«Je mènerai une liste indépendante !»

Partager

Le maire d’El-Esnam, Ahmed Hellal, avec quatre mandats électifs à son compte sous la houlette du RCD, ne compte pas se représenter sous la bannière du parti de Belabbas. Il annonce d’ores et déjà qu’il se présentera en candidat libre, à décoder donc son retrait du RCD.

Ahmed Hellal qui a toujours été du RCD depuis sa création, avec quatre mandats électifs, dont un à l’APW 1997-2002, et de 2005 à ce jour à la tête de l’APC d’El-Esnam, vient de nous révéler qu’il se présentera aux prochaines élections communales en tant que candidat libre et non plus sous la bannière du RCD. En effet, lors des dernières élections législatives, et à la surprise générale, c’est un autre militant du RCD qui avait été choisi comme tête de liste. Situation conflictuelle qui ne s’était pas manifestée au grand jour mais qui a tout de même influé sur les faibles résultats obtenus par le parti de Mohcine Belabbas : «On a choisi un autre comme tête de liste au lieu de moi. Ils ont opté pour un autre, c’est leur droit. Mais j’ai jugé que j’étais le seul qui méritait d’avoir la première place, avec ma popularité dans toute la wilaya, pas uniquement à travers la commune d’El-Esnam», déclare M. Hellal, en affirmant : «Je figure parmi les anciens du parti et on n’a pas respecté tout ca. Donc, ils ont pris un autre et on a connu la défaite en n’obtenant pas le nombre de voix suffisant pour décrocher au moins un siège. Ils ont fait perdre le parti. Le vrai problème qui a fait de moi que je ne continuerais pas à me présenter sous le sigle de ce parti, c’est la région. La région d’Ath Yaâla n’a pas eu cette chance avec d’autres partis politiques. Il y a eu un Merzouk Lhassene de Chorfa à l’époque qui a été élu député sous la bannière du RCD, il y a eu un Ali Brahimi qui a accédé à la députation avec le RCD et les voix d’Ath Yaâla. Pour cette fois, il aurait fallu que ce soit quelqu’un de notre région». Pour le maire d’El-Esnam, sa région est un réservoir de voix pour le RCD qui n’a pas été reconnu : «J’ignore comment ils ont fait leurs calculs (les responsables du parti ndlr). Pour moi, j’ai subi un affront et les gens d’Ath Yaâla l’ont subi également et ils ont prouvé leur mécontentement le jour du scrutin. Voyez le nombre de voix obtenu à travers la daïra de Bechloul. Dans mon village à Akemkoum, traditionnellement fief du RCD, 125 voix ont été difficilement récoltées alors qu’habituellement, il n’y a pas moins de 1 000 voix qui s’expriment en faveur du RCD. El-Esnam centre également a connu cette bérézina, lorsque je me présente je ramasse au minimum 2 000 voix dans chaque école et cette fois-ci, il y a eu 80 voix !» soulignera-t-il. C’est de ce fait toute la tribu qui a désapprouvée le choix des responsables du RCD ayant confectionné la liste des candidats à la députation. À l’origine du départ annoncé… «Ce sont les citoyens qui me plébiscitent à chaque élection, ce ne sont pas les militants RCD, qui sont une soixantaine. C’est toute la population qui est derrière moi. Les populations d’Ath Yaâla, Ath Leqsar, Haïzer, Ath Laâziz sont mécontentes du choix effectué par le RCD, ce qui explique le faible score obtenu. On méritait mieux que ça ! Toutefois je n’ai rien fait durant la campagne pour discréditer le parti en menant une contre campagne. Je suis resté dans mon coin après avoir retiré mon dossier, car ils m’avaient placé à la 4ème place et j’ai refusé. Si j’étais resté, cela aurait été une humiliation que de figurer sur la liste et ne pas remporter de siège. Si le choix s’était porté sur ma personne, j’aurais assuré un vote massif pour le RCD dans les communes berbérophones. C’est un mauvais choix pris par la direction du parti que je ne peux pas comprendre», regrette-t-il. Interrogé pour savoir si, au lendemain des élections législatives, il avait démissionné du parti, l’édile répondra par la négative : «Non je n’ai pas démissionné du parti, je suis contre ce cinéma que de démissionner en convoquant les médias et je suis toujours membre du conseil national. Mais je n’ai pas été avisé lors de la dernière tenue du conseil national et personne ne m’a appelé pour m’en informer. Je n’ai pas démissionné officiellement, mais je ne serais pas candidat sur la liste du RCD pour les locales», indique M. Hellal, affirmant qu’il conduira une liste indépendante. Le parcours atypique du maire «Je vous donne un exemple à titre illustratif, les moudjahidine de la région votent toujours RCD lors des élections locales et ce car j’étais tête de liste du parti, mais maintenant, ils ne voteront plus RCD je peux vous l’assurer. Avec cette ingratitude, j’ai ressenti une profonde humiliation, car au RCD personne ne peut se vanter d’avoir fait quatre mandats. C’est un parcours tout de même : Lors du 1er mandat, j’ai eu 1 100 voix, ensuite 2 800 voix et après 3 700. Cela veut dire que je travaille et que cela est bien perçu par mes concitoyens et que j’ai l’estime et la confiance de la population. Si je n’avais par reçu cette confiance populaire, je n’aurais fait qu’un mandat et la population m’aurait désavoué lors du mandat suivant ou celui d’après, alors que j’ai obtenu 4 000 voix. 4 000 voix c’est un siège à l’APN !» dira-t-il. Pour notre interlocuteur, le parti aurait dû prendre en considération ces paramètres au lieu d’obéir à d’autres critères. «Si j’avais été tête de liste RCD aux législatives, je leur aurais garanti un siège rien que dans la commune d’El-Esnam. En plus à Bechloul, au minimum 5 000 voix se seraient exprimées en ma faveur, idem à El-Adjiba avec au moins 3 000 voix et à Ath Leqsar au moins 4 000 voix. Sur les 60 000 voix de la daïra, j’aurais aisément pu en rafler 20 000», révèle M. Hellal. Ainsi, selon ses dires, le RCD aurait pu avoir trois sièges si la pertinence avait été de rigueur. «Ils ont fait leur choix qu’ils assument et c’est dommage ! Nous avons tout le temps milité fidèlement mais malheureusement on n’a pas été récompensé. J’ai été blessé par leur attitude et si je restais sur la liste du RCD, la population ne me le pardonnerait pas pour l’affront subi à toute une région. Le RCD a préparé sa liste mais il ne faut pas s’attendre à des miracles. Moi également de mon côté, j’ai fais ma liste et je pense obtenir une majorité. À l’heure où je vous parle, je pense pouvoir rafler entre 9 à 10 sièges, selon les échos qui me parviennent et les dires de la population mais aussi et surtout avec son soutien indéfectible», espère M. Hellal. Ainsi, le RCD, de par son choix jugé peu judicieux lors des législatives, semble avoir perdu l’un de ses derniers hommes forts dans la région et par la même, tout un réservoir électoral qui lui était habituellement acquis.

Hafidh Bessaoudi

Partager