Trois changements et ça repart !

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Le nouveau gouvernement Ouyahia, annoncé jeudi, n’a été remanié, comme attendu, que partiellement. Il aura enregistré le débarquement de trois ministres.

Un gouvernement d’action que celui que vient de reconstituer le président de la République sous la houlette d’Ahmed Ouyahia, marqué toutefois par cette bévue Benagoun, annoncé de nouveau ministre du Tourisme avant que son nom ne soit remplacé une heure plus tard par celui Mermouri. Une gaffe de communication (de la présidence ou de l’APS qui a diffusé le communiqué?), dit-on qui a fait jazer la toile. Au delà de cet invraisemblable disfonctionnement qui entache l’annonce, Ahmed Ouyahia reprend donc la main sur les secteurs économiques névralgiques à travers un gouvernement d’escence libérale. C’est pourquoi le retour de Youcef Yousfi à l’Industrie et de Benmeradi au Commerce est perçu comme un retour à la stratégie tracée pour ces deux secteurs lors du deuxième et troisième quinquennat de Bouteflika. Sauf que pour, cette fois-ci, la situation financière du pays diffère totalement de la décade 2004/2014. Trois fois ministre de l’Energie, Youcef Yousfi avait quitté après qu’il eut défendu mordicus la nécessité pour l’Algérie d’exploiter le gaz de schiste au Sud, pour faire face à la dégringolade de la bourse pétrolière. Un projet qui a failli embraser certaines wilayas du sud du pays. Yousfi, qui hérite désormais du ministère de l’Industrie, est appelé à redresser la barre de ce secteur qui a vécu au rythme de contradictions stratégiques entre les deux derniers gouvernements, Sellal/ Tebboune. Idem pour le revenant Benmeradi qui avait été débarqué du ministère de l’Industrie en septembre 2012, sans pouvoir mener son fameux projet de création de 15 pôles industriels. Il sera nommé au tourisme, puis au Travail et à la Sécurité sociale. Mohamed Benmeradi revient donc au gouvernement pour s’occuper d’un secteur qui, pour beaucoup d’observateurs, a failli virer vers une ère de grandes pénuries, comme celle des années 80/90, notamment avec l’instauration des quotas à l’importation et l’interdiction d’importer plusieurs produits de consommation, mais aussi des intrants de bases pour certaines activités de transformation. Des décisions qui ont mis plusieurs entreprises de production et de transformation à la limite du dépôt de bilan.

Au delà de la gaffe Benagoun…

Ceci, en plus de la résurgence du commerce souterrain à la faveur d’une certaine cacophonie qui commence à regagner les marchés intérieurs plombés par la diminution soudaine de l’offre sur beaucoup de produits de consommation, notamment ceux de l’importation. Même s’il reste la grande inconnue dans ce léger lifting opéré par Bouteflika au gouvernement Ouyahia, Abdelouahid Temmar, wali de Mostaganem, hérite d’un département dans lequel il avait longtemps évolué en tant que directeur général d’urbanisme. Architecte de profession, Temmar succède à son ancien homologue de la wilaya d’Annaba, Youcef Cherfa, qui hérite de celui l’ex-Premier ministre, celui de l’Habitat. Jugé «inefficace» au bout de deux mois, pour avoir surtout pris «beaucoup de temps» à palper un secteur qui est, le moins qu’on puisse dire, sensible. Il s’agit d’un département en charge de deux grands chantiers chers au président de la République : le «deuxième million de logements» promis par le chef de l’Etat et la réalisation de la Grande mosquée d’Alger. Abdelouahid Temmar est perçu comme un «homme d’action» puisque son «haut fait d’arme» reste son «va-t-en-guerre» contre les constructions anarchiques, surtout dans la capitale. Voilà donc, avec ce trio porté par Bouteflika au staff d’Ouyahia, comme seul changement opéré au nouveau gouvernement, la stratégie paraît bien claire. Il s’agit de redonner de la vitalité à l’action gouvernementale dans un esprit purement libéral, bien qu’il soit édulcoré par la politique sociale défendue par le président de la République qui consiste à préserver les acquis sociaux en faveur des couches défavorisées. Mais sur ce plan, Ouyahia est connu pour être frileux. Un proche parmi les plus proches de la sphère entrepreneuriale privée en faveur de laquelle le projet du nouveau Code de travail est conçu, quitte à déplaire aux partenaires sociaux.

Mohand-Arezki Temmar

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