Il est répandu et désormais presque banal de nos jours, d’entendre parler d’agression, de violence. C’est même devenu chose ordinaire qui ne suscite plus l’indignation, encore moins des réactions. Quand on parle de violence, on n’entend pas forcément par là agression physique. Parfois, il s’agit de violences psychologiques. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, à l’instar de ce qui se passe dans le reste du pays, le phénomène prend de l’ampleur d’autant plus qu’il est difficile pour les services de sécurité d’avoir un contrôle total de la situation, puisque la violence se manifeste parfois dans des milieux qu’on croit les plus sécurisés. Le phénomène de la violence est omniprésent à l’école, dans les rues, au travail, et même dans le milieu familial. Des violences faites à toutes les catégories de la population, aux femmes et aux enfants. Au niveau du service de médecine légale du CHU de Tizi-Ouzou, un constat «alarmant» a été établi. L’année dernière, les différentes unités de ce service ont recensé pas moins de 2 315 affaires de coups et blessures volontaires, dont 156 sont faites aux hommes, 632 aux femmes et 117 subis par les enfants. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter, a fait savoir le responsable de ce service, le Pr Boulassel. D’ailleurs, à la fin du mois de septembre dernier, on a enregistré 2 737 cas de violences. Dont 962 sont des agressions contres les hommes, 443 contre des femmes et 68 contre des enfants. Pour le cas des violences faites aux femmes, l’on constate que l’agresseur serait, dans la majorité des cas, un membre de la famille. Selon le Pr Boulassel : «la violence domestique prédomine, il peut être le frère, le père ou le mari… ». En effet, cet espace censé procurer sécurité et quiétude devient de plus en plus un lieu de torture pour certaines femmes. Aussi, les agressions sexuelles toucheraient toutes les catégories de personnes, particulièrement les enfants. Au cours de l’année dernière, l’on a dénombré 29 cas d’attouchements sexuels faits aux enfants, 5 à l’encontre des femmes, et deux aux hommes. Des chiffres qui sont peu représentatifs de la réalité au sein de la société, le sujet reste encore tabou et beaucoup de victimes vivent leur mal en silence. Le phénomène de la violence ne peut être dissocié des autres fléaux sociaux, notamment la drogue et l’alcool. Il n’existerait pas de profil type de l’agresseur, il pourrait correspondre à une personne des plus exemplaires, en passant par quelqu’un qui représenterait des troubles psychologiques, ou une addiction à l’alcool ou à la drogue. Pour le Pr Boulassel, il serait impératif de «renforcer le système éducatif, ajuster le système judicaire et renforcer la création d’emploi». Ce sont-là quelques mesures à prendre pour amoindrir ce phénomène. La prise en charge et l’accompagnement des victimes sont une nécessité pour les préserver des conséquences désastreuses sur elles-mêmes et sur la société. Ces personnes risqueraient de garder des séquelles tant physiques que psychologiques de l’agression, si aucun suivi ne leur est prodigué. Pour les spécialistes «la violence est un problème de santé publique qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire, psycho-sociale et juridique».
K. H.