«L’avenir de la région sera agricole et touristique»

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Hellal Ahmed, maire d’El-Esnam, élu pour la 4e fois sous la bannière du RCD, fait le point, dans cet entretien, sur les potentialités de développement que recèle la commune. Pour lui, l’avenir de la commune passe, certes, par l’investissement touristique, mais aussi et surtout par le développement de l’agriculture.

La Dépêche de Kabylie : La commune d’El-Esnam passe pour l’une des communes les mieux loties en matière de développement local. Q’en est-il réellement ?

Hellal Ahmed : Il faut savoir qu’avec près de 15 000 habitants et plusieurs hameaux épars, il n’est pas facile de satisfaire les besoins de la population en un temps record. Toutefois, dès notre installation, en 2005, nous avons procédé au développement des villages, car, à cette époque-là il n’y avait ni eau, ni routes, ni électricité, ni gaz. Les villageois étaient totalement voués à eux-mêmes. Ce sont, entre autres, les patelins d’Akemkoum, un des plus grands villages en matière de démographie au niveau de la commune, Ath Makaci, Taourit Amar, Aâraâr, El Berdi, Louglive… qui ont été ciblés, afin de permettre aux villageois de se rapprocher du chef-lieu communal. L’ensemble du réseau routier a été réhabilité au cours du 1er et 2e mandat. Aujourd’hui, je suis peut-être le seul maire à pouvoir dire que j’ai réalisé l’ensemble des routes de sa commune. Même les petits hameaux sont desservis par les routes. Ce qui revient à dire que tous les citoyens d’El-Esnam ont accès au réseau routier. En parallèle, nous nous sommes attelés à acheminer les conduites d’AEP vers les foyers, afin d’éviter de recreuser les routes. Présentement, nous sommes à un taux de raccordement à l’eau potable de 100%. Pour l’assainissement, tout a été réalisé dans ce domaine. Il reste juste une partie d’Akemkoum qui n’est pas encore raccordée à ce réseau. Toutefois, je rassure les habitants : l’étude est en cours avant l’inscription du projet. Sinon même les hameaux les plus reculés y sont raccordés. Il faut savoir que la plupart des habitations sont situées dans des zones éparses et que les familles vivent sur leurs terres. Il reste également un point noir pour Taourirt Amar, une localité qui surplombe le barrage de Tilesdit, où on trouve des difficultés pour évacuer les rejets d’assainissement. J’ai fait valoir le risque de maladies à transmission hydrique (MTH), qui peuvent en découler si les eaux usées s’infiltrent dans le barrage via les fosses septiques de la localité. Il s’agit là d’une urgence. Nous avons réalisé l’étude, mais nous ne savons pas où diriger le rejet. Pour connecter le réseau d’assainissement à El-Esnam, cela impose de creuser la chaussée. Une chaussée bitumée à coups de milliards. Pour le dévier vers l’Est, la situation géographique ne le permet pas, car les terres surplombent la localité. Le projet est en étude et nous allons sûrement opter pour l’aménagement d’une fosse géante.

Ces dernières semaines, les villageois de D’hous n’ont eu de cesse de vous interpeller sur leurs conditions de vie…

Justement, le dernier raccordement à l’AEP pour cette année est celui destiné au village de D’hous, bourgade très peuplée qui vient de bénéficier d’un pont la reliant au chef-lieu communal. Il faut dire qu’auparavant, le barrage de Tilesdit séparait cette localité d’El-Esnam. Les citoyens de D’hous devaient faire un détour de 30 km pour rejoindre El-Esnam. Aujourd’hui, en à peine 10 minutes, ils sont au chef-lieu. Avec la réalisation de ce pont et de plusieurs pistes agricoles, les milliers d’oliviers de cette région sont de nouveau exploités par leurs propriétaires. Ce qui n’était pas le cas auparavant, car ces derniers devaient louer des véhicules matin et soir, pour faire la cueillette. Une opération qui revenait, de ce fait, très chère. C’est pour cela que les terres de D’hous étaient longtemps abandonnées. Désormais, la région est entièrement exploitée avec des aviculteurs, des éleveurs, des maraîchers. Des vergers ont même vu le jour. Depuis la réalisation du pont enjambant l’oued D’hous, nous avons redoublé d’efforts en faveur de cette localité, car, auparavant, nous ne pouvions rien réaliser au niveau de cette dernière en l’absence de ce pont : ni route, ni eau, ni électricité ni logement. A l’époque, j’ai essayé d’implanter l’habitat groupé, projet clé en main, mais hélas personne n’a postulé pour ce genre de formule. Je me suis résigné à abandonner l’idée. Avec le PPDRI, nous avions pu décrocher 100 aides à l’habitat rural, mais aucune demande n’a été formulée. Aujourd’hui, avec le pont, j’ai pu réaliser les branchements électriques, chose qui a encouragé les agriculteurs à demeurer sur place après un long exode au cours de la décennie noire. Nous avons réalisé, en plus des pistes, un château d’eau pour les habitants, ainsi que le réseau électrique qui sera opérationnel sous peu. Cette région est amenée à devenir une zone touristique par excellence. Sa proximité avec le lac de Tilesdit fait que des pêcheurs d’Alger, de Lakhdaria et de Bouira s’y rendent quotidiennement, pour taquiner la carpe. Cette affluence ne sera pas sans impact sur le devenir de la région. Nous allons développer cela et le tourisme va se faire de lui-même dans cette région, o&ugrave,; dois-je ajouter, des petits restaurants verront prochainement le jour.

Donc il y a bel et bien des opportunités d’investissement touristique à saisir en plus de Tikjda, qui dépend de la municipalité…

Oui, nous avons quelques investisseurs qui ont demandé des terrains. Mais, malheureusement, entre l’ANBT et le secteur de l’hydraulique, nous n’avons pas d’interlocuteur pour dégager du foncier pour les porteurs de projets. On a des demandes pour des fermes aquacoles. Nous avons discuté avec ces investisseurs, ainsi que les anciens propriétaires de terrains. Mais sur le plan juridique, ils ont été indemnisés et les terres appartiennent présentement à l’ANBT. Difficile dans ces conditions de trouver un compromis, mais on espère toutefois que ces projets aboutiront. La localité de D’hous sera un pôle d’investissement dans les domaines agricole et touristique avec des retombées économiques non négligeables pour la commune. C’est une région qui a été délaissée depuis toujours, même à l’époque coloniale. Une période qui a vu ses meilleurs enfants tomber au champ d’honneur. Toutes les familles habitant à D’hous, pendant la révolution, ont payé un lourd tribut, sans que leurs sacrifices ne soient reconnus, à l’instar des familles Ouchene et Cherarak qui ont été presque décimées à cette l’époque-là. Donc, j’espère que, pour cette année, le gros des projets ira pour les habitants de cette localité oubliée.

En matière d’électricité et de gaz, peut-on dire qu’El-Esnam est bien couverte ?

Effectivement, pour le raccordement au gaz et à l’électricité, nous avons atteint un taux de réalisation de 98%, si ce n’est plus. Les grands villages ont tous accès au gaz naturel. Il reste juste quelques hameaux à alimenter et des projets dans ce sens sont déjà inscrits. Cependant, j’ai reçu un fax m’informant que les projets de raccordement au gaz des localités de Tiaâssassine et Agouillal, relevant d’El-Esnam, sont concernés par le gel décidé par les mesures du gouvernement. A ce jour, aucune notification quant à leur réalisation n’a été signifiée.

Vos concitoyens attendent toujours l’affichage de la liste des bénéficiaires des logements sociaux…

El Esnam est la seule commune en Algérie qui n’enregistre aucun recours à chaque distribution de logements, et tout le monde le sait. Lors de l’affichage, même devant les cafés, personne ne manifeste son mécontentement, la transparence et l’équité étant au rendez-vous. Nos concitoyens savent que les bénéficiaires sont les plus démunis. Ils n’émettent, de ce fait, aucune objection. Cette fois-ci, également, nous avons établi les listes des bénéficiaires qui n’ont pas encore été affichées en raison du départ de l’ancien wali et l’arrivée du nouveau. Mais cela va se faire prochainement. Je peux vous dire d’avance que les bénéficiaires méritent à 99% de figurer sur les listes. Pas à 100%, car il se peut qu’il y ait des personnes dont le statut ait changé. En tout, ce ne sont pas moins de 192 logements sociaux qui ont été distribués cette année. Dans le cadre du RHP, nous avons éradiqué le bidonville de Béni Ousket. Il ne reste que 10 familles sur les lieux, car lors du recensement de 2007, elles n’étaient pas sur place. Celles-ci seront recasées prochainement pour que l’assiette foncière se libère et que l’on puisse entamer, sur ce site même, les travaux des 50 logements. Si j’arrive à décrocher encore un quota de 150 logements, je peux vous dire que, d’ici une année ou deux, le problème de la crise de logements sera résolu à El-Esnam. Pour le LSP, cette formule a connu un fort engouement avec 244 unités réalisées. Concernant l’habitat rural, jusqu’à août 2012, toutes les demandes ont été satisfaites. Depuis, nous avons enregistré 175 dossiers et l’année dernière, on nous a octroyé un quota de 20 unités que j’ai dû refuser, vu l’ampleur des demandes. Cependant, et durant ma convalescence, mon adjoint les a acceptés et les a distribués en toute transparence. J’aurais aimé que le quota soit plus conséquent pour satisfaire le plus de demandes. Là nous attendons le prochain programme, en espérant que toutes les demandes en instance seront satisfaites. N’était le programme de l’habitat rural, la demande sur le logement social aurait été plus importante. Il faut savoir que le problème de l’habitat rural s’est posé avec l’élévation pour un étage. C’est aujourd’hui permis, mais pour l’instant, nous n’avons pas reçu le programme.

L’agriculture est aussi une vocation de la commune, l’APC en tire-t-elle des dividendes ?

C’est vrai, c’est une chance pour la commune d’avoir un périmètre irrigué de 2 200 hectares. Le rendement des céréales et de la pomme de terre sont très satisfaisants cette année. Le premier a dépassé les 45 quintaux à l’hectare et le deuxième les 300 quintaux à l’hectare. Plus tard, lorsque le périmètre sera entièrement opérationnel, car actuellement le côté technique n’est pas tout à fait maîtrisé, si l’eau est disponible à longueur d’année, il y aura d’autres cultures qui verront le jour, ce qui diversifiera l’agriculture. Aussi, nous avons en projet la réalisation de 7 500 hectares pour le périmètre irrigué du plateau d’El Esnam, c’est important pour la région.

Entretien réalisé par Hafidh Bessaoudi

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