Ces Africains recrutés en noir…

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Nonobstant la mise en service, le 9 octobre dernier, d’une section de la pénétrante autoroutière devant relier la ville de Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest s’étendant sur 10 km, d’Akbou à Takrietz, il n’en demeure pas moins que ce projet n’est pas près d’être livré.

Pour rappel, sur les lieux, le ministre des Travaux publics M. Zaâlane avait exhorté les responsables en charge du projet à l’effet de maintenir la cadence des travaux pour pouvoir achever une autre section de 15 km, allant de Takrietz jusqu’à El-Kseur, et ce, pour la fin du premier trimestre 2018. Malgré ce «vœu», la société chinoise (CRC) s’est, en effet, mise au service minimum. Pour des raisons de manque de finances, ce qui a engendré la mise au repos effective de beaucoup de travailleurs chinois qui, selon notre source, ne veulent plus revenir à cause du non payement d’une partie de leurs salaires en devises. D’ailleurs, la CRC n’a pas arrêté de réclamer son dû depuis de longs mois, précisément, selon une source proche de cette société, depuis le mois d’octobre 2016. Pis, le groupement d’entreprises sino-algérien CRCC-SAPTA où une grande partie des travailleurs algériens recrutés a été libérée, faute d’argent. Outre les travailleurs chinois, rentrés chez eux, les chantiers manquent terriblement de main d’œuvre. «Nous manquons de manœuvres, d’ouvriers, de ferrailleurs qui sont introuvables. Sollicitée, l’agence de l’emploi n’arrive pas à nous dénicher des ouvriers pour les besoins des chantiers», souligne un cadre de cette entreprise rencontré sur l’une des bases du chantier à Sémaoun. Sur le site, on remarquera que la cadence des travaux et l’effectif aligné laissent à désirer. Le même constat est palpable au niveau du tunnel de Sidi-Aïch, déserté par beaucoup d’ouvriers qui y effectuaient le creusement. Long d’un peu plus d’un kilomètre, ce double tunnel bitube n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Le creusement se fait à un rythme moyen. Les chantiers tournent au service minimum, et ce, faute d’argent et d’ouvriers. Cet état de fait a poussé les responsables de ses chantiers à recruter des hommes de nationalités africaines en situation irrégulière en Algérie. Ces «recruteurs» les ont «extirpés» de la rue pour les envoyer sur les chantiers de cette pénétrante. Ces hommes d’Afrique noire, une soixantaine, travaillent actuellement sur les sites à Akhnak et à Sidi-Aïch, malgré leur situation irrégulière, et pour pallier le manque d’effectifs dont souffrent les différents chantiers. Sans couverture sociale ni contrat de travail, ces «sauveurs», payés cash, sont embauché au fi de la règlementation en vigueur régissant le monde du travail. Qui a ordonné leur recrutement ? C’est la question qui taraude l’esprit de nombreux observateurs locaux. L’on se demande si la problématique du manque d’effectifs sur les chantiers de cette autoroute aurait finalement conduit au piétinement de la loi. La pénétrante de Béjaïa est conçue pour relier l’autoroute Est-Ouest à plusieurs villes côtières de la région. Annoncée en 2005, elle prend son départ au niveau de l’autoroute Est-Ouest depuis la sortie n°24 dans la commune d’Ahnif (Bouira) et aboutie à Béjaïa à travers la vallée de la Soummam. Cette autoroute, longue de 100 km traverse la wilaya de Béjaïa du sud-ouest au nord-est. Le projet a été attribué en gré à gré au groupement sino-algérien CRCC et SAPTA, en avril 2013, pour un montant de 1,5 milliards de dollars.

Rachid Z.

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