«Diversifier la production»

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Le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, a honoré, avant-hier, à Boumerdès, les élus locaux du parti, revenant pour l’occasion sur les différents thèmes de l’actualité nationale.

Le registre économique, notamment, a été abordé dans l’intervention du président du MPA à Boumerdès, où il a honoré les 67 élus du parti de la wilaya, dont le président de l’APW, Azeddine Gana. Dans son allocution, Benyounès a insisté sur la nécessité d’entreprendre des réformes urgentes et profondes pour éviter l’aggravation de la situation économique du pays. Faute de quoi, prévient-il, «le risque d’une déstabilisation sociale est réel». Benyounès plaide pour des solutions économiques, en appelant à «s’éloigner des solutions administratives et/ou politiques qui n’apportent, à vrai dire, que des résultats à court terme», dira-t-il. Par ailleurs, il a averti contre l’isolement : «Economiquement, nous ne pouvons nous isoler du reste du monde, nous devons nous adapter à ce qui s’y passe (…) Nous ne pouvons pas nous battre contre la mondialisation», assènera-t-il. Le premier responsable du MPA, revenant sur ces déclarations à Jijel qui ont été «mal interprétées», dira-t-il, démentira avoir parlé de privatisation de toutes les entreprises publiques. Evoquant le cas d’Air Algérie, il a rappelé ses déclarations «qui n’étaient en fait que des questionnements», explique-t-il. «On n’est pas pour la privatisation de toutes les entreprises publiques. Je n’ai jamais parlé de privatiser cette entreprise. Ce que j’ai dit, c’est que cette compagnie est touchée par un déficit de 11 milliards de dinars. Je me suis posé la question de savoir qui va payer ce déficit. Nous savons par ailleurs, tous, que ce sera le Trésor public, ce déficit sera payé par l’argent du peuple. Pourquoi quand il y a des bénéfices ils ne profitent qu’aux dirigeants et aux travailleurs et quand il y a des pertes c’est au Trésor public de les assumer ?!», s’est interrogé l’ex-ministre du Commerce. M. Benyounès expliquera ensuite, clairement, la position de son parti : «Je suis contre toute discrimination entre les entreprises publiques et les privées». Et d’ajouter : «Ce sont des Algériens qui travaillent dans ces entreprises. Près de 60% de la population travaillent dans le secteur privé. Il faut protéger les travailleurs de tous les secteurs et de toutes les entreprises, y compris les étrangères, car elles emploient des Algériens». Amara Benyounès évoquera ensuite le dossier du commerce extérieur, qu’il maîtrise, ayant été ministre du Commerce et le premier à instaurer la loi sur les licences d’importations, qui concernaient à l’époque deux produits : le ciment et les voitures. A ce propos justement, il dira : «Le problème en Algérie n’est pas l’importation, mais le manque de production», plaidant pour «la diversification de la production et la protection du consommateur». Toujours dans le même sillage, Amara Benyounès défendra les importateurs et relèvera le problème de la surfacturation, «une pratique dont les pays asiatiques sont connus pour être des adeptes», dira-t-il. Le président du MPA a par ailleurs défendu la nécessité d’aller «vers une économie de marché et de libre échange et vers l’intégration de l’OMC», disant «redouter le désinvestissement». Revenant sur le sujet des grèves, il a insisté sur le droit constitutionnel à la grève, soulignant que les problèmes «doivent être réglés par le dialogue, jamais par des menaces». Il a salué les efforts du ministère de l’Education et la décision du Cnapeste d’arrêter la grève. Concernant le problème des médecins résidents, Benyounès a, là aussi, appelé à «ne jamais rompre le dialogue», interpellant les protestataires sur «la nécessité de savoir quand arrêter une grève». A propos de l’élection présidentielle, le chef de parti a estimé que le défi de ceux qui se présenteront à cette échéance «sera économique». «Il faut avoir un programme politique et économique clair, ce qui n’est pas le cas de plusieurs partis qui n’ont pas une vision claire là-dessus», estimera-t-il. Pour finir, Benyounès déplorera «le niveau bas du discours politique, ces derniers temps», le qualifiant de «discours de caniveaux», notamment celui incitant «au régionalisme et au racisme».

Kamela Haddoum.

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