«On est très en retard en gaz et fibre optique»

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A travers cet entretien, le maire d’Iboudrarène, M. Lekhel Abdeslam, fait son bilan à la tête de la municipalité dont il préside les destinées depuis deux mandats successifs. Il pointe sans le dire ouvertement du doigt l’administration régionale qui ne suivrait pas d’un oeil vigilant les projets structurants alloués à la commune.

La Dépêche de Kabylie : Par quoi voudriez-vous commencer cet entretien ?

Lekhel Abdeslam : Notre commune a une histoire riche et a enfanté de grandes personnalités qui ont activement participé à l’histoire glorieuse de notre pays. Nous sommes fiers d’avoir les Amara Rachid, Amirouche Aït Hamouda, Amar Ould-Hamouda, M’barek Ait Menguellet, Mustapha Bacha, Djaffar Ouahioune, Chabane Ouahioune, Lounis Aït Menguellet, Mohya, Amar Ezzahi, Amar Sghir, tous issus de la commune des Ath Budrar. C’est grâce à leurs sacrifices que nous pouvons profiter pleinement du présent.

Vous en êtes à votre 2ème mandat. Des différences par rapport au 1er ?

Non, pas spécialement. C’est plus une continuité. Notre engagement demeure toujours le même. Mon devoir est de ne pas céder à je ne sais quelle pression, mais de régler les préoccupations de nos citoyens et à plein temps. Chaque jour, dès cinq heures du matin, je procède personnellement à l’ouverture des vannes du château d’eau de Bouadnane (répartiteur principal de cinq villages), pour qu’il y ait une distribution équitable de l’eau potable dans toute la commune.

Parlez-nous des projets réalisés et ceux encore en chantier…

Tout programme communal de développement est élaboré en concertation avec les comités des villages, selon leurs besoins et dans différents secteur, afin d’améliorer le cadre de vie de tous les citoyens.Pour l’amélioration de l’alimentation en eau potable, nombreuses opérations ont été réalisées, notamment la construction d’un réservoir de 300m3 (implanté à Aït Ali Ouharzoune) pour les villages Tassaft et Aït Eurbah. Après tous les problèmes rencontrés, et grâce à la persévérance et à l’accompagnement des citoyens de la commune dans les différentes étapes, notamment la demande d’inscription du projet, le choix du terrain a été fait en 2013, même si son lancement en 2015 a nécessité beaucoup de patience pour convaincre les citoyens du village de lever toutes les oppositions. Aujourd’hui, les travaux sont achevés grâce au dévouement de toute l’équipe de l’APC Iboudrarène et à l’aide du subdivisionnaire des ressources en eaux de Beni Yenni qui n’a pas lésiné sur ses efforts pour le bien-être des citoyens des villages Tassaft et Aït Eurbah en particulier et de la commune en général. Par ailleurs, toutes les réparations et réfections du réseau sont régulièrement prises en charge par l’APC, toujours en collaboration avec le subdivisionnaire des ressources en eaux de Beni Yenni, ceci malgré nos maigres moyens. Nous nous faisons un devoir de veiller à l’entretien des sources qui alimentent notre commune, à la réparation des conduites principales de distribution et même des branchements individuels. Nous veillons également à la réalisation et à la réfection de tout le réseau AEP à travers tous les villages de la commune, en accompagnant toutes les extensions d’habitations, avec l’aménagement des nouvelles pistes, car beaucoup de nos concitoyens ont bénéficié de l’aide de l’Etat à l’habitat rural. Et ceci est un très bon indice du développement de la commune.

Et dans le domaine des travaux publics…

La commune continue à déployer beaucoup d’efforts pour la concrétisation d’importants projets : L’aménagement et revêtements des routes et ruelles, ces dernières en pavés, à travers toute la commune, le confortement du réseau routier par des murs de soutènement, le revêtement des axes principaux en béton bitumeux…

La commune a longtemps souffert des coupures d’électricité. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La commune d’Iboudraren souffrait en effet de plusieurs problèmes concernant le réseau d’électricité. Et pour mettre un terme au mécontentement, légitime, de nos concitoyens, nous avons procédé au renforcement de la distribution de l’électricité à partir de la commune de Yattafène vers Iboudrarène via Darna. Et depuis le 9 septembre 2015, notre localité est alimentée à partir d’Ouacif et de Yattafène.

Et pour la jeunesse, où en sont le sport et la culture ?

Notre commune souffre malheureusement d’un manque flagrant en infrastructures sportives et culturelles. Cela dit, 6 villages sur 9 ont bénéficié chacun d’un foyer de jeunes. Pour les trois autres, nous manquons malheureusement d’assiettes de terrain. Une bibliothèque communale a été réalisée au chef-lieu ainsi qu’une salle de sport au village de Tala N’Tazert, sans oublier les stades combinés en matico pour les villages Bouadnane et Darna sur le budget communal. A titre d’information, tous ces projets ont été réalisés sur le budget communal ou dans le cadre des PCD, proposés et gérés conjointement par l’APC et les comités des villages.

Et quels sont les projets actuellement en chantier ?

Plusieurs projets sont en ce moment en voie de réalisation : des aménagements, des revêtements, le confortement des routes par des murs de soutènement, des captages de sources, réalisation et extension des réseaux AEP et assainissement, éclairage public… Il y a aussi en cours la réalisation d’un nouveau château d’eau d’une contenance de 200M3 pour le village Ighil Bouamas et la réalisation d’un stade combiné en matico pour le village Tala N’Tazert.

Tous ces projets souffrent-ils de retards ?

Malheureusement oui. Et ces retards sont énormes pour certains projets. Notre commune continue à être à la traîne en matière de lancement ou de relance d’opérations, pourtant nécessaires et urgentes. Si l’on prend l’exemple de la fibre optique, la commune ne dispose ni de moyens humains ni matériels, pour la prise en charge de ce projet sectoriel. Lors d’une entrevue avec l’ex-wali, une fiche technique nous avait été demandée, laquelle a été élaborée et transmise à la wilaya dans les meilleurs délais, mais sans aucune suite. Pour la distribution du gaz, des canalisations ont été réalisées à travers les villages, mais nous enregistrons un retard dans la finalisation du projet gaz de ville, pour des raisons que nous ignorons. Pour le marché de proximité de Tassaft, le problème est plus complexe. La procédure a été faite et le projet confié. Malheureusement, il se trouve que le terrain appartient à la défense nationale et la brigade de gendarmerie de Tassaft a fait une opposition. L’ex-wali avait été informé de ce problème. La polyclinique d’Iboudrarène, sise à Aït Ali Ouharzoune, a été réceptionnée par le secteur sanitaire, mais elle souffre de plusieurs manques, notamment en mobilier et en appareillage électrique. Elle fonctionne avec un personnel très réduit, se résumant à un médecin généraliste, un chirurgien-dentiste et deux infirmiers. La polyclinique dépend administrativement de l’EPSP de Ouacifs.

Qu’en est-il du stade de Tassaft Ouguemoune ?

Il y a lieu de préciser que ce stade n’est pas dans la nomenclature des projets de l’APC. Il n’a jamais fait l’objet d’une proposition par l’APC et aucun choix de terrain n’a été fait par nous. Et la question qui se pose est la suivante : comment les travaux ont-ils été lancés ? Ce projet est pour nous des plus obscures. Sa gestion est d’une anarchie totale. Mais les citoyens du village Tassaft doivent savoir que nous ne sommes responsables ni de près ni de loin de cette situation. Je profiterai également de cette occasion pour parler de deux segments très importants. D’abord, l’aide de l’Etat à l’habitat rural. Notre commune est en avance dans la consommation des quotas qui avoisine les 75%. Et malheureusement cela fait plus de deux 2 ans que ce segment est bloqué. Dernièrement, notre commune a bénéficié de 10 décisions, alors que 110 demandes attendent depuis plus de deux ans. Comment des localités rurales reçoivent 10 décisions, alors que d’autres plus proches des villes reçoivent un quota dix fois plus important ?

Le mot de la fin ?

D’abord, je tiens à remercier vivement et rendre un hommage vibrant aux employés de l’APC d’Iboudrarène qui nous ont accompagnés dans notre mission et pour le magnifique travail qu’ils font au service des citoyens de notre commune. Ma reconnaissance va également à tous nos concitoyens pour leur compréhension et leur confiance. Gloire à nos martyrs et vive l’Algérie.

Entretien réalisé par Mhanna Boudinar

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