Benflis ne tranche pas clairement

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Ali Benflis, secrétaire général de Talaie El -Horyat était, avant-hier, en meeting à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Devant une assistance, dans sa majorité venue d’autres wilayas, notamment d’Alger, Blida, Boumerdès et même de Béjaïa, l’ex-premier ministre, jouant sur la fibre sentimentale, s’est plus perdu en «gratitude et reconnaissance», envers les figures de la région que de développer son projet politique, en chargeant en continue les tenants du pouvoir lorsqu’il fallait parler de cela. Dans cet ordre d’idée, il s’est enlisé jusqu’à réserver un bon chapitre de son discours à l’accueil «sans violence ni insultes» qui lui a été réservé en Kabylie. Ce qui n’a pas manqué de provoquer cette réplique spontanée et à voix basse, de ce vieil homme assis dans les premières rangées, qui lui rétorquera : «c’est parce qu’on est bien éduqués monsieu». C’est dire qu’à ce moment-là on était vraiment loin de l’objet de la rencontre qui était censée porter sur «les défis que doit relever l’Algérie, les ambitions légitimes que peut nourrir l’Algérie et les nouvelles perspectives que peuvent s’ouvrir à l’Algérie». Porté par ses accompagnateurs du jour, Benflis a surtout cherché à travers son discours à se démarquer politiquement du système qu’il a incarné pendant des années. A Tizi-Ouzou, il n’a pas manqué de rendre de vibrants hommages aux héros de la révolution de la région, en première ligne Ait Ahmed, mais aussi à l’inévitable Matoub Lounes. Dans un autre registre, le SG de Talaie El-Horiat a fait une lecture noire de la situation économique, sociale et politique du pays. Pour Ali Benflis, cette situation n’est «ni accidentelle ni fortuite». Selon lui, «elle est le produit d’un système archaïque dépassé par les événements». Enfin, en évoquant les échéances électorales, Ali Benflis a reconnu le droit de toutes les forces politiques en Algérie à participer à ce rendez-vous : que ce soit du côté de l’opposition ou du côté du pouvoir, mais sans en dire plus sur les prétentions de sa formation. Il laissera planer un doute qui ressemble plus à un désintéressement total des élections, lui qui soutient que «le régime politique en place tiendra les élections qu’il veut. Mais au lendemain de ces élections qu’y aura-t-il de bien nouveau et qu’y aura-t-il de bien profitable pour le pays ? La désaffection de nos concitoyennes à l’égard de la politique n’en sera que plus grande».

Kamela Haddoum

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