La violence dans notre société est-elle normale ?

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S. Ait Hamouda

Dans un monde ouvert à toutes les violences, à tous les excès, le terreau pour faire fructifier la violence est omniprésente. La violence règne partout, notamment, chez les jeunes, à l’école, au lycée et même à l’université. Ceci est un phénomène engendré par la brutalité ambiante. Allez où vous voulez, vous la rencontrez, dans les stades, dans les établissements scolaires et même quelquefois dans les mosquées. La violence est la mère des violences. Elle génère les pires offenses et pousse dans le cas de figure à des comportements regrettables. Lorsque des étudiants s’en prennent à leurs enseignants, des jeunes à des étudiantes et étudiants, la spirale s’en va crescendo et qui va l’arrêter ? Ce ne sont pas les colloques, les débats, les séminaires sur le sujet qui vont l’éradiquer, mais une sérieuse étude, qui la prendrait à bras le corps, sur les causes de ce phénomène. Au demeurant, il semble qu’il n’y a pas de solution radicale à l’agressivité à fleur de poings qui semble accaparer notre société, irrémédiablement. Qu’ils se lamentent, qu’ils crient leur détresse, qu’ils se plaignent ou qu’ils hurlent au secours, les agressés ne trouvent nulle part de sauveur. Aujourd’hui, les frontières entre l’intolérable et le tolérable semblent se chevaucher au point de se confondre. C’est que les repères traditionnels, fondés sur le respect de soi et d’autrui, sur la pudeur, la honte et la peur d’enfreindre les règles morales et éthiques dominantes, au risque d’être sanctionné par la société, s’effilochent au profit d’une transgression qui se veut être à la fois «défensive» et «libératrice» de soi contre toute sorte d’autorité perçue comme injuste ou oppressive. L’idée sous-jacente de «l’honneur», bien spécifique, qui nourrit l’imaginaire algérien, tant individuel que collectif, rime bien avec la notion de «virilité» qui en est la forme dérivée, l’expression achevée et synonyme du «courage», du défi, de l’affrontement et de la prise du risque…; l’extériorisation de l’agressivité et le passage à l’acte qui se produisent sur toute l’étendue de la société algérienne depuis de longues années ne sont point étrangers à ces traits de comportements culturels. Ces comportements, naguère étrangers à notre société, sont aujourd’hui une conduite normale, socio-culturellement acceptés et humainement tolérés parce qu’ils ont été adoptés par les uns et les autres. L’agressivité dans les campus, qu’elle soit le fait d’étudiants envers leurs professeurs ou leurs camarades, extra-campus contre les étudiantes et les étudiants et même à l’endroit du collectif pédagogique, ne peut se régler par les rencontres dites scientifiques, car ce serait un cautère sur jambes de bois.

S. A. H.

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