«Le manque d’eau pénalise le centre depuis sa création»

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Smaïl Meziani, directeur général du centre national de sports et loisirs de Tikjda (CNSLT), revient dans cet entretien sur les principaux changements et objectifs tracés par le conseil d’administration du complexe. Des changements qui rentrent dans le cadre des nouvelles orientations économiques du gouvernement, portant sur la relance du secteur touristique.

La Dépêche de Kabylie : Le CNSLT a connu d’importants changements, portant essentiellement sur ses capacités d’accueil et son mode de gestion, depuis son transfert du département du Tourisme vers celui de la Jeunesse et des sports. Quelle est la situation actuelle du complexe ?

Smail Meziani : Effectivement, le CNSLT relève du ministère de la Jeunesse et des sports depuis 2009, administrativement il relève de la commune d’El-Esnam, à l’est de la wilaya de Bouira. Le complexe a été créé en 1993 et ne disposait que d’une seule unité d’hébergement. Ce n’est que vers 2009 qu’il a connu le transfert de l’ensemble des unités hôtelières abandonnées à Tikjda, y compris les remontées mécaniques. Actuellement, le centre fonctionne avec une capacité d’hébergement de 420 lits. L’année prochaine, cette capacité sera de 800 lits avec la réception de la quatrième unité d’hébergement actuellement en cours de réalisation. Donc en gros, le centre disposera de trois unités principales, les hôtels de Tikjda, du Djurdjura et la troisième unité, ainsi que deux unités secondaires, l’auberge de jeunes et le chalet du KEF. Avant son rattachement au MJS, l’hôtel présentait des conceptions destinées au tourisme de masse, mais avec sa nouvelle conception, le complexe a progressivement changé de vocation. Désormais, l’ensemble des blocs est transformé en blocs d’accueil de haut standing, avec notamment des chambres single et doubles, plusieurs restaurants et cafétérias ainsi que d’autres équipements. Selon les normes hôtelières, le complexe dispose de quatre étoiles. Nous employons actuellement plus de 150 personnes, entre cadres, personnel qualifié en hôtellerie et ouvriers polyvalents, dont plus de 70 % sont issus de la wilaya de Bouira. Avec la multiplication de nos capacités d’accueil ainsi que la concrétisation de nos programmes d’investissements, nous prévoyons davantage de postes d’emploi pour les jeunes de la région, d’une manière directe ou indirecte. Notre approche s’inscrit également dans le cadre de la protection de l’environnement, avec notamment des projets et des études portant sur la limitation de l’accès des véhicules vers le parc national du Djurdjura. Nous avons également d’autres projets complémentaires au niveau du site, à l’image de la réalisation d’un stade d’application et de football au niveau du Chalet du KEF. Le choix de l’assiette a été fait et le projet devra être lancé incessamment. Nous avons également un projet en cours de réalisation d’un centre médico-sportif, il sera opérationnel dès l’année prochaine. C’est un module réalisé par la DJS de Bouira au profit du CNSLT. Ce futur centre sera ouvert au grand public et disposera de plusieurs services médicaux et sportifs, ainsi que d’une salle spécialisé pour d’autres disciplines, comme le judo et le karaté.

Quelles sont les différentes activités que le CNSLT propose ?

Nos activités sont diverses, à l’image de notre mission qui englobe les activités touristiques et sportives. Parmi ces activités, je citerai les randonnées pédestres ou en VTT, le ski, l’escalade, le parapente, les animations culturelles et artistiques, les expositions, les concours, ainsi que les campagnes de sensibilisation pour la protection de l’environnement. Notre objectif et d’offrir un maximum d’animation culturelle, touristique et sportive à nos clients. Nous avons également une exposition permanente à l’intérieur de l’hôtel, afin de faire connaitre à nos visiteurs, les différents produits artisanaux locaux. Actuellement, nous étudions la possibilité d’inclure les randonnées à cheval et d’ouvrir de nouvelles pistes de randonnées, et toute proposition sera la bienvenue.

Vous êtes peut-être confrontés à d’éventuels soucis pour la concrétisation des projets arrêtés ?

Une grande difficulté n’a toujours pas été solutionnée, depuis la création du CNSLT. Il s’agit du problème de l’alimentation en eau potable. Vous savez, pour faire fonctionner un centre d’une capacité de 800 lits, nous avons besoin d’une moyenne de 400 m3 par jour. Les deux forages dont nous disposons ont presque tari. Nous pourrions récupérer un ancien forage, sis au niveau du village abandonné près de l’hôtel, mais notre proposition s’est heurtée au refus des autorités. Nous sommes toujours confrontés à ce manque d’eau, chose qui nous pénalise et altère l’attractivité du site, particulièrement en saison estivale. Le manque d’infrastructures sportives pose aussi problème et freine notre vocation d’origine. Il est vrai que le centre reçoit actuellement des sportifs et des fédérations, mais le nombre et les disciplines restent dérisoires, comparativement à nos objectifs. Nous ciblons d’autres disciplines, comme le football, le basket, la natation et le handball, mais malheureusement l’absence d’infrastructures d’accompagnement des stages réduit nos possibilités d’accueil. Par exemple, au mois d’août dernier, le centre a reçu pendant 11 jours l’équipe nationale olympique de football. Ils étaient obligés de faire la navette quotidiennement vers l’OPOW de Bouira pour s’y entraîner. Donc, le problème de terrain se pose toujours. La réalisation de terrains d’application et de salles de sport reste l’une de nos priorités. Malheureusement, le manque d’assiettes de terrain nous pénalise, car nous n’avons pas de problèmes pour le financement de ces projets, puisque nous pouvons prendre en charge complètement avec le recours à des crédits bancaires.

Combien de fédérations sportives et de clubs ont déjà effectué un stage au CNSLT ?

Depuis notre restructuration en 2009, nous avons reçu pas moins de 60 fédérations et clubs professionnels, ainsi que plus de 100 athlètes de différentes disciplines. Nous avons déjà reçu des athlètes étrangers : russes, français, allemands, égyptiens et saoudiens. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, nous recevons plus de sportifs et de touristes durant la saison estivale que durant la saison hivernale. Et bien sûr, le chiffre d’affaires est plus important durant l’été. Mais comme je vous l’ai dit, l’absence d’infrastructures adéquates freine nos objectifs. D’ailleurs, beaucoup d’équipes annulent leurs séjours, à cause de cette contrainte.

Beaucoup de nouvelles infrastructures ont été réalisées depuis 2009, mais l’on a constaté que les remontées mécaniques sont toujours inopérantes…

L’opération de réhabilitation des remontées mécaniques est une opération centralisée au niveau du MJS. Depuis le transfert de l’infrastructure du ministère du Tourisme, nous avons engagés plusieurs expertises, avec notamment des études entamées par des experts algériens et français qui ont conclu que 80 % de cette infrastructure est récupérable. Notre étude a été focalisée sur la piste de ski de Tigounatin, dans l’objectif de développer la pratique du ski à Tikjda. La deuxième priorité est de relier la piste du chalet du KEF. L’entreprise chargée de l’étude sera chargée à la réalisation. Les services du MJS nous ont demandé de revoir à la baisse le coût de réalisation, donc nous allons relancer une nouvelle étude dans l’objectif de réduire le coût du projet. Nous avons aussi à l’étude la réalisation d’autres lignes de téléférique pour relier Tikjda à la commune de Haizer et au village Crête Rouge, et même vers le versant nord du Djurdjura. Des projets qui se concrétiseront, peut-être, dans un futur proche avec notamment le développement de nos ressources financières.

Le CNSLT s’apprête à lancer la saison hivernale, qu’avez-vous prévu de nouveau pour cette année ?

Effectivement, la saison hivernale sera lancée ces jours-ci. Le lancement officiel se fera au plus tard au début du mois de décembre prochain, avec notamment l’arrivée des premières neiges. C’est devenu une tradition pour nous, car la saison hivernale nous permet de faire fonctionner nos services et l’hôtel à plein régime. Et c’est en prévision de cette haute saison que nous avons engagé des opérations de réhabilitation et de réaménagement pour les infrastructures existantes. C’est ainsi que nos capacités de restauration sont passées de 70 à 300 plats couverts. Nous avons aussi arrêté un nouveau plan d’animations culturelles et sportives, pour mieux accueillir nos clients cette année. En plus d’un programme destiné exclusivement aux enfants avec notamment diverses animations. Cette année, l’ouverture de la saison hivernale sera symbolisée avec l’allumage de la cheminée principale.

Peut-être aussi un plan pour la protection de l’environnement direct de Tikjda ?

Pour le CNSLT, la protection de l’environnement est une priorité. Nos activités et projets sont orientés pour la mise en place d’un tourisme écologique, afin de faire profiter nos clients de la beauté des paysages et de préserver ceux-ci en même temps. Chaque année, nous faisons de notre mieux pour réduire les nuisances à l’environnement. Nous veillons également à la valorisation de ce patrimoine naturel, à travers notamment des opérations permanentes de sensibilisation et des actions de volontariat pour le nettoyage et la plantation d’arbres. Des équipes professionnelles se sont même engagées avec nous lors de divers opérations de ce genre, comme ça a été le cas l’été dernier, avec l’ASO-Chlef, dont les joueurs et le staff technique ont planté plus de 40 plants d’arbres. Nous avons aussi un projet, très important, qui sera incessamment lancé avec l’accord de l’APC d’El-Esnam, qui consiste en la réalisation d’un centre pour le traitement des eaux usées. Nous étudions aussi, la mise en place d’un système d’énergie solaire pour l’alimentation de nos structures en énergie électrique.

Un dernier mot pour conclure ?

Je profite de cette occasion pour lancer un appel à tous les citoyens de la wilaya de Bouira, pour veiller et participer à la promotion de la destination ‘’Tikjda’’ et à la protection de son patrimoine naturel. Je tiens aussi à rappeler que notre premier objectif est la création d’emplois et de richesses au profit des citoyens de notre wilaya. Le secteur du tourisme peut contribuer à la relance de l’économie locale et nationale.

Oussama Khitouche

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