Les revendeurs évitent les points de vente réglementés

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Des parcs improvisés dans lesquels s’entassent des dizaines de montons sont légion à travers le territoire de la wilaya de Bouira, notamment aux abords des routes, mais également dans les villages les plus reculés.

Aussi bien sur la RN8 menant de Bouira vers la wilaya de M’Sila, sur la RN18 reliant Médéa, ou encore sur les RN 5 et 26 allant vers Béjaïa, les ovins s’entassent dans des enclos grillagés lorsqu’ils ne sont pas carrément sur des bennes de camions exposés à longueur de journées aux dards du soleil. Cette prolifération de points de vente sauvage est due au fait que certains éleveurs refusent de rejoindre les dix points de vente autorisés mis en place par la direction de l’agriculture de Bouira et celle du Commerce. Un refus qui s’explique par le fait que les services vétérinaires qui effectuent des tournées sur ces sites émettent souvent des avis défavorables sur certaines bêtes qui ne conviennent pas à l’abattage du rituel de l’Aïd. «Pour un simple abcès bénin, les vétérinaires des services de l’agriculture m’ont ordonné de retirer un bélier de l’enclos réservé à la vente des moutons. Je vais attendre qu’il guérisse mais si on m’en propose un bon prix ailleurs, je n’hésiterais pas à le vendre en l’état», nous dira un éleveur de Bouira sous le couvert de l’anonymat. C’est justement à cause des sorties sanitaires sur les sites que plusieurs éleveurs ont choisi de vendre leur cheptel dans des zones reculées de la wilaya, à l’abri des regards des vétérinaires de la DSA. Pour les personnes recherchant une bête à immoler, ces espaces non contrôlés sont des aubaines : «Je sais que les bêtes qui se vendent ici n’ont pas une traçabilité officielle, on doit se fier aux dires du vendeur, mais généralement le prix est moindre par rapport aux points de vente autorisés», estime un père de famille rencontré aux abords de la RN5. Selon lui, un écart de 5 000 DA est constaté pour une bête de même gabarit entre les sites officiels et officieux. Une économie de 5 000 DA qu’il dit accepter volontiers en ces temps de crise. Les prix varient quant à eux entre 25 000 et 45 000 DA, selon la constitution physique des moutons et de leurs cornes. Ces bêtes revendues aux abords des routes proviendraient des wilayas de Bordj Bou Arreridj, Laghouat et Djelfa, d’après les déclarations de certains revendeurs. Toutefois, en l’absence d’une quelconque traçabilité le prouvant et devant l’inexistence d’un certificat délivré par les contrôles vétérinaires, autant dire que l’achat d’une de ces bêtes n’est pas sans risque sur la santé publique.

Hafidh Bessaoudi

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