Les saisons et ce qu’elles renferment

Partager

S. Ait Hamouda

Le passé, le présent et le futur sont des temps qui se conjuguent à l’instant de l’indicatif. Et l’instant se décline à tous les temps. Malheureusement, il existe des instants lourds pour le petit travailleur, qu’il ne peut porter sur ses épaules, quand bien même il serait prêt à se charger jusqu’à ne plus pouvoir, à traînasser avec force, à les assumer quelle que soit la saison, quel que soit le climat, quelle que soit la météo, mais il n’arrive pas, il ne peut pas, ses forces l’ont quitté. Il est fourbu, fatigué, toutefois il se démène comme un diable pour exaucer ses vœux et ceux de sa famille. Il ne pense pas à faire grève, il ne songe pas à protester, il veut seulement travailler, suer tout son saoul, jusqu’à ne plus sentir son corps et gagner de quoi sustenter sa faim, sa soif et un tant soi peu d’amusements. Rien ne semble lui convenir, malgré le surcroît d’efforts qu’il investit dans l’ouvrage. Il est ouvrier, il est «zoufri» à la petite semaine, tâcheron des jours sans ou avec, il ne se souvient pas du temps qui passe avant qu’il ne trépasse, ses efforts il les fourgue à qui veut bien les prendre pour en faire un semblant de travailleur syndiqué, qui ne défend en rien ni ses collègues ni ses proches. Il fait tout simplement semblant de tout faire à l’emporte-pièce et se complait dans l’illusion d’avoir su se comporter en bon salarié et puis advienne que pourra. Qu’on le malmène, qu’on le brutalise, qu’on le torture, il résiste à tous les dépassements et laisse le temps passer. Qu’il conjugue à n’importe quel temps, le passé, le présent ou le futur, il s’en fout ! Toutes ces conjugaisons ne tiennent compte que des nuits et des jours qui défilent, en nous écrasant un peu plus au détriment de ce que nous attendons. Qu’importe les climats cléments ou mauvais, puisque l’essentiel est de les compter…

S. A. H.

Partager