problèmes des dégradations tous azimuts des structures, les fuites de nourriture dans les restaurants, le manque d’hygiène, le manque d’ambulance et de fauteuils dentaires, le manque d’espaces verts, l’insécurité et le laxisme des uns et des autres. En somme, la cote d’alerte est atteinte et la sonnette d’alarme tirée. «Des sommes colossales ont été allouées à l’université par l’État mais sur le terrain la situation demeure des plus précaires», conclura un élu. Les directeurs présents ont essayé de se défendre.

Les cités sont surchargées

Pour se défendre, les directeurs intervenants ont mis le doigt sur plusieurs manquements et lacunes qui les empêchent d’installer un climat serein, propice aux études et un cadre de vie meilleur. Ils ont expliqué : «Quand un resto est conçu pour servir 1 000 repas et qu’il sert le double avec le même effectif, il y a forcement des problèmes. Quand une cité est plongée dans le noir à longueur de mois, il y a aussi problème. Quand le matériel est usé et hors usage puisqu’il remonte à 30 ans en arrière et que nous n’avons pas les moyens d’acquérir un nouveau matériel, il y a aussi des problèmes. La plupart des ouvriers ont été recrutés par des interventions et quand on se met à les faire travailler, nous faisons face à une pression terrible, les coups de téléphone arrivent de partout. Les forcer à travailler est synonyme d’avoir tout le monde sur le dos. Quand un syndicat, qui est sensé défendre l’intérêt des travailleurs mais aussi celui de l’institution, nous bloque au lieu de nous accompagner, il y a là aussi un problème. Le dictat des ouvriers qui bloquent la chaîne au resto est connue de tous. Les cuisiniers que nous formons s’en vont vite chez le privé car chez nous, ils ne perçoivent que 17 000 DA alors que le privé leur propose bien plus». Les DOU sur leur lancée n’ont pas omis de fustiger la direction des équipements publics : «La DLEP nous a oublié depuis 3 ans. Les travaux de réhabilitation inscris ne sont pas encore lancés. Dans certaines cités, la bouffe est gratuite et les étudiants mangent gratuitement depuis 2006. Pour acheter les tickets, ils réclament des travaux de réhabilitation, l’aménagement des voies, la réfection des salles d’eau et une prise en charge sanitaires». Et comme solutions à tous ces mots, les directeurs ont proposé : «Pour remédier efficacement et durablement à tous ces manquements, il est temps d’instaurer les cartes magnétiques pour l’ensemble des étudiants, les caméras de surveillance et passer à la réhabilitation des structures et au remplacement des équipements et également trouver des solutions aux éternels étudiants qui sont, pour certains, à l’université depuis 18 ans». Pour sa part, le représentant de la direction des équipements publics a rétorqué que le CF est pour beaucoup dans le blocage des opérations de réhabilitation.

Un frein nommé controle financier

Le représentant de la direction des équipements publics n’est pas allé par 36 chemins en se défendant crocs et becs : «Nous avons, en effet, bénéficié de deux opérations de réhabilitation pour les universités. La première tranche dont le montant était de 737 millions de dinars. Il était question de mise à niveau des universités. On a retenu des opérations d’installation de gaz, d’étanchéité de réfection des réseaux d’assainissement et de réalisation de bâches à eau au niveau de 12 résidences universitaires, d’un restaurant central et de 7 restos dans les cités. La deuxième tranche à hauteur de 496 millions de dinars, datant de fin 2014, concerne 11 résidences, un campus et des cités. 53 lots ont été arrêtés. Le cahier des charges préparé et validé. Un avis d’appel d’offre a été lancé le 16 août 2015. Hélas, une fois au controle financier, tout est rejeté. L’ensemble des opérations ont été gelées. C’est ce qui explique tout ce retard. Toutefois, en février 2016, c’est le dégel mais il faut actualiser toutes les données et travailler avec le nouveau code. Nous sommes en train de travailler là-dessus et d’ici le mois de juin, ce sera le lancement de toutes les opérations». Il convient de reconnaître que l’université Mouloud Mammeri, un lieu de savoir et de progrès qui, à un certain temps, conduit toute la nation, un lieu qui diffusait le savoir, l’intelligence et les idées est devenue au fil des années une enceinte où les conflits, la protestation et les grèves sont devenus récurrents. Ce qui, bien sûr, a pesé beaucoup sur la qualité des cadres qui sont formés et qui a jeté beaucoup de discrédit sur le rôle de l’université et sa capacité à former des cadres compétents. L’UMMTO est sûrement la vitrine de la wilaya de Tizi-Ouzou, n’est il pas temps de mettre les bouchées triples pour la sortir de ce marasme, de ce laxisme et de cette régression dans lesquels elle patauge depuis plusieurs années ?

Hocine T.

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