Le foncier industriel, ce bien mal aimé !

Partager

La wilaya de Tizi-Ouzou, malgré les efforts, demeure à la traîne en matière d’investissement et de développement économique.

Alors que la politique générale de l’Etat va vers une décentralisation dans les différents domaines, pour permettre une gestion locale plus maîtrisée, les zones d’activités et les zones industrielles ont été affiliées, au début de cette année, à une entreprise nationale. La SOGI, qui gérait jusque-là ces zones dans la wilaya, a été absorbée et fusionnée par le groupe DIVINDUS. Une démarche qui concerne néanmoins toutes les régions du pays, qui selon le premier responsable de cette entité à Tizi-Ouzou, «vise à créer une synergie et des moyens supplémentaires pour former une force de proposition». Il précisera que ça rentrait dans le cadre de la restructuration du secteur public. La wilaya de Tizi-Ouzou compte une seule zone industrielle et 13 zones d’activités, créées en majorité dans les années 80. La zone industrielle d’Oued Aïssi a été créée en 1973. Sa gestion est revenue à la SOGI en 2013. Ces zones sont globalement, selon le responsable M. Tabet Mohand Arezki, dans un état usé et dégradé, bien qu’elles aient été réhabilitées au début des années 2000. Ce qui laisse clairement entendre le manque d’entretien au niveau de ces zones. L’on citera, entre autres : la zone d’Azzefoun, 10 hectares, créée en 1988. Le nombre d’investisseurs est de 49 privés et 1 opérateur public. Le nombre de lots composants cette zone est de 77. L’agroalimentaire est l’activité principale pratiquée par les investisseurs, en plus de la métallurgie. La zone de Boghni, 14 hectares, 47 opérateurs privés et 1 public. L’activité principale est aussi l’agroalimentaire, plus le bâtiment, le bois, le matériel électronique et l’optique ; la zone de Draa Ben Khedda, créée en 1988, une des plus grandes zones d’activité dans la wilaya, 41 hectares. Elle est composée de 134 lots affectés, dont 104 lots exploités et 30 non exploités. Le nombre d’opérateurs économiques et de 105 ; la zone de Fréha, créée en 1990, sa superficie est de 13 hectares. Celle-ci est composée de 53 lots dont 51 affectés. 27 lots sont exploités, tandis que 24 autres ne le sont pas. L’agroalimentaire à 30% et les matériaux de construction à 27% sont les deux activités émergentes ; la zone de Mekla, créée en 1986, 12 hectares. Elle compte 59 lots dont 46 exploités et 12 non-exploités. Le nombre des operateurs privés est de 41 et 1 public ; la zone de Larbaâ Nath Irathen, 12 hectares, 60 lots dont 56 affectés, 30 exploités et 26 non exploités. Il y a aussi la zone d’Aïn El Hammam, 3 hectars, 32 lots dont 16 lots affectés, 9 non exploités. Si ces zones sont plus ou moins aménagées, 4 autres ne le sont pas du tout. Il s’agit notamment de celle d’Azazga, 34 hectares. Le responsable de la SOGI fera savoir qu’elle est prise en charge par le wali, qui a fait d’ailleurs une prés-affectation de 11 lots sur les 15 existants à de grands investisseurs de l’extérieur, dans la grande industrie, précisera-t-il. «Le permis de lotir est en cours de publication, dès que ça sera fait, le wali va procéder à l’établissement des arrêtés pour établir des actes de concessions pour commencer les investissements», a-t-il ajouté. Dans la même situation, il y a les zones de Boudjima 12 hectares, de Draâ El-Mizan qui souffrent d’oppositions, au même titre que celle de Tizi-Gheniff. Notons que la zone de Tala Athman appartient à la commune.

Impact négatif sur l’économie

La majorité de zones sont dans un état dégradé et usé, fera savoir le responsable. Malheureusement, la SOGI n’a pas les moyens nécessaires à leur réhabilitation. Ces zones d’activités souffrent de plusieurs problèmes, notamment l’insécurité, l’absence de l’AEP, gaz, assainissement, éclairage, voirie… La nouvelle démarche de la fusion nourrit l’espoir de régler ces problèmes. A priori, les opérateurs économiques devraient participer en payant leurs cotisations. Chose qui ne se fait pas à Tizi-Ouzou, regrettera le responsable. Quelque 450 investisseurs au niveau de ces zones et 70% d’entre eux ne payent pas leur quote-part. La SOGI a quelque 180 millions de dinars de créances impayées auprès de ces investisseurs, de quoi réhabiliter trois zones, fera-t-il savoir. «Ça freine l’investissement au niveau de la wilaya. La loi les oblige pourtant à payer. La SOGI n’a pas d’enveloppe, donc c’est à travers leurs cotisations que nous devons payer les différents travaux d’entretien et de sécurité. Cela a d’ailleurs souvent abouti à la justice», dira-t-il encore. Sur l’impact de cette situation sur l’investissement, M. Tabet le qualifie «bien sûr de négatif», il parle carrément de la nécessité d’avoir «du courage» pour venir investir. «Il faut beaucoup de courage et de volonté aux investisseurs pour s’installer. Certains le sont et viennent investir, ceux qui fuient ne sont pas de grands investisseurs. C’est un acte citoyen avant tout d’investir dans son pays. Hormis les quatre zones non aménagées, les autres sont praticables, avec un effort. On investit pour créer de la richesse pour sa région, créer de l’emploi booster le développement local», ajoutera le responsable. Dans plusieurs zones d’activités de la wilaya de Tizi-Ouzou, notamment celle de Mekla, le foncier industriel est détourné à des fins sociales. Les normes de créations des unités économiques ne sont pas respectées, ces zones ont été transformées en zones d’habitation. «Des constructions illégales sous couvert d’unité industrielle», explique M. Tabet. La responsabilité, selon le responsable, incombe dans un premier temps aux services d’urbanisme qui, dira-t-il, « n’ont pas fait leur travail. La SOGI est aussi responsable». Cette dernière a entamé une procédure judicaire contre ces personnes après les avoir recensées. Ils sont 37 dans cette irrégularité.

Kamela Haddoum.

Partager