Plusieurs localités en difficulté

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Lorsque le niveau de remplissage des barrages de Taksebt et de Koudiet Asserdoun est bas, on a mille raisons de s’inquiéter pour l’alimentation en eau potable des deux wilayas et des milliers de villages qu’elles totalisent. Taksebt n’est, en effet, qu’à 37% de remplissage.

Les responsables comme la population scrutaient le ciel et imploraient sa générosité pour assurer une saison estivale sans pénurie d’eau. Maintenant que les nuages libèrent leur trésor, la population, quoique satisfaite de voir ses vœux exaucés, fait face à de multiples désagréments. En effet, les tracas sont nombreux dus, pour la plupart, au laisser aller des responsables concernés. Certains citoyens ne sont non plus exempts de responsabilité. Pour constater de visu l’état des lieux à travers les villages et chefs-lieux de communes et de daïras, nous avons effectué une virée travers les communes de Souk El Tenine, Mechtras, Aït Bouadou, Tizi Ntléta, Ouadhias et Agouni Gueghrane.

Le chef-lieu de Souk El Tenine, un grand bourbier

Le chef-lieu communal de Souk El Tenine, au sud de Tizi-Ouzou, s’est transformé en quelques minutes, hier, en un véritable bourbier. La gadoue a envahi la ville. Les travaux d’aménagement urbain réalisés il y a quelques années avaient été salués par les habitants et les usagers, croyant que le désordre, la saleté, les eaux stagnantes et la gadoue n’allaient être qu’un mauvais souvenir. Hélas, ce n’est pas le cas. A la moindre averse, la ville se transforme en marécage boueux, tant les avaloirs et les canaux de drainage des eaux de pluie sont insuffisants et mal entretenus. Un habitant déplorera : «Lors du lancement des travaux d’aménagement, nous avons réellement espéré voir notre une ville plus propre et plus attrayante. Mais hélas, des mois après, l’anarchie et la gadoue caractérisent toujours notre chef-lieu. Les responsables communaux, l’ADE et les entreprises sont appelés à faire le nécessaire pour nous éviter d’avoir les pieds dans l’eau et la gadoue à la moindre averse». En effet, hormis les quelques poteaux d’éclairage public et les trottoirs, rien d’autre n’a été fait. La ville est restée telle qu’elle était il y a des décennies. L’insalubrité, les mares d’eau, la gadoue ou la poussière sont le quotidien des habitants, sans parler de l’anarchie quotidienne de la circulation.

A Mechtras, les pieds dans l’eau

A quelques kilomètres de Souk El Tenine, c’est la vallée de Mechtras qui s’étend, avec son lot de soucis et de désagréments. Autrefois riche en ressources hydriques, la sécheresse y a sévi ces dernières années. Même les fontaines, du roi et de Tala Neslama, ont vu leur débit dépérir. La pluie et la neige sont indispensables et les prières ont été entendues. Mais, la négligence et l’insouciance des hommes ont là aussi causé des dégâts. Hier, alors qu’une pluie presque fine faisait son apparition, le CW147 et la RN30 se sont transformés en lits de rivière battus de flots d’eau et de boue. Les canaux de drainage sont là aussi presque inexistants et les avaloirs sous-dimensionnés, du coup, l’eau se déchaîne sur la chaussée. Pour s’en apercevoir, il suffit d’une virée au quartier Alma Neslah, aux environs du stade communal et au centre-ville au niveau de Tabarakt. Les torrents de pluie et la gadoue ont pris possession des lieux. Du côté du quartier Malki, des trottoirs, réalisés il n’y a pas quelques semaines, sont labourés et les pavés arrachés sur une bonne longueur. La ville de Mechtras a réellement besoin de meilleurs travaux d’aménagement. Le nouvel exécutif communal a du pain sur la planche.

A Ouadhias, des cratères sur tout l’axe principal

A Tizi Ntléta, toujours au sud de Tizi Ouzou, les mêmes tracas et les mêmes désagréments sont enregistrés à chaque intempérie. Le chef-lieu communal baigne lui aussi dans la gadoue. Du côté de la station des fourgons, la route est tellement dégradée qu’elle s’apparente à un gruyère plongé dans un bain de boue. Par endroits, les travaux d’amélioration urbaine n’ont pas du tout été réalisés, pas même des trottoirs. Dans les villages, les canaux d’évacuation et de drainage des eaux pluviales n’ont ne sont pas entretenus et les eaux pluviales débordent sur les chaussées charriant différents objets. Au niveau du quartier Tala, en aval de Tizi Tsoukit, les habitants sont toujours menacés par les inondations. Les eaux pluviales s’accumulent. L’ensemble des ouvrages busés sont bouchés. A Ouadhias, double chef-lieu de commune et de daïra, le constat n’est pas meilleur. Le visiteur est accueilli par des flaques d’eau, des trous et des crevasses en plusieurs endroits de la route nationale n°30. Une route nationale qui n’en a que le nom. A partir du quartier Eucalyptus, commence un marécage boueux. La nature argileuse du sol complique davantage la situation. Au niveau des cités et des quartiers, notamment celui près de l’ancien abattoir, lorsque le talweg (fond d’une vallée) des Ouadhias déborde, il faut tout bonnement fuir. Les habitants de ce quartier nous ont d’ailleurs à plusieurs fois contacté pour dénoncer l’état des lieux et le risque encouru hiver comme été. «En hiver surtout, le talweg déborde d’eaux qui envahissent le quartier et le transforment en un gigantesque marécage de boues pestilentielles. En été, nous respirons un air chargé d’odeurs nauséabondes et les rats, les chiens errants, les nuées d’insectes et même des reptiles prennent place à tous les recoins», se plaignent les habitants.

Agouni Gueghrane, route coupée à Aït Ergane

A Agouni Gueghrane, une région montagneuse, la situation est tout aussi déplorable. Le chef-lieu est un village. Les travaux d’aménagement urbain sont une chimère. Ni avaloirs, ni même le moindre canal d’évacuation. Les habitants se débrouillent comme ils peuvent, comme au bon vieux temps. A Aït Ergane, à plus de 1 000 mètres d’altitude, les villageois se sont résignés à ne compter que sur eux-mêmes, notamment en hiver. Dès que la neige a fait son apparition, la route était coupée. Un villageois dira : «Nous vivons comme par le passé. Il y a près de 10 cm de neige par endroits et un éboulement a achevé de couper la route menant au chef-lieu. Nous espérons néanmoins que les engins de l’APC interviendront très vite. Dans le cas contraire, nous compterons sur nos jambes. Nous interpellons les autorités compétentes concernant surtout le gaz naturel, nous n’en avons toujours pas et les températures descendent très bas». A Ait Bouadou, une autre commune rurale et montagneuse, la situation est nettement meilleure, puisque le gaz naturel est arrivé dans tous les foyers. Le taux de raccordement est presque à 100%. «La neige tombe mais ne tient pas. Nous sommes sur le terrain et tous les moyens de l’APC sont mobilisés pour parer à toutes les situations», nous apprendra le maire. Le constat est fait. La situation est loin d’être maitrisée dans de nombreuses communes et de nombreux villages. Et cette année, même si elles étaient espérées, les fortes précipitations et les importantes chutes de neige font craindre le pire. Le cauchemar des tempêtes de 2005 et de 2012 est toujours vivace dans les esprits.

Hocine T.

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