Sidi-Aïch peine à retrouver ses repères

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La commune de Sidi-Aïch, située à 45 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa et traversée par l’oued Soummam, peine à retrouver ses repères donnant même une image désolante.

Le nouvel exécutif communal issu du scrutin du 23 novembre 2017 a du pain sur la planche. Le lourd fardeau hérité risque d’être pénible pour la nouvelle équipe, tant les manques à combler sont très nombreux. Coupée en deux par l’oued Soummam, la ville de Sidi-Aïch est devenue exiguë à cause de son emplacement et d’une extension impossible à réaliser. Outre la rareté du foncier, l’investissement dans cette localité est inexistant et aucune zone industrielle n’est mise en branle.

La loi des ambulants…

Sur la ruelle dite du 1er novembre, un stationnement anarchique et des bouchons interminables sont constatés. Des commerçants ambulants étalent leurs marchandises sur les trottoirs, gênant considérablement les piétons. À la sortie de la ville, en allant vers El-Kseur, une mini gare routière a été réalisée à coup de millions de dinars mais se trouve, mystérieusement, dans un état d’abandon total, laissant place à des stations de fourgons anarchiques dans chaque recoin de la ville et qui gênent inéluctablement piétons et circulation automobile. La commune dispose d’un centre de diabétologie doté d’un médecin spécialiste en la matière. Ce centre est venu à point nommé rendre de grands services aux diabétiques par des prises en charge systématiques. Comme chef-lieu de daïra en quête de développement dans le domaine de la santé publique, il est doté d’un établissement de soins de proximité (EPSP) à caractère intercommunal qui coiffe plusieurs polycliniques et centres de soins relevant des communes et daïras différentes. La localité est pourvue aussi de plusieurs centres de santé pour les soins infirmiers et d’un centre d’hémodialyse. La scolarisation, une fierté locale, cette commune est dotée d’infrastructures suffisantes : quatre lycées dont un Technicum, trois CEM, sept écoles primaires, un CFPA et un INFSP. Néanmoins, depuis quelques années déjà hormis quelques projets, à l’exemple de la bibliothèque, la salle des fêtes municipale, l’esplanade de Maâla (marché de proximité également à l’abandon), le bitumage des rues et ruelles, aucun autre projet d’envergure n’est venu sortir la ville de sa léthargie.

Où est passée l’horloge géante de la daïra ?

«Le comble c’est que même la géante horloge mythique datant de plus d’une décennie se trouvant au sein du siège de la daïra a disparu. Nul n’est au courant où est passée cette belle horloge, surplombant la ville et qui a accompagné des générations. Il n’y a que le trou béant qui en reste», dira avec amertume Omar, membre actif dans une association de la ville. À vrai dire, la disparition de cette horloge reste une énigme à plusieurs inconnues. Selon notre source, un horloger de la ville s’est même proposé pour «arranger» le petit bobo dont elle souffrait, mais en vain. S’agissant de loisirs et distractions, la ville ne dispose ni d’une grande salle de spectacles ni d’un comité de fêtes, et ce depuis des années. Aussi, le football, sport roi qui a ses nombreux adeptes, la SSSA, un club de football créé en 1928 et ayant même évolué en nationale 2, est toujours dépourvu d’un stade en gazon artificiel. Néanmoins, si pour l’exécutif fraîchement installé, le «redressement» se fera, il n’en demeure que pour l’opposition et certains citoyens, le prochain quinquennat sera «comme les précédents.» Au niveau du siège de l’APC de Sidi-Aïch, malgré quelques «replâtrages», aucun intérêt n’a été accordé à la gestion des ressources humaines, ce qui a engendré une incapacité de répondre aux besoins de la population, l’absence de compétence dans l’ensemble des services, clochardisation de l’institution et émergence de clans. Cet état de fait pénalise énormément les citoyens ce qui nécessite, illico presto, l’engagement des réformes dans la gestion des ressources humaines au sein de cette administration communale.

La décharge, une image de désolation

«L’entrée de l’agglomération est indiquée non pas par une enseigne, mais par la présence d’une décharge sauvage au bord de la route.» C’est le constat amer fait par un citoyen de la ville de Sidi-Aïch dans la wilaya de Béjaïa qui tire la sonnette d’alarme sur la prolifération des décharges sauvages. Mais où jeter tous ces déchets de la ville de Sidi-Aïch devenue ces dernières années un dépotoir à ciel ouvert. La décharge publique de Sidi-Aïch, implantée à l’entrée de la ville, à proximité de la RN26, illustre on ne peut mieux la légèreté avec laquelle est pris en charge ce volet important et qui a un rapport direct avec la santé publique. Et c’est dans ce sens qu’une association de la localité a, maintes fois, tiré la sonnette d’alarme. Dans une de ses déclarations, elle a interpellé les autorités locales : «Notre commune connaît une situation dramatique sur le plan écologique et environnemental qui menace la santé publique, causée par la décharge communale, d’où émanent des odeurs nauséabondes et incommodantes provenant de l’incinération des ordures avec des moyens primitifs utilisés en brûlant les déchets. Une situation déplorable supportée par les citoyens qui ont peur pour leur santé et celle de leurs familles, en raison des émanations polluant l’air et l’environnement. Notre appel est adressé aux autorités concernées afin d’intervenir, car il y a urgence. Les citoyens sont affectés par l’odeur pestilentielle qui se dégage et qui les oblige à se cloîtrer chez eux, fermant ainsi portes et fenêtres pour échapper à cette odeur insupportable. Que les concernés interviennent car la santé des innocents est menacée.» Cela dénote, encore une fois, que la problématique de la gestion des ordures ménagères reste entièrement posée, aussi bien au chef-lieu de wilaya que dans la majorité des communes que compte la wilaya de Béjaïa. Depuis l’hôpital Rachid Belhocine, un établissement public hospitalier (EPH) situé sur les hauteurs de la ville de Sidi-Aïch, la fumée provenant de cette décharge a couvert tout le périmètre d’odeurs incommodantes durant la nuit du 14 janvier 2018. C’est dire que cette décharge est une véritable menace pour les citoyens de cette municipalité. Une «équation» à résoudre pour les nouveaux responsables de la mairie, fraîchement installés. Outre cette décharge qui donne une image de désolation, des odeurs nauséabondes se dégagent des eaux de la Soummam, un phénomène nouveau qui en dit long sur le degré de pollution de cette zone humide et qui a fait son apparition depuis septembre 2014. Il s’agit de la mort massive et mystérieuse de poissons, notamment dans la partie en aval allant de Sidi-Aïch vers Béjaïa. Après l’hécatombe de 2014, imputée à une éventuelle teneur en chlorures dans l’eau, le phénomène a refait surface l’année dernière, à la faveur de la saison estivale. En effet, d’importantes quantités de poissons retrouvés morts sur le rivage ou flottant sur l’eau ont été constatées par les citoyens de la vallée, notamment à Sidi-Aïch. À ce sujet, les citoyens de la localité attendent avec impatience les résultats de l’enquête que mène actuellement la cellule de surveillance, chargée du contrôle des eaux de l’Oued Soummam, qui vient d’être mise en branle par la direction de l’environnement de la wilaya de Béjaïa. Cette cellule de surveillance est composée de chercheurs, de représentants des directions de la pèche, des forêts et de l’environnement, des représentants du mouvement associatif et des chercheurs dans le domaine. Ce groupe de travail a pour mission de déterminer les origines de la pollution de l’Oued Soummam, qui engendre une mort massive de poissons, et de faire office de contrôle de ses eaux. Dans ce chapitre hygiène et environnement, l’exécutif communal sortant, dans son bilan 2017, révèlera pourtant qu’ «un saut qualitatif est constaté durant ce mandat, malgré toutes les entraves rencontrées, les incivilités qui persistent et refus du gouvernement d’adopter une politique réelle pour le traitement des déchets (gel de l’opération de réalisation d’un centre d’enfouissement technique). Il y a eu, néanmoins, dotation du bureau de voirie en moyens, renforcement du parc roulant, aménagement de la décharge par la réalisation d’un quai de déchargement et d’une clôture.»

Rachid Z.

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