«Ce qui me tient à cœur…»

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Klalèche Mohamed est président de l’assemblée populaire FFS de la wilaya de izi-Ouzou depuis janvier dernier, après avoir succédé à Haroun Hocine élu sénateur.

La Dépêche de Kabylie : Avant d’aller dans le vif du sujet, par où vous seriez tenté de commencer cet entretien?

M. Klalèche Mohamed : Je commencerai par revenir quand même un peu en arrière pour situer le contexte et être édifié sur l’évolution de la situation. Je rappelle qu’en 2012, je n’étais que vice-président. Néanmoins, j’étais bien impliqué et bien informé sur la situation que nous avions héritée. La wilaya était presque paralysée. Pleins de projets n’étaient même pas lancés. Les exemples ne manquent pas. Je peux citer le téléphérique, la pénétrante, le pôle d’excellence de Oued falli, la voie ferrée, le pôle universitaire de Tamda, le centre anti-cancer de Draâ Ben Khedda et j’en passe. Il fallait vraiment se battre pour les lancer et c’est chose faite grâce aux efforts des élus de la majorité. En 2012, le seul projet en cours était celui du stade de 50 000 places couvertes, mais les travaux piétinaient. Là aussi, nous sommes intervenus pour améliorer la cadence. Maintenant, nous pouvons dire que le plus gros du travail est fait. En 2013, lors de la visite du Premier ministre, nous avons arraché plein de projets structurants pour notre wilaya. Il s’agit entre autres d’un nouveau CHU, de la clinique du rein, du complexe mère-enfant et de l’axe autoroutier Aïn El Hammam- Draâ El-Mizan.

Et là c’est le P/APW qui s’exprime. Vous avez été élu depuis janvier 2016 à ce poste…

Tout à fait. Cependant, je considère que notre mission est devenue plus difficile, notamment depuis l’austérité et les restrictions budgétaires dues à la chute du prix du baril de pétrole sur le marché mondial. Quand le budget est amoindri significativement et brusquement, il n’est pas du tout aisé de trouver des parades. Toutefois, ce n’est pas pour autant une raison pour croiser les bras, bien au contraire. Ce qui me tient à cœur, c’est de nous battre non seulement pour maintenir les projets inscrits à l’indicatif de notre wilaya et décrocher de nouveaux projets structurants, mais aussi pour trouver des mécanismes nouveaux afin de créer de la richesse et de l’emploi. Le projet de convention intercommunale «Ayla tmurt», élaboré et signé à l’APW dernièrement, est une des voies à exploiter pour relever le défi, celui de développer notre wilaya. Toutefois, celle-ci ne devra en aucun cas être concernée par le gel ou par n’importe quelle autre restriction. Nous avons enregistré un cumul de retard pour des causes que le commun des mortels n’ignore pas. Il est bien juste et justifié de nous donner l’occasion de le récupérer, ne serait-ce que pour l’équité et l’équilibre entre les wilayas. Tout cela pour dire que notre mission est complexe et n’est pas de tout repos. Toujours est-il, nous continuerons à nous battre pour assurer le développement de notre wilaya.

Un pari difficile. Comment allez-vous vous y prendre?

Dès notre installation, nous avons commencé par visiter les projets structurants les plus importants de la wilaya. Le stade de 50 000 places, le CAC de Draâ Ben Khedda, le projet de la pénétrante,… Ce n’était nullement pour faire du tourisme, mais pour contribuer à trouver des solutions aux entraves que rencontrent les entreprises réalisatrices, dans l’optique d’achever les travaux dans les meilleurs délais. Nous avons également participé à plusieurs activités dans différents villages et même au chef-lieu de Tizi-Ouzou, cela bien sûr pour relancer la roue du développement local et encourager l’économie de montagne et l’investissement. Nous avons aussi organisé plusieurs sessions à l’hémicycle Aissat Rabah où nous avons abordé les dossiers les plus chauds pour ne pas dire les plus brûlants, comme les zones d’activités, les zones industrielles, le foncier,… Et nous sommes allés jusqu’à délibérer pour la récupération du foncier attribué non exploité avec l’objectif de le réattribuer à de vrais investisseurs qui créeront l’emploi et la richesse. Nous appelons, à ce titre, l’Etat à encourager l’entreprenariat et la collaboration entre les entreprises nationales et étrangères. Nous avons aussi abordé le problème de la crise de logements et interpellé qui de droit pour livrer ceux en construction depuis de longues années, afin de pouvoir prétendre à de nouveaux quotas. Concernant le pôle d’excellence, 10 000 logements y sont en voie d’achèvement mais non encore viabilisés et sans équipements d’accompagnement, ce qui retarde leur attribution. Nous devons aussi encourager l’entreprenariat entre le secteur de l’Etat, du privé et aussi étranger. Il est incompréhensible que dans une wilaya comme la nôtre, qui recèle des moyens que l’on ne trouve pas ailleurs, aucun investisseur étranger ne s’y soit installé. Depuis les années 1970, aucune autre nouvelle usine d’importance n’a été réalisée à Tizi-Ouzou, pourtant, la période de l’embellie financière a duré de nombreuses années. Il faut se poser la question s’il n’y a pas quelque part une certaine volonté de tirer la wilaya vers le bas. Nous nous battons sur ce terrain aussi. Il faut dire que la récente visite du Premier ministre nous a laissés sur notre faim. Nous avons espéré une annonce d’envergure comme l’inscription de nouveaux projets et le maintien de ceux déjà inscrits, mais rien de tout cela n’a eu lieu. Le Premier ministre était venu les mains et les poches vides. De ce fait, nous réitérons notre appel aux responsables compétents de nous prémunir de ce gel qui risque fort d’être à l’origine d’un nouveau chaos. Nous demandons énergiquement le dégel du projet du nouveau CHU, de la clinique mère-enfant, de l’axe autoroutier Aïn El Hammam-Draâ El-Mizan, le projet de la STEP pour le barrage de Taksebt et surtout les projets des 5 EPH.

Parlons justement du secteur de la santé à Tizi-Ouzou…

Le secteur de la santé à Tizi-Ouzou est tout bonnement malade. Les infrastructures hospitalières et sanitaires sont largement dépassées. Les conflits comme celui des EPSP d’Ouacif et d’Ouaguenoun ne sont toujours pas solutionnés prenant en otage des centaines de milliers d’habitants. Les malades de notre wilaya ne sont pas efficacement pris en charge et la plupart d’entre eux galèrent en dehors de la wilaya pour les besoins de la radiothérapie. Le privé est souvent le dernier recours, mais les malades aux revenus modestes traînent dans les couloirs du CHU et des EPH en attendant la fatalité. C’est pourquoi nous avons vivement interpellé le Premier ministre sur les conflits d’Ouacif et d’Ouaguenoun. Nous l’avons aussi interpellé pour le dégel des projets inscrits à notre wilaya, notamment les 5 EPH, le nouveau CHU, la clinique du rein et la clinique mère-enfant. Nous avons aussi insisté sur le dégel du projet du l’hôpital de Souk El Tenine et la nécessité de prévoir sa réévaluation, car il a été déclaré à deux fois infructueux. Nous avons aussi réclamé l’inscription en réalisation des autres EPH dont les études sont achevées. Laissez-moi vous préciser aussi que nous avons abordé le secteur de l’enseignement supérieur en session extraordinaire, ce qui est une première au niveau national. Les problèmes de l’université Mouloud Mammeri ont été abordés en plénière et en présence de tous les acteurs concernés (Recteur, DOU, directrice des cités, syndicats, étudiants). Des résolutions ont été prises et une commission a été installée pour suivre de près l’évolution de la situation, ceci en vue de garantir une rentrée universitaire 2016/2017 calme et sereine.

Vous prévoyez une session ordinaire pour le 30 juin, afin d’examiner le secteur de l’eau. Peut-on en savoir un peu plus ?

La session de jeudi prochain sera, en effet, consacrée en majorité au secteur de l’eau et au conflit d’Illilten. Mais avant, nous voterons d’abord le budget supplémentaire. Pour revenir au secteur de l’eau, il n’est pas au mieux au niveau de notre wilaya. La rareté de l’eau, ses pénuries et les protestations de la population (fermeture des sièges APC et de daïra, de l’ADE et des routes) rythment la saison estivale depuis de nombreuses années. Nous voulons contribuer à trouver des solutions pour d’une part, rendre l’eau disponible et du même coup éviter la protestation et les conflits entre frères à cause de l’eau. Le conflit d’Illilten est éloquent. Nous devons lui trouver une solution urgente mais équitable pour éviter à la région de sombrer dans ce qui n’est pas souhaitable. Notre assemblée a déjà dépêché une délégation qui s’est enquis de la situation qui prévaut aux niveaux des quatre villages concernés par ce conflit. Nous ferons tout pour régler ce problème. Pour revenir au secteur proprement dit, nous allons interpeller l’administration et le pouvoir central en vue de maintenir les 4 barrages inscrits à l’indicatif de la wilaya. Nous allons aussi appeler à la réfection du réseau en acier et construire également de nouveaux réservoirs d’eau pour faire face à d’éventuelles sécheresses.

Qu’en est-il du concours Aissat Rabah du village le plus propre ?

Le concours du village le plus propre a été relancé en 2012. Par ce concours, nous voulons créer une certaine compétition loyale entre les villages dans l’unique souci de les faire participer à la préservation de l’environnement et à la protection de la nature. Cela dit, l’objectif n’est pas encore atteint, mais une nette amélioration est déjà sensible à travers plusieurs villages où les populations ne lésinent sur aucun effort pour faire le grand nettoyage. C’est un des objectifs atteints par le concours. Des prix allant de 3 à 8 millions de dinars seront attribués aux villages lauréats cette année. Notre assemblée intervient également dans différents autres secteurs, comme celui du sport, du social et de la culture. La coupe de la wilaya pour le foot est entièrement prise en charge pas l’APW. Les frais d’engagement des clubs dans le championnat de wilaya sont pris en charge également par notre assemblée. Plus de 800 associations ont aussi bénéficié de subventions financières. Il en est de même pour la coupe de handball, celles de basket-ball et de judo. Nous comptons, cette année, prendre en charge le tournoi international de handball qui se déroule à Ouacif. C’est vous dire que des dizaines de milliers de jeunes sont pris en charge par notre assemblée. Cela sans parler du volet social où l’APW fait de son mieux pour aider les personnes en situation d’handicap. Rien que cette année, nous avons distribué un matériel orthopédique pour une enveloppe financière de 9 millions de dinars.

Et pour conclure ?…

D’abord, nous vous remercions de nous avoir donné l’occasion de nous adresser à vos lecteurs. En second lieu, nous sommes toujours à l’écoute de nos concitoyens et les portes de notre assemblée resteront toujours ouvertes. Ensemble pour le développement de notre wilaya.

Entretien réalisé par Hocine Taib

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