«Le champ pétrolier d'Oued Guetrine en expansion»

Partager

Le directeur de l’énergie de la wilaya de Bouira, M. Guemini Lazhar, dresse dans cet entretien un point de situation sur les réalisations effectuées en matière de raccordement au gaz et à l’électricité à travers la wilaya. Il faut dire que selon les chiffres émanant de cette direction, le programme quinquennal 2010-2014 est presque entièrement réalisé. Le directeur affirme, par ailleurs, que le champ pétrolier d'Oued Guetrine, dans la commune de Dirah, est en pleine expansion.

La Dépêche de Kabylie : La wilaya de Bouira est décrite comme leader en matière de développement dans les programmes de gaz naturel et d’électricité. Qu’en est-il réellement ?

Guemini Lazhar : C’est exact ! Dans le programme quinquennal 2010-2014 de développement, nous avons le gaz naturel et l’électricité qui connaissent une avancée estimable. Concernant le gaz naturel, l’État a consenti des efforts colossaux et nous enregistrons actuellement un taux de réalisation de 75% avec à peu près 110 000 foyers raccordés pour un réseau qui dépasse les 3.500 kilomètres. Nous avons 11 daïras alimentées et 39 communes qui sont raccordées et dont la mise en service a été faite. Pour l’électricité, nous connaissons une régression par rapport aux années précédentes en matière de taux, cela s’explique par l’effort de l’État en matière de réalisation de l’habitat rural et le raccordement en électricité n’a pas pu suivre. Ce n’est pas l’État qui n’a pas donné de programme mais nous avons des contraintes énormes pour le raccordement des foyers et nous rencontrons beaucoup de problèmes liés aux oppositions et autres problèmes techniques et notamment des facteurs inhérents au désintéressement des entreprises car il s’agit de la réalisation de petits centres. Nous sommes actuellement à un taux de 96% pour l’électricité. Ce taux est calculé selon le nombre de foyers existants. Donc, lorsque l’effort est concentré dans le cadre de l’habitat rural, il y aura toujours un nombre important de foyers en zone éparse qui ne pourront pas être raccordés systématiquement à l’électricité.

Vous évoquez des contraintes alors que le wali de Bouira préconise, depuis son installation, des solutions à l’amiable ou à défaut le recours à la force publique pour les lever. Le suivi n’est-il pas assuré concernant ces instructions ?

Pour l’électricité, nous avons plus de 300 centres qui sont concernés par le raccordement et au niveau de ces centres nous avons plusieurs foyers. C’est très difficile de régler les oppositions. Si une personne s’oppose pour la réalisation d’un support électrique, c’est tout le projet qui est à l’arrêt. En suivant ce raisonnement, il nous faut pour chaque poteau des réquisitions, nous optons toujours en premier lieu pour le règlement à l’amiable avec le concours des chefs de daïras et des maires des municipalités concernées ainsi que l’intervention des sages des villages. Le recours à la force publique est, hélas, inévitable parfois lorsque toutes les éventualités sont épuisées et qu’aucune solution n’a pu être trouvée à l’amiable. Il faut dire toutefois que les solutions à l’amiable sont longues et prennent du temps. Concertations et discussions sont autant d’étapes qui retardent le projet avec les répercussions que cela engendre. Pour réaliser un seul centre, il arrive qu’après avoir levé une contrainte pour un support, une autre opposition surgisse pour le support suivant. Ce qui fait que les procédures trainent en longueur. Toutefois, pour le gaz naturel, le problème ne se pose pas avec autant d’acuité, car la population attend d’être raccordée à cette énergie et elle adhère au projet. C’est une adhésion totale. Ce qui fait de Bouira une des premières wilayas à l’échelle nationale concernant le raccordement au gaz naturel, et là nous avons réussi le challenge d’alimenter les localités les plus reculées dans des zones montagneuses et dans des villages aux reliefs escarpés. Ce qui reflète les efforts de l’État pour concrétiser ces opérations.

Les 45 communes de la wilaya sont donc toutes raccordées au gaz naturel ?

Non, pas encore. Pour le programme quinquennal 2010-2014 toujours concernant le gaz naturel, nous avons 11 daïras concernées, 33 communes et 69 sites pour près de 24 000 foyers. Je dois évoquer également les consistances avec 116 kilomètres de réseau transport (canalisations et postes de détente). Pour la partie réseau de distribution, canalisations moyennes et basses pressions, nous avons 1.595 kilomètres, sur la totalité du réseau transport et distribution qui s’élève à 1.711 kilomètres. L’enveloppe allouée pour ce programme est de 7.130 millions de dinars. Pour la situation actuelle des travaux, nous sommes parvenus à réaliser, pour la partie transport, 95 kilomètres, soit 82% et pour le réseau de distribution 1.373 kilomètres ont été réalisés ce qui équivaut à un taux de 86%. Ce sont ainsi pas moins de 19.500 foyers raccordés, soit 81% sur les 24 000 foyers prévus dans le programme quinquennal 2010-2014. Pour les mises en service, ce ne sont pas toutes les consistances réalisées qui sont mises en service. Je m’explique, nous pouvons réaliser des consistances, et il suffit que le poste de détente ne soit pas réalisé et c’est toute la DP qui n’est pas mise en service. Officiellement, la mise en service est de 820 kilomètres pour 11.382 foyers. Pour l’année 2016, nous avons réalisé 390 kilomètres et avons raccordé 5.623 foyers. Pour 2017, nous avons réalisé 144 kilomètres et avons raccordé et mis en service 2.314 foyers, cela juste pour le premier trimestre de l’année en cours. Pour les projets en cours, nous avons 775 kilomètres pour 12.600 foyers mais sur ces chiffres, il ne reste que 222 kilomètres à réaliser sur les 1.595 kilomètres et 4.000 foyers à raccorder sur les 24.000 initialement prévus et le programme sera achevé avec un taux de raccordement avoisinant les 90%.

Quel sort pour les communes non encore raccordées ?

Il reste six communes et une daïra à raccorder au gaz naturel et les travaux sont en cours. Je vous parle des communes qui ont été touchées de plein fouet par la décennie noire et dont les populations ont souffert, car situées dans des zones rurales au relief escarpé et accidenté et qui connaissent un froid rigoureux, notamment en hiver. Je fais allusion à Guerrouma, Zbarbar, Maâlla, Boukram, El Mokrani et Souk El Khmis qui est le chef-lieu de daïra. Nous escomptons mettre en service le gaz dans les localités de Guerrouma, Maâlla, Boukram et Souk El Khmis avant la fin de l’année. Pour El Mokrani, nous avons un problème avec l’entreprise pakistanaise qui enregistre un retard important dans la réalisation des travaux pour la DP de Souk El Khmis et El Mokrani.

Le programme de développement de l’électricité est-il achevé ?

Pour l’électricité, la situation actuelle du programme quinquennal à travers la wilaya est plutôt rassurante. Bouira dispose de 7 000 kilomètres de réseau MT-BT (Moyenne tension et basse tension), ceci pour l’exploitation pour laquelle il faut l’entretien, le suivi sur ce linéaire qui est assez important et nous avons plus de 150 000 abonnés domestiques. Nous avons la consistance de 561 kilomètres pour une enveloppe de 980 millions de dinars et pour raccorder à peu près 8 800 foyers. Nous avons réalisé jusque-là 234 kilomètres et procédé au raccordement de 3 300 foyers. Pour les mises en service, 170 kilomètres l’ont été ainsi que pour 2 680 foyers. Sur le plan rentabilité, c’est inférieur par rapport au gaz. Pour les projets en cours, nous avons 78 kilomètres pour raccorder 1.325 foyers, dont 62 kilomètres réalisés et 514 foyers raccordés.

Un mot sur le programme complémentaire ?

Pour le programme complémentaire du gaz et d’électricité, programme décidé par le Premier Ministre, M. Sellal lors de sa visite à Bouira, la wilaya a bénéficié d’une enveloppe de 114 milliards de centimes pour le gaz et 60 milliards de centimes pour l’électricité. Pour les deux programmes, les études ont été faites, établies et même les entreprises ont été désignées. Cependant le programme complémentaire est gelé jusqu’à nouvel ordre. Il s’agit là d’un problème que nous aimerions voir rapidement résolu et voir la crise que connait le pays en matière de restrictions s’estomper. La population attend beaucoup, notamment pour le gaz naturel avec les assurances du gouvernement pour être raccordée.

Bouira produit aussi du pétrole avec 165 barils par jour pour une valeur estimée à plus de 200 millions de DA. Peu de choses sont dites par les officiels sur ce créneau…

Le champ pétrolier d’Oued Guetrine, localité de la commune de Dirah, produit 5 m3/jour avec 15 puits productifs. Cela semble minime mais c’est toutefois important. Pour ce qui est de la prospection, Sonatrach a opéré plusieurs opérations d’exploration, pas uniquement au niveau d’Oued Guetrine mais dans toute la région qui s’étend jusqu’aux frontières avec Bordj Bou Arreridj, M’sila, Médéa et même Djelfa. Il y a les travaux géophysiques qui ont été opérés ainsi que les travaux de recherches sismiques. La dernière opération effectuée par Sonatrach concerne les travaux manométriques gravimétriques. Nous n’avons pas encore d’informations sur les résultats. Nous avons aussi réalisé deux forages d’exploration au niveau de Dirah, les résultats sont également au niveau de Sonatrach. Sonatrach dispose d’un patrimoine important à travers la wilaya, comme le gazoduc 42 pouces de Hassi R’mel – Cap Ginet qui traverse la wilaya sur un itinéraire de 75 kilomètres et qui alimente Bouira. Sa réhabilitation se fera sous peu car c’est un ancien gazoduc qui date des années 70, l’étude est faite et même les entreprises ont été désignées. Nous avons la station de pompage de brut dans la commune d’Ath Mansour et l’oléoduc qui provient de Hassi Messaoud – Alger qui passe par le territoire de Bouira sur un linéaire de 62 kilomètres.

Entretien réalisé par Hafidh Bessaoudi

Partager