«Notre village est oublié !»

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Une grande banderole était accrochée sur la barrière donnant accès au siège de l’APC de Souk El Hed, chef-lieu de la commune de Timizart, dans la daïra d’Ouaguenoun. On pouvait y lire engrands caractères «Village de Mahbouba oublié».

Cela suffit pour décrire le désarroi des résidants de cette cité construite lors du fameux programme de 1973 qui ambitionnait de construire 1 000 villages dans le cadre de la révolution agraire initié par feu Houari Boumedinne. La construction de ces villages devait effectivement permettre aux paysans pauvres et sans terre de réaliser leurs rêves : celui d’accéder à une vie décente, avec un minimum de ressources. Mais avec le temps, force des choses oblige à reconnaitre que les quelques villages construits ça et là -à l’image de celui de Mahbouba- ont fini par prendre des rides de partout.

Tout semble vétuste dans ce village effectivement, et rien ou presque n’est fait pour redorer un tant soi peu le blason terni de cette agglomération. Pourtant, selon le P/APC de Timizart qui faisait face aux contestataires venus nombreux fermer la mairie hier matin, une réunion avait déjà regroupé le comité de village de Mahbouba en présence du représentant du wali et les responsables des différents services de la wilaya, pour trouver une solution aux problèmes dont souffre ce village. «On est parvenu ainsi, suite à cette réunion qui s’est déroulée au siège de notre APC le 10/06/2015, à un programme d’action qui devrait être pris en charge par les différents services que compte la wilaya.

Pour notre part, en tant qu’APC, nous nous sommes engagés à réaliser le bitumage des routes secondaires du village, et avons tenu parole puisque nous avons voté dans le budget supplémentaire une somme que nous avons allouée à cette opération. D’ailleurs, l’entreprise qui doit réaliser ces travaux est à pied d’œuvre, mais avec un petit changement de programme, car, finalement, c’est la route principale que nous allons goudronner», dira notre interlocuteur. Chose qui nous a été confirmée par Dda Belkacem, l’infatigable militant des causes justes et représentant du comité du village Mahbouba. Il nous dira en substance : «Nous n’avons rien à reprocher au P/APC qui a tenu parole, puisque les engins de l’entreprise devant assurer le bitumage des routes, sont sur les lieux.

Notre grief est contre les autres services de la wilaya qui se sont engagés, entre autre, à réaliser l’aménagement des voies routières et des bordures. Cet engagement fut pris par la direction de l’urbanisme. L’extension de la salle de soins et sa dotation en équipements nécessaires pour un bon fonctionnement, engagement pris par la direction de la santé de la wilaya de Tizi-Ouzou ainsi que le P/APC et le chef de daïra. On revendique aussi l’installation d’une nouvelle conduite d’eau du château principal, un engagement dans ce sens nous fut accordé par la direction des ressources en eau de la wilaya. Autre sollicitation : le déplacement du transformateur d’électricité de la propriété de Monsieur Khalef Said vers l’extérieur, chose promise en principe par la Sonelgaz et le P/APC.

Par ailleurs, les responsables de la Sonelgaz se sont engagés à assurer l’extension du réseau d’éclairage public pour toucher toutes les habitations nouvellement construites. Lors de cette fameuse réunion, nous avons aussi demandé à ce que notre village bénéficie d’un raccordement au réseau téléphonique et celui d’internet, chose qui fut elle aussi inscrite. Un dernier point et qui nous a été promis par la direction de la jeunesse et des sports, consiste en l’aménagement du terrain du stade de Mahbouba en le pourvoyant de vestiaires. Or, voila plus de huit mois que notre attente dure sans rien voir venir pour concrétiser ces moult engagements des uns et des autres !».

Pour le P/APC, la situation semble difficile car, selon lui, le budget de la commune ne peut prendre en charge à lui seul tant de travaux. Il affirmera que les maintes relances et rappels des différents services qui se sont engagés dans le sens d’accomplir les travaux au profit des habitants de Mahbouba, sont restés lettres mortes. «Et encore une fois, tout nous retombe sur le dos. Les gens trouvent plus facile de fermer le siège de l’APC pour faire valoir leurs doléances. Mais cela perturbe en vérité le bon fonctionnement de notre administration et surtout prend en otage les autres citoyens de la commune qui ont besoin des services de la mairie», regrettera-t-il.

De leur côté les habitants du village Mahbouba, forts des promesses qui leurs ont été faites et s’estimant lésés ou bernés, jurent que leur occupation des lieux sera illimitée jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. Des Propos qui soulignent un bras de fer engagé à moins que la raison ne prime et qu’un dialogue entre les différentes parties ne dénoue la situation. En attendant, ce sont tous les habitants de la commune de Timizart qui se retrouvent, une nouvelle fois, otages de ces fermetures à répétition du siège de l’APC.

A. S. Amazigh.

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