Le réveillon prolongé, en attendant Yennayer

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L’appel anonyme diffusé sur les réseaux sociaux n’a pas eu l’effet escompté auprès de la population de la wilaya de Tizi-Ouzou qui l’a totalement ignoré.

La ville donne même l’air d’une cité qui n’a pas fini de fêter le réveillon. Dans l’allégresse, la bonne ambiance. La fête est comme prolongée en attendant Yennayer ! La quasi-totalité des magasins sont restés ouverts, hier et avant-hier. Comme d’habitude ! Les institutions ont également travaillé, le plus normalement du monde.

Sur la placette du musée, au centre-ville, c’est un vrai salon du réveillon qui continue de faire le bonheur des enfants et de leurs parents. Sur place, les bambins peuvent se permettre des tours sur un poney, en voitures électriques, un souvenir avec le Père Noël, Mickey, ou tout simplement une barbe à papa… Le décor est agréable.

Il y a des couleurs, de la joie, des sourires, des rires… Non seulement les citoyens n’ont pas répondu favorablement à cet «appel inconnu», mais ils le condamnent de la manière la plus ferme en se posant des questions par rapport aux tenants et aboutissants de cette démarche. «Tizi-Ouzou a appris de ses expériences. On en a marre de cette violence et de ces embrasements qui ne riment qu’avec des dérives», s’exclamera ce jeune serveur d’une cafétéria du centre-ville de Tizi-Ouzou, où les citoyens vaguaient en toute tranquillité sur les artères de la ville des genêts, en familles, en profitant des vacances de leurs progénitures en ces premiers jours du nouvel an.

Un temps clément aidant, la majorité des jeunes, en majorité des filles, trouvent en ces journées ensoleillées, une aubaine pour faire leur shoping dans les boutiques ouvertes à cet effet, au grand bonheur des propriétaires qui ont l’air satisfait d’avoir fait le bon choix en boycottant complètement le mot d’ordre de la grève générale. «Même si le pouvoir d’achat est de plus en plus en chute libre et que les ménages peinent à subvenir à leurs besoins, je ne suis pas du tout partisan de ces violences et du saccage de nos institutions.

Il y a une manière pacifique et civilisée de réclamer ses droits. Je citerai, comme exemple, la marche et la grève des commerçants le 13 décembre dernier, qui se sont déroulées dans le calme et la sérénité et qui ont abouti, pour rappel, à la satisfaction de toutes nos doléances, à savoir le départ du directeur du commerce et des prix et celui de la CASNOS. Nous avons eu gain de cause quant à nos cotisations dans cette Caisse. Nos expériences nous ont appris que la violence n’engendre que la violence.

Et le pouvoir maîtrise bien cette dernière», argumentera ce commerçant de vêtements. De son côté, l’université Mouloud Mammeri bouillonnait de monde, comme si l’appel anonyme à la grève générale diffusé sur les réseaux sociaux n’était qu’un simple poisson d’avril, en janvier. Même si les discussions portaient sur cet appel, force est de constater que la majorité des étudiants que nous avons approchés n’y adhèrent pas. «Je m’interroge vraiment sur l’objectif de cet appel anonyme. A quoi sert d’appeler les gens à une grève générale s’il n’y a pas d’interlocuteurs avec lesquels le pouvoir pourrait engager des discussions. Cette manière irresponsable d’agir est une invitation à une démarche suicidaire. Les Kabyles ne sont pas prêts à mourir, mais ils sont là pour vivre. Nous sommes contre toute forme de violence et d’embrasement. L’université a de tout temps été à l’avant-garde des luttes, mais, cette fois-ci, il y a anguille sous roche. Cet appel ne m’inspire pas confiance, même si son prétexte, la loi de finance, pouvait constituer un argument légitime et valable. Nous sommes très inquiets de ce qui se passe à Béjaïa», nous confiera ce jeune étudiant du DCLA. La condamnation est presque unanime sur les réseaux sociaux.

Cet internaute averti (A.N) écrit sur son mûr : «J’entends des gens dire qu’ils ne savent pas pourquoi ils sont en grève et/ou qu’ils ignorent qui a appelé à la grève qui est en train de dégénérer dans certains endroits de Kabylie. C’est dire la vitesse à laquelle évolue la société ! Nous allons sans doute voir émerger des barbes dans ces troubles pour récupérer cette «révolte» dont ils sont, au moins en partie, à l’origine. Les islamistes sont très forts dans la récupération des mécontentements populaires».

Hocine Moula

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