Mobilisation et prise de conscience

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Grandiose marche pacifique des lycéens et étudiants, hier, à travers les rues de Tizi-Ouzou pour réaffirmer l’attachement de la région à la cause amazighe, avec à la clé une belle leçon de pacifisme et de prise de conscience.

Tizi-Ouzou a été, en effet, prise d’assaut depuis la fin de la matinée d’hier par des dizaines de milliers d’étudiants, de lycéens, de collégiens. Les manifestants se sont rassemblés devant le portail de l’université Mouloud Mammeri, scandant des slogans favorables à la promotion et la généralisation de tamazight. La mobilisation a été une parfaite réussite. Ils sont venus d’Azazga, de Ouaguenoun, de Tigzirt, de Larbaâ, d’Ath Yenni, des Ouadhias, des Ath Douala, de Boghni, de Makouda et de toutes les localités de la wilaya. Le seul mot d’ordre retenu est la promotion et la généralisation de la langue amazighe. Les jeunes ont donné une véritable leçon de prise de conscience de manifester en force pacifiquement, sereinement et surtout dans une organisation parfaite qui n’a, faut-il le signaler, été à l’origine d’aucun heurt. La marche s’est ébranlée vers la mi-journée à partir de Hasnaoua vers le siège de la wilaya. Plusieurs carrés étaient formés et cette déferlante humaine avançait au pas. Des drapeaux, des slogans favorables à la promotion de tamazight étaient déployés. Des chants du chantre Lounès Matoub sont repris par les manifestants. Au niveau du stade du 1er novembre, une halte a été observée pour laisser place à des milliers de voix qui fusaient de partout avec la principale revendication «Assa azzeka tamazight tela tela». La marche se poursuivra jusqu’au siège de la wilaya dans une ambiance des grands jours et une organisation spontanée. Il est à préciser que tout l’axe allant du rond point (commissariat de police) jusqu’au siège de la wilaya était occupé par une foule dense qui ne pouvait plus avancer. Une déclaration du comité d’organisation a été rendue publique. La foule a rebroussé chemin vers le campus de Hasnaoua et s’est ensuite dispersée dans le calme. Une leçon de mobilisation pour tamazight a été donnée par cette jeune génération qui tient à sa langue et à sa culture maternelle, mais cette fois pacifiquement et calmement. Dommage que certains manifestants, restés sur place, s’en sont pris à la devanture du siège de la wilaya, littéralement caillassé. En effet des jets de pierres ont été enregistrés et des carreaux ont volé en éclat. Fort heureusement le calme finira par vite reprendre le dessus grace à la vigilance de la majorité des manifesté qui ont intervenu pour stopper cet écart isolé de certains intrus chauffés à en découdre.

Le collectif des comités de Hasnaoua reprend le flambeau

Dans leur déclaration, les rédacteurs ont tout d’abord repris l’historique de la revendication identitaire depuis la création du premier organisme collectif d’action de 1926, la crise dite berbériste de 1949, la guerre de 63, le printemps de 1980, le boycott scolaire de 1994, l’assassinat de Matoub Lounès en 1997 et enfin le printemps noirs de 2001 jusqu’à sa promotion en langue nationale puis son officialisation en 2016, reconnaissant «la langue amazighe a parcouru un long chemin dans son processus de réhabilitation». Et de poursuivre : «Malgré l’introduction de tamazight dans la Constitution en tant que langue nationale et officielle et dans le système éducatif, la politique linguistique du pays reste toujours la même. L’administration et ses pratiques portent gravement atteinte au caractère amazigh de l’Algérie. L’enseignement de tamazight reste toujours facultatif et n’est pas généralisé même en Kabylie». Continuant dans leur déclaration, les rédacteurs demandent «de bonnes initiatives et un plan d’urgence pour sa généralisation sur le territoire national et l’abolition de son caractère facultatif accompagné d’une loi qui obligerait son enseignement même dans les écoles privées». Dans leur déclaration, le collectif soulève une plate-forme de revendications, entre autres, une formation de qualité au profit des étudiants, l’élargissement de son champ de recherche en la dotant d’institut et d’institution, la réforme de l’éducation nationale, l’intégration de tamazight dans toutes les institutions de l’État, le recrutement des candidats diplômés en tamazight, l’abolition de son caractère facultatif et sa généralisation à tous les niveaux sur le territoire national, même dans les écoles privées et l’officialisation de la graphie latine.

Hocine T.

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