Le 17 octobre, un tabou qui a la peau dure

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S. Ait Hamouda

C’est à des doses vraiment homéopathiques que la France fait semblant de reconnaître le 17 octobre 1961. Ce crime innommable, pour un pays civilisé, a été ourdi, programmé et exécuté au nom du peuple français contre un autre qui ne demandait, comme le veut la proclamation des droits de l’homme et du citoyen, que les mêmes droits que tous les autres peuples : la reconnaissance de sa souveraineté et l’indépendance de son pays. Il y a des Français qui pensaient, en colonisant l’Algérie par le feu, le sang, l’expropriation de ses terres, s’imposer en tant que maîtres incontestables et incontestés. Autrement dit, le peuple algérien, les régiments infra humains, n’ont que le droit de se taire ou de mourir d’exil, de faim, de misère, ou de se faire éliminer manu militari. Le ministre des Affaires étrangères algérien l’a réaffirmé, dans son communiqué d’hier : «Le 17 octobre 1961, Journée de l’émigration, demeurera à jamais gravé dans la mémoire de notre nation en ce qu’il représente, avec d’autres pages écrites du sang de tous ces martyrs tombés au Champ d’honneur, le lourd tribut payé par la communauté nationale à l’étranger à la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance». Certes, le peuple algérien a connu des vertes et des pas mûres, des souffrances dantesques, il a tout subi, le pire et au-delà du pire. Il a été accablé de tous les maux où se conjuguaient le désarroi, l’espoir de sa victoire et la répression la plus aveugle du côté français. Mais, 56 ans après, la France, par la bouche de son candidat à la présidentielle, lors de sa visite en Algérie au mois de février dernier, a reconnu que «la colonisation était un crime contre l’humanité». M. Macron a fait tomber un tabou, mais aujourd’hui qu’il est intronisé président de la République, saura-t-il franchir le Rubicon et reconnaitre les crimes épouvantables commis par son pays à l’encontre du nôtre ?

S. A. H.

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