Quand la société civile se substitue à l’état

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Le système de santé dans la wilaya de Bouira, comme partout à travers le pays, se débat depuis quelques années dans des problèmes inextricables. Manque de capacité d’accueil et de praticiens, prestations de service dégradées, gestion approximative… sont autant d’écueils qui se posent et qui font que le secteur peine à sortir la tête de l’eau. Ces dernières années, malgré tous les moyens mis par l’Etat pour redresser ce secteur et surtout les réformes menées par l’ancien ministre de la Santé Abdelmalek Boudiaf, la situation n’a pas beaucoup évolué. Les prestations sanitaires laissent toujours à désirer et les patients, surtout les moins nantis, éprouvent toujours des difficultés à accéder aux soins. Souvent livrés à eux-mêmes, les malades sont ballottés d’un hôpital à un autre, parfois orientés vers le privé avec tous les coûts que cela engendre, ou font carrément appel à la population pour les besoins de soins à l’étranger. Des cas comme ces derniers, il en existe des dizaines à travers la wilaya de Bouira. Des parents de patients qui sollicitent l’aide de la société civile pour les besoins de prise en charge à l’étranger est édifiant. Ceci renseigne à la fois de l’incapacité de nos hôpitaux à traiter certaines pathologies et surtout de la défaillance des services de l’Etat lorsqu’il s’agit de venir en aide à des patients démunis dont les maladies nécessitent une prise en charge à l’étranger. À travers la wilaya de Bouira, à deux reprises, il avait fallu une forte mobilisation citoyenne pour venir en aide à deux malades qui nécessitaient des soins à l’étranger. Le cas de Lydia Tamourt, une adolescente atteinte d’une forme d’un cancer rare a marqué les esprits à Bouira. En janvier 2016, des centaines de gens, associations et artistes s’étaient mobilisés des semaines durant pour réunir deux (2) milliards 500 millions de centimes pour permettre à cette adolescente de se soigner dans un hôpital parisien. La campagne baptisée «Sauvez Lydia !» avait suscité un formidable élan de solidarité depuis M’Chedallah, ville d’origine de cette enfant. La mobilisation citoyenne a fini par payer. La somme nécessaire destinée au financement des soins a été récoltée et la fille a pu être transférée en France. Malheureusement, l’adolescente décédera dans les semaines qui ont suivi son transfert à Paris. Au cours de la même année 2016, un nouveau cas, celui d’Aissa Arbane, un enfant de Chorfa atteint d’une leucémie a nécessité la mobilisation citoyenne. Là encore, citoyens, associations et artistes étaient au rendez-vous. Un gala de charité animé par Hacene Ahres et Mohamed Lamraoui a été organisé à Chorfa et les recettes ont été reversées à la famille de l’enfant malade. L’élan de solidarité qui a suivi le SOS lancé par la famille de l’enfant Aissa a permis de collecter la somme de 163.000 euros nécessaire au financement des soins en France. Dans les deux cas, les pouvoirs publics ont brillé par leur absence. Alors que pour les pathologies nécessitant des soins à l’étranger, la CNAS est censé intervenir pour prendre en charge les frais médicaux. Mais à Bouira, sur une dizaine de cas similaires, à aucun moment cet organisme ne s’est manifesté ou répondu présent. L’on apprend par ailleurs que depuis quelques semaines, une campagne est en cours pour venir en aide à la petite Ines, une fillette d’El Esnam atteinte de troubles physiques au niveau des muscles du périnée et du sphincter urinaire. Là encore, la mobilisation est quasi quotidienne pour permettre à cette malade de subir une intervention chirurgicale vitale qui pourrait lui sauver la vie.

Djamel M.

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