La CNET en faveur de la graphie latine

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La Coordination nationale des enseignants de tamazight (CNET) condamne, dans un communiqué, «l’attitude attentiste et effacée des autorités devant des expressions franchement racistes et attentatoires à l’amazighité, pourtant consacrée comme un des fondements de l’Algérie plurielle». Dans son document, la CNET, tout en observant qu’«il n’y a pas de lien intrinsèque entre une langue et l’alphabet qui lui sert de support, qu’une pratique séculaire faite d’efforts de grammatisation, normalisation /standardisation ont abouti à une tradition scripturaire établie et quasi-stabilisée», tient à réitérer «son engagement le plus absolu en faveur de la graphie latine, seule graphie efficiente à même de venir à bout de la variation en langue amazighe». À propos du projet de généralisation de l’enseignement de tamazight, conformément à son statut de langue officielle, la CNET estime qu’il «devrait être intégré et pris en considération dans tous les domaines de la vie de la société, comme les différents paliers de l’enseignement, la communication, la justice, etc.» Et de préciser : «Sa généralisation dans l’enseignement, devant être précédée d’un aménagement linguistique nécessaire et suffisant, doit prendre en ligne de compte les plans pédagogique et géographique. Ainsi, la Coordination nationale des enseignants de langue amazighe exige que l’enseignement de tamazight soit une réalité partout et pour tous, à partir du préscolaire, avec l’intégration de tamazight comme épreuve à l’examen d’accès en première année du collège», plaide la CNET, exigeant au passage la mise à jour de la loi d’orientation sur l’Education nationale n° 08-04 du 23 janvier 2008 pour mettre un terme au caractère facultatif de l’enseignement de tamazight, et pour que son enseignement revête un caractère obligatoire. Dans le cas contraire, précise-t-on, «le projet de généralisation de l’enseignement de tamazight buttera sur le problème du statut de cet enseignement, et on ne saurait parler de généralisation sans au préalable mettre un terme à l’obstacle que représente le caractère facultatif, à l’instar de ce qu’il en est des autres matières», soulignant suivre de près l’évolution de la dimension amazighe et de tout ce qui s’y rapporte. Par ailleurs, la CNET se félicite, dans son communiqué, «des derniers développements que connaît la question amazighe et enregistre avec satisfaction les acquis obtenus que sont le déclanchement du processus de généralisation de l’apprentissage de la langue amazighe à travers le territoire national, la création de l’Académie de langue amazighe et l’institution de Yennayer journée chômée et payée», soutenant que ces acquis ont été arrachés de haute lutte. «Saluant cette avancée en matière de statut politique que consacre la constitution pour tamazight et l’enrichissement du paysage institutionnel dans le domaine amazigh par la mise en place d’un centre national de recherche en langue et culture amazighes(CNRLCA) et le projet imminent de création de l’Académie, la CNET rappelle néanmoins que le combat pour tamazight ne saurait être réduit à la défense des seuls aspects linguistiques», lit-on dans le communiqué de la CNET. Pour elle, «le combat identitaire amazigh dépasse largement celui de la langue. Aussi, et œuvrant pour une reconnaissance claire du fait amazigh et pour une politique linguistique qui offre à tamazight sa place légitime qui lui sied en tant que langue nationale et officielle», tout en dénonçant «le fossé qui s’est creusé entre le discours officiel et pompeux sur la question et la gestion réelle sur le terrain qui renseigne sur une situation lamentable». Plus loin, la CNET, tout en se déclarant consciente de l’importance du soutien et l’accompagnement des militants, déplore «l’existence de foyers d’hostilité au fait amazigh, qui se manifestent à travers leurs relais arabo-islamistes pour entretenir l’amalgame entre la langue amazighe et la graphie utilisée pour sa notation. Aussi, elle dénonce avec vigueur les multiples manœuvres de ce courant ayant combattu tamazight des années durant, qui manipulent l’opinion nationale sur le terrain de la graphie et entretiennent la supercherie quant au prétendu rapport entre la graphie, la langue et la religion».

D. S.

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