«Les études des glissements de terrain sont achevées»

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Beaucoup d’encre a coulé et continue de couler sur le glissement de terrain, ou l’éboulement, qui hante les habitants de certaines localités de la wilaya de Tizi-Ouzou, à l’instar d’Aïn El-Hammam, Azazga, Ililten, Tigzirt, Iflissen… Dans ce dossier épineux, chaque partie concernée par cette catastrophe naturelle essaie d’imputer la responsabilité à l’autre. De leur côté, quelques élus indexent les services de la DUAC, en leur reprochant la «lenteur dans la réalisation des études géotechniques dans les zones touchées par les glissements de terrain». La majorité se plaint, en effet, de «ces études qui s’éternisent» et de la «non-prise en charge de ces dangers». Le maire d’Aïn El-Hammam, Lyazid Ould Taleb, s’exprimant récemment sur le sujet dans les colonnes de La Dépêche de Kabylie, avait déclaré: «Jusqu’à maintenant, on n’est toujours pas édifiés sur ce qui a été fait ou doit se faire. Pas plus loin que la semaine dernière, j’ai été à la wilaya et on m’a rétorqué que l’étude est toujours en cours». Et d’ajouter : «On a tapé à toutes les portes et on a eu plusieurs promesses. Quasiment tous les walis, de Bouazgui à Bouderbali, ont fait le déplacement à l’ex-Michelet pour s’enquérir du problème. Mais à chaque fois, il était question d’études. Ça a tendance à prendre beaucoup de temps. Tout le monde sait que le problème remonte à au moins, cinq ou sept ans, et tant que rien n’est fait, le danger, lui, prend plus d’ampleur». Même son de cloche chez un citoyen du village Ikhennache, une localité d’Iflissen, qui a subi deux mouvements du sol en 2012 puis en 2015 : «Rien n’a été fait depuis mars 2015, et ça continue toujours de bouger, notamment depuis le printemps dernier. Le chemin de wilaya N° 252 menace de céder à tout moment», se désole-t-il. Des cas similaires ont été signalés également dans d’autres localités, Tigzirt, Ililten, Azazga, entre autres. Le directeur de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction (DUAC) de la wilaya de Tizi-Ouzou, Hamid Dahmane, est catégorique : «Non seulement toutes les études géotechniques ont été achevées, mais elles ont été, également, transmises aux APC et aux services concernés. Donc, notre structure s’est acquittée de sa mission et de sa tâche, à l’exception de l’étude d’un site à Azazga, car là il s’agit d’un cas vraiment spécifique». D’après ce responsable, la balle est dans le camp des P/APC : «Une fois les études géotechniques, qui réglementent l’espace et définissent un zoning de constructibilité, en précisant les règles à respecter pour chaque zone, entre les mains des présidents d’APC, leur responsabilité est engagée en premier lieu, en délivrant des permis de construire», explique-t-il. En effet, d’après un document des services de la DUAC que nous détenons, l’étude géotechnique de glissement préconise des solutions de confortement. Des solutions présentées et soumises aux services concernés pour leur prise en charge éventuelle, à savoir les APC, l’Hydraulique, la DTP… En ce qui concerne l’étude en cours au niveau de la localité d’Azazga, notre interlocuteur parle d’un cas particulier : «Le cas d’Azazga est spécifique, il lui faut, donc, une étude spécifique. Nous avons élaboré un cahier des charges que nous avons transmis au ministère de l’Habitat, pour avoir des éclaircissements ou des avis», affirme le directeur de la DUAC, Hamid Dahmane. Par contre, la réalisation de la mission d’étude des glissements de la commune d’Aïn El-Hammam, confiée au groupement franco-algérien ANTEA-Hydroenvironnement-TTI, est achevée depuis 2012, selon la note technique de cette étude que nous avons pu consulter aux services de la DUAC (Début de réalisation 2010, achevée en 2012. Le délai de réalisation était de 17 mois). D’après toujours ce document, des études géotechniques ont été réalisées auparavant (1971/1972) par le Laboratoire national des travaux publics et les conclusions ont permis d’élaborer un plan d’occupation des sols (POS) interdisant les constructeurs en hauteur sur le site du marché et ses environs. Mais force est de constater que «malgré ces recommandations, des constructions en R+5 ont été édifiées dans les années 1990 le long du boulevard Amirouche», note le document. Ce bâtiment a provoqué de nouvelles instabilités de terrain lors de sa construction. Pis, l’école située en amont a connu de sérieux désordres dans sa structure et maçonnerie. L’urbanisation croissante de la ville de l’ex-Michelet durant les années 1990 a été, d’après l’étude, à l’origine de la réactivation d’un glissement de terrain comme pendant l’époque coloniale. Aussi, des pluies exceptionnelles ont remobilisé les mouvements sur l’ancienne esplanade du marché, réputée instable. Depuis 2006, l’activité générale du mouvement en partie haute n’a pas cessé, plus particulièrement lors des événements pluvieux importants, mentionne encore le document. D’aucuns se demandent, alors, pourquoi délivrer des permis de construire dans une zone classée dangereuse, puisqu’une étude interdisant la construction a été réalisée en 1971 déjà et qu’une autre, des plus approfondies, accompagnée d’une cartographie de la région, a été achevée en 2012.

Hocine Moula

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