Ces événements qui ont marqué Ramadhan 2017

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Le mois de Ramadhan 2017 s’achève et les citoyens de la wilaya de Bouira garderont cette année, contrairement aux années précédentes, un souvenir particulier de ce mois sacré pas vraiment comme les autres.

Et pour cause, beaucoup d’éléments et événements se sont invités cette année : certains heureux, d’autres malheureux, de quoi apporter un grand changement dans les habitudes des Bouiris et dans l’ambiance dans laquelle ils ont passé ce mois de jeûne. Baisse des prix des fruits et légumes, examens du BAC et du BEM, soirées artistiques et animations, pénurie d’eau potable dans certaines localités, crimes de Taghzout et Ridane, et bien d’autres éléments ont apporté ce changement et auront sans aucun doute, marqué les esprits des Bouiris.

Baisse inattendue de la mercuriale aux premiers jours

Pour l’entame du mois de Ramadhan 2017, les prix des fruits et légumes, au même titre que ceux des produits de première nécessité, n’ont pas connu d’augmentations significatives. En effet et contrairement aux précédents mois de Ramadhan, où les prix prenaient ‘‘systématiquement’’ leur envol, cette année à Bouira, les prix sont restés stables et certains ont même été revus à la baisse. À titre d’exemple, la carotte, la courgette et la laitue, qui étaient affichés la veille à 100 DA le kg, étaient cédées au premier jour du mois de Ramadhan à 40 ou 30 DA. Le poulet, qui caracolait à 300 DA était affiché à 250 DA. Les fruits de saison, comme la cerise, l’abricot et la pêche, ont également connu une baisse de leurs prix de près de la moitié. Des citoyens que nous avons approchés récemment, nous ont assuré que cette baisse des prix n’était pas du tout attendue : «Tous les produits sont disponibles, surtout ceux de large consommation, à l’image de la pomme de terre, la carotte et l’oignon, qui sont restés à des prix très accessibles. Personnellement, je ne m’attendais pas à cela, au contraire, je me suis préparé à serrer la ceinture, mais finalement ça s’est bien passé, maintenant je m’apprête à faire face aux dépenses de l’Aïd», témoigne Hamid, un jeune fonctionnaire que nous avons rencontré au marché du centre-ville. Notre interlocuteur ne manquera pas de souligner le manque de lait en sachet : «le lait en sachet était par contre introuvable», a-t-il ajouté. Le constat de la baisse des prix a été fait par le wali lui-même, M. Mouloud Chérifi, qui a effectué une visite inopinée au principal marché de fruits et légumes de la ville de Bouira, au second jour du Ramadhan. Le premier magistrat de la wilaya, qui était accompagné du directeur du commerce s’est montré d’ailleurs soulagé.

Examens du BAC et du BEM : les épreuves sans couacs

C’est en plein mois de Ramadhan que pas moins de 10 484 collégiens et 16 410 élèves de terminale ont planché sur leurs examens de BEM et de BAC dans la wilaya de Bouira. La nouveauté cette année reste l’application de mesures drastiques contre la triche. Des mesures accompagnées par un autre plan ‘‘spécial examens’’ mis en place par la Police de Bouira, afin de sécuriser les centres d’examens. Ainsi, les candidats de la wilaya, à l’instar de ceux d’autres wilayas du pays, ont eu à découvrir ces nouvelles mesures appliquées par la direction de l’éducation. À l’image de la perturbation d’internet et de la coupure des réseaux sociaux, de la fouille corporelle et du renforcement du nombre d’enseignants surveillants et observateurs. Certains candidats ont salué ces nouvelles mesures, d’autres par contre non. Pour ces derniers, ces mesures sont ‘‘exagérées’’ et n’ont fait que perturber le déroulement des examens et la psychologie des candidats : «Nous étions tous perturbés dans la salle, surtout au deuxième jour, où les centres n’ont ouvert leurs portes que vers 10h. Les responsables ont cru à une fuite des sujets sur internet, et ont demandé des sujets de rechange», nous dira une candidate au BAC de la commune d’Aghbalou. De son côté, le directeur de l’éducation de la wilaya, nous a assuré que les éditions du BEM et du BAC 2017 se sont déroulés sans grands incidents, affirmant que les nouvelles mesures ont apporté leurs fruits : «le scénario de l’année dernière ne s’est pas reproduit. Des tentatives de triche ont été signalées certes, mais pas au point de perturber le déroulement des examens. Le nombre de cas d’exclusions en raison de triche s’élève à 15 cas seulement, que nous avons enregistré au niveau des communes d’Aïn-Bessem, Bordj Okhriss et Kadiria», a-t-il affirmé.

Aït Menguellet, Yahiatène, Nadia Benyoucef, Asma… sont passés par là

Après plusieurs années d’hibernation, la maison de la culture Ali Zaâmoum de Bouira s’est illustrée cette année avec des animations et des soirées artistiques grandioses, qui ont drainé des milliers de citoyens venus y assister, comme ça a été le cas lors de la soirée du vendredi 9 juin, où la grande salle de la maison de la culture, d’une capacité de 1 000 places n’a pas suffi pour contenir l’immense foule venue assister au gala artistique du grand Lounis Aït Menguellet. Les Bouiris ont d’ailleurs fêté avec une grande joie les 50 ans de carrière du chanteur-compositeur d’expression kabyle, qui a gâté son public lors de cette soirée avec son riche répertoire, après plus de trois années d’absence sur la scène locale. D’autres figures de la chanson algérienne ont aussi marqué ce mois de Ramadhan par leurs présences à Bouira, à l’instar des illustres artistes tels Akli Yehyaten, Cheb Azzedine, Nadia Ben Youssef, Moh Dahek, Kamel Chenane et Rabah Asma. La présence de ces gros ‘‘calibres’’ de la chanson, n’a pas pénalisé les chanteurs et artistes amateurs locaux, puisque plusieurs d’entre-deux ont eu la chance de se produire sur la scène de la maison de la culture, à l’image de Djamel Amazigh, Mourad Louane, Aziz Mokhtari, Mohammed Ben Alia et Rabah Azizi, au même titre que plusieurs troupes théâtrales qui se sont produites tout au long de cette période. À noter aussi, que durant ce mois de Ramadhan, un énorme élan de solidarité a vu le jour à travers l’ensemble des communes de la wilaya, où des associations et des bienfaiteurs se sont mobilisés pour venir en aide aux familles démunies. Ainsi, pas moins de 70 restaurants Iftar ont ouvert leurs portes, et plusieurs dizaines de campagnes de circoncision collective et de distribution de produits alimentaires et d’habillement ont été organisées, dont la dernière date de jeudi dernier au niveau de l’EPH Mohamed Boudiaf de la ville de Bouira. Cela est venu s’ajouter au vaste programme de solidarité initié par les services de la wilaya, où pas moins de 38 764 familles nécessiteuses recensées à travers toute la wilaya ont bénéficié de couffins de Ramadhan, et 27 restaurants Iftar ont été subventionnés par la wilaya à hauteur de 02 millions de dinars. L’opération de circoncision a touchée 1 020 enfants et 2 000 enfants ont été concernés par l’acquisition de vêtements de l’Aïd.

Pénurie d’eau potable: Des communes en souffrance

Malgré les énormes capacités de stockage d’eau dont dispose la wilaya et les importants projets de transferts d’eau, le manque de ressources hydriques et la pénurie d’eau potable se sont encore imposés cette année, sur le quotidien de milliers de citoyens, particulièrement dans les communes de l’Est de la wilaya, comme Ahnif, El-Adjiba et Aghbalou. À Ahnif, les citoyens se sont soulevés plusieurs fois et ont même bloqué le siège de l’APC, pour réclamer une solution à ce problème qui dure depuis plusieurs années. Dans les communes d’El-Adjiba et Aghbalou, les citoyens ont préféré s’organiser pour remédier aux défaillances des réseaux de distribution d’eau : «Nous avons tenu plusieurs assemblées au niveau de notre village, pour trouver une solution à la rareté de l’eau potable, car il faut souligner que nous étions abandonnés par les autorités locales», nous dira un habitant du village Crête-Rouge de la commune d’El-Adjiba. Selon notre interlocuteur, une ‘‘charte’’ pour mieux organiser la consommation de l’eau au niveau de ce village a été adoptée par les villageois : «Notre village ne dispose que d’un seul forage d’eau potable, alors pour contenir la forte demande en eau nous avons créé trois zones d’habitations qui seront desservies par l’eau à raison de deux jours par semaine. Les branchements anarchiques et illégaux ont été tous suspendus, l’irrigation des terrains agricoles à partir du forage aussi. Actuellement, comme seconde étape, nous essayons de réparer toutes les fuites existantes sur le réseau avec nos propres moyens», ajoute ce dernier.

Crimes de Taghzout et Ridane : Des drames familiaux qui ont choqué les Bouiris

Les crimes atroces qui ont été commis en plein mois de Ramadhan, à Taghzout et Ridane ont été largement commentés dans la wilaya de Bouira. Des actes qui ont défrayé la chronique et soulevé l’incompréhension des uns et des autres, particulièrement pour les motifs ayant conduit à ces crimes. Le premier cas, celui de la commune de Taghzout, où quatre membres d’une seule famille ont été froidement abattus par leur oncle pour une banale histoire de passage de route. L’auteur de ce quadruple meurtre, un berger du village El-Kef Ouârkouv, âgé de 63 ans, a d’ailleurs longtemps défié les services de sécurité, qui n’ont réussi à l’interpeller que dix jours après une importante opération de recherche et de ratissage dans les maquis de ce village montagneux au relief escarpé. L’interpellation de ses deux fils et deux beaux-fils a permis la localisation du forcené, qui s’est rendu aux éléments de la gendarmerie nationale alors qu’ils l’avaient cerné pendant plusieurs minutes. À Ridane, commune sise à l’extrême sud de la wilaya, le meurtre d’une jeune mère de famille de 32 ans a aussi choqué les citoyens de cette paisible commune, surtout après que les résultats de l’enquête scientifique de la gendarmerie, aient révélé qu’il s’agissait d’un viol suivi d’un meurtre, perpétré par son propre neveu.

Oussama Khitouche

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