Controverses et contradictions des experts !

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Les potentialités en eau du massif du Djurdjura, sujet d’actualité et objet de controverse, ont été débattues lors d’une journée scientifique organisée, jeudi dernier, à l’université Mouloud Mammerdi de Tizi-Ouzou.

Le directeur du laboratoire des eaux de l’université Mouloud Mammeri, Dr Abdesselam, s’exprimant en marge de cette journée scientifique sous le thème «Les potentialités en eau du Djurdjura : Structure géologique et systèmes aquifères du Djurdjura-Potentialités en eau, qualité et protection», réfute, d’amblée, la thèse du Pr Saâdallah selon laquelle le massif du Djurdjura regorgerait 60 milliards de m3. «Ce chiffre peut être divisé par 100», réplique-t-il. En effet, plusieurs communications ont été présentées lors de ce rendez-vous à travers les thèmes suivants : «Les structures géologiques», «Les karstifications de surface», «Les cavités souterraines (grottes, gouffres, réseaux et conduits souterrains)», «Les systèmes aquifères du Djurdjura et leurs potentialités en eau», «Hydraulique-Exploitation de la ressource du Djurdjura : Captages, forages, barrages et dérivations», entre autres. Dans son allocution d’ouverture, le Dr Abdesselam a axé son intervention sur les objectifs assignés à cette journée scientifique. «Cette manifestation scientifique est organisée dans le cadre du projet de recherche intitulé ‘La vulnérabilité des eaux de surface et souterraines en Kabylie : caractérisation, impacts anthropiques et protection’. Elle se propose de présenter l’état des connaissances sur les potentialités en eau du Djurdjura sur la base de résultats d’études menées réellement sur le terrain par nos équipes et nos partenaires. Les différents intervenants, membres de l’équipe de recherche et non-membres, dans le cadre universitaire, ont eu à présenter des thèses de Magister et de doctorats dans les domaines de la géologie, en particulier sur les structures géologiques», soulignera-t-il, avant d’ajouter : «L’hydro-climatologie a fait l’objet de mise en service de stations de mesures des paramètres climatiques et hydrométriques. Outre les mesures de débits, les qualités hydro-chimiques et aussi isotopiques ont fait l’objet de prélèvements et d’analyses tant sur le terrain qu’en laboratoire.

«60 milliards de m3, un chiffre farfelu»

Des travaux ont été également menés dans le cadre d’études techniques pour le compte d’organismes et opérateurs dans les domaines de l’eau (Parc National du Djurdjura, Directions de l’hydraulique, APC et particuliers pour les eaux minérales…)». Selon les intervenants, les études morphologiques du karst du Djurdjura et son exploration spéléologique ont été abordées dès les années 1940 et ont été poursuivies par des équipes de spéléologie françaises, belges et espagnoles et des clubs locaux (Béjaïa – Ath Yenni et Boufarik). De nombreux articles en spéléologie lui ont été consacrés (Belin, 1941 et 1948; Birebent, 1948 et 1953, Quinif 1973, 1975, 1976, 1977, 1978 et 1983 avec Collignon; Collignon et Maire, 1983, 1984, 1985 et 1990…). Approché par nos soins, le Dr Abdesselam précisera : «Nous avons organisé cette journée pour montrer ce qu’on fait, ce que fait notre équipe du laboratoire. Nous sommes sur le terrain et nous travaillons sur l’eau du Djurdjura depuis des dizaines d’années. En connaissance de cause, nous ne pouvons pas dire qu’il y a autant d’eau que le Pr Saâdallah avançait. Il y a beaucoup d’eau certes, mais pas autant. C’est vraiment beaucoup le chiffre de 60 milliards de m3. C’est un chiffre farfelu. L’extension de Djurdjura n’est pas énorme. La masse des calcaires n’est pas aussi importante que ce qu’il dit. On peut diverger sur la formation de cette montagne, sur sa genèse, sur le comment, parce qu’il y a des arguments qui sont plus au moins évolués, des investigations, plus au moins profondes, mais on ne peut pas quantifier autant de roches. Selon le volume qu’il y a, on lui admet un certain pourcentage de vide, et ce vide peut être occupé par de l’eau. En conclusion, moi je divise le chiffre avancé par 100 pratiquement. L’extension du calcaire est très limitée. Les chaines qu’on a mesuré c’est 80 m&sup2,; c’est vraiment très faible. Et puis il y a des forages qui sont faits, pour certains, ils sont négatifs».

F. E.

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