Assurer la réussite… à tout prix

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Rien n’arrête, semble-t-il, l’activité des écoles parallèles, en dépit des fortes sommes d’argent qu’elles exigent des parents d’élèves. Tant à Alger qu’à Boumerdès, Tizi-Ouzou et d’autres grandes villes du pays, les cours de soutien scolaire, dispensés généralement dans des garages ou des locaux exigus, ont déjà commencé. «Les concernés se hâtent à en profiter contrairement aux années précédentes où ils s’inscrivaient deux mois après la rentrée scolaire dans leurs propres établissements», constatera, avec une grande satisfaction, la gérante d’un organisme privé de soutien scolaire au centre-ville de l’ex-Rocher Noir. Elle ajoute que les parents ayant fait le bilan sur la scolarité de leurs enfants durant les vacances d’été l’ont encouragé à dispenser ses cours payants. Les candidats au bac, toutes filières confondues, sont de plus en plus nombreux à croire dur comme fer que cet enseignement de soutien est leur planche de salut. Il est toujours utile de se poser la question pourquoi ils dépensent de grosses sommes d’argent, alors qu’ils reçoivent des cours gratuits au lycée selon un programme pédagogique officiel. Certains se contenteront de répondre que, «l’ambiance dans la classe de soutien y est plus détendue, donc plus propice pour poser les questions utiles». D’autres diront que, «l’enseignant gagnant le plus d’argent se donnerait à fond. Pour la réussite de nos enfants, nous accepterons la privation de l’achat des fruits». Sur ce point, une mère ayant deux jumelles en terminale dans un lycée du chef-lieu de la wilaya de Boumerdés tiendra à préciser que: «Nous ne jetons pas notre argent par la fenêtre, puisque nous choisissons l’organisme privé réputé pour son taux de réussite et qui font une stricte sélection des enseignants». Il y a ceux qui évoquent une concurrence entre ces établissements de soutien. Ce qui suscite forcément l’émergence de professeurs compétents. A Boumerdès, on donne souvent l’exemple d’un professeur de physique qui dispense quotidiennement ses cours pour une dizaine de groupes d’élèves de terminale, dans son local du quartier. Comme beaucoup d’autres enseignants, il pratique cette activité de façon frauduleuse. Ses élèves ne sont guère assurés, et lui ne paye pas d’impôt. «La réalité est que les gérants des écoles parallèles recrutent le plus souvent des enseignants sans expérience, moyennant un salaire dérisoire», feront remarquer de nombreux enseignants d’écoles publiques. Ils estiment que la vraie base scolaire ne peut être assurée que par un enseignant titularisé ou supervisé par un inspecteur de l’enseignement général. Un inspecteur de philosophie dans la circonscription de Tizi-Ouzou rappelle que, «les nouveautés introduites en matière de pédagogie ne sont transmises, de toute évidence, qu’aux établissements publics, alors que dans de nombreuses écoles parallèles, la plupart des enseignants vacataires ignorent l’approche par compétence exigée dans le cadre de la réforme actuelle de l’enseignement». Le même inspecteur constate, que les élèves se font inscrire d’une manière excessive, dans plusieurs matières et que ce n’est plus une demande d’un soutien scolaire, mais cela devient une illusion que ses cours payant les feront réussir sans doute.

Salim Haddou

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