«Impliquer les citoyens dans la gestion»

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Le maire d’Aït Smaïl, M. Sadek Rebai, d’obédience FFS, évoque dans cet entretien les nouveautés qui marquent son mandat, tout en faisant le point sur l’état d’avancement des projets en cours de réalisation sur le territoire de sa commune.

La Dépêche de Kabylie : Parlez-nous de votre nouveau mandat ?

Sadek Rebai : Le mandat ne fait que commencer. Il va falloir beaucoup d’attention, d’engagement, de patience et surtout de moyens pour satisfaire, ne serait-ce qu’un minimum des besoins croissants des populations des zones montagneuses, telle que la nôtre. En dépit des efforts et le dynamisme de l’assemblée populaire communale précédente, la croissance et le développement dans notre commune demeurent insuffisants, sachant que les communes montagneuses ne sont toujours pas priorisées par rapport aux communes côtières, chefs-lieux de daïra ou grandes villes. Cet état de fait représente l’une des sources du brasier social qui menace toute stabilité des populations dans les communes montagneuses. Si nous voulons une stabilité, il est plus qu’indispensable de donner les moyens aux communes. Si nous regardons les indices dans tous les volets, nous constaterons que nous cumulons un retard énorme. Avec tout cela, nous assistons malheureusement à une politique d’austérité qui a réduit l’aide publique au développement des communes qui n’ont pas de ressources pour se prendre en charge. Notre programme n’est alors rien d’autre qu’un programme de lutte. C’est pour cette raison que nous allons conjuguer nos efforts avec nos élus de l’APW et de l’APN, pour mener à bien notre programme et répondre aux exigences de toute la population. Au-delà des moyens financiers, nous allons bien sûr faire de notre mieux pour impliquer les citoyens dans la gestion des affaires de la commune à travers le mouvement associatif.

Vous voulez dire qu’avec cette politique d’austérité la gestion des communes devient plus difficile ?

Exactement. Le fonctionnement des communes devient de plus en plus difficile avec le manque de subventions et le gel des recrutements. Le citoyen commence à sentir l’étau se resserrer autour de lui après les lois, je dirais antisociales, promulguées en décembre dernier. Malgré la situation des plus délicates que traverse le pays, une crise multidimensionnelle aggravée depuis la chute des prix du pétrole, mais comme disait feu Si El-Hocine : «À chaque fois que c’est difficile, il faut jeter un regard dans le mouvement national.» Cela fait référence aux années 1940, où l’Algérie fut confrontée à une situation très pénible. Néanmoins, cette période avait donné naissance à une conscientisation tous azimuts de tout un peuple autour d’un même projet de décolonisation, et au consensus de 1954 qui avait donné ses fruits. Donc, au jour d’aujourd’hui, la population doit s’organiser pour faire avancer les choses. Et afin de faire face à cette situation quasi-chaotique, des mesures urgentes doivent être prises au niveau national pour réactiver l’économie basées sur la production. Celle-là peut créer des richesses et générer de l’emploi, si des moyens sont mis à la disposition des communes en vue d’améliorer le quotidien dans tous les volets de la vie, et surtout redonner de l’espoir aux jeunes dont on constate la marginalisation et le manque d’infrastructures, notamment des stades de proximité et des salles de sports. Il faut répondre aussi aux besoins urgents des populations en matière d’habitats, d’eau, de gaz, d’assainissement, de routes, de santé,…

Vous avez baptisé récemment, à l’occasion de la Journée nationale du Chahid, plusieurs établissements publics…

Cette opération de baptisation est d’une grande importance. Il est de notre devoir absolu de rendre hommage à nos valeureux martyrs qui ont sacrifié leur vie pour libérer la terre, pour libérer l’Algérie. Certes, c’est un dossier qui est resté en instance depuis des années, mais nous avons pu le débloquer et procéder, pour la première fois depuis l’indépendance, à cette baptisation des établissements publics des noms de Martyrs de la commune et des Moudjahidines. En outre, cette opération va marquer toute la société, notamment la jeunesse qui n’a pas connu les affres de la guerre de libération. Pour nous, cette opération de baptisation était un acte de bravoure, de reconnaissance, pour la mémoire et contre l’oubli. Mais aussi pour rappeler les jeunes d’aujourd’hui des sacrifices de leurs aïeux qui ont payé avec leur sang pour que nous puissions vivre dans la dignité. C’est pour cela, durant cet évènement, que cinq noms de martyrs ont été ainsi immortalisés à travers la baptisation de quatre écoles primaires et d’une polyclinique. Alors que le nouveau lycée d’Aït Smaïl a été baptisé du nom du Moudjahid et chef historique de la révolution algérienne, feu Hocine Aït Ahmed, la maison de jeunes, elle, a été baptisée du nom de Mouloud Mammeri, précurseur de l’éveil identitaire en Algérie et aussi l’un des monuments de la littérature algérienne et mondiale. Au fait, cette démarche s’inscrit dans le cadre de la réappropriation de notre histoire et de nos repères. Je vous signal, également, que d’autres baptisations des noms des moudjahidines décédés auront lieu dans un proche avenir.

Y a-t-il du nouveau concernant le poste de la Protection civile à Aït Smaïl ?

Entre les feux de forêts en été, les glissements de terrains et la neige en hiver, le nombre de malades chroniques, d’élèves, d’accidents de circulation ou domestiques nécessitant des secours, notre commune est exposée à plusieurs risques majeurs. C’est pourquoi, l’ouverture d’un point d’interventions pour la Protection civile à Aït Smaïl, tout près des populations, est plus qu’indispensable pour nos citoyens afin de pouvoir prendre en charge les victimes en temps record. Comme l’on sait tous, les premières minutes d’un accident sont primordiales pour bien réagir et pour sauver des vies humaines. Pour nous, nous sommes favorables à cette doléance de toute une région qui ne cesse de réclamer son ouverture. Les autorités concernées sont informées et le travail est déjà entamé. Pour le siège de la Protection civile, nous sommes en train de voir la possibilité de transférer les locaux de la garde communale que je trouve adéquats.

La population d’Aït Smaïl a hâte que sa polyclinique soit dotée d’un point d’urgence…

Cela fait plus de quarante ans que cette infrastructure de santé de proximité est construite. Pendant longtemps, elle est restée sans moyens nécessaires pour subvenir aux besoins de la population, à travers un point d’urgence. Actuellement, on peut se féliciter des nouvelles dotations allouées à la polyclinique de Tizouel, dont un kit complet de labo, une radiographie et une ambulance. Grâce à ça, on peut procéder à l’ouverture, dans les prochains jours, d’un point d’urgence ne serait-ce que de 8h à 18h, en attendant que les services de la DSP affectent le personnel médical qu’il lui faut pour assurer son service en H24. Ce résultat est le fruit du travail de toutes les équipes qui nous ont précédés, auxquelles je rends d’ailleurs hommage. À signaler que cette polyclinique de Tizouel dispose d’un espace important qui peut recevoir et suffire largement aux activités d’une polyclinique. Seulement, son aménagement et sa réfection sont indispensables dans la mesure où elle est dans un état peu accueillant, voire de dégradation. Pour cela, des démarches ont été entreprises afin d’offrir à la fois un espace acceptable aux personnels médicaux, mais aussi un meilleur accueil aux citoyens.

Qu’en est-il du projet du renforcement de la commune en eau potable à partir de Laïnser Azegza ?

À présent, l’opération du renforcement de la commune et du village Riff en eau potable à partir de Laïnser Azegza de Bordj Mira, est actuellement en phase d’analyse des offres au niveau de la Direction des ressources en eau de Béjaïa. Nul ne peut négliger l’importance et la vitalité de ce mégaprojet attendu impatiemment par toute la population, mais dont la réussite est conditionnée par la réhabilitation des réseaux de distribution qui sont dans un état de dégradation très avancée. Il ne répond ni aux normes de pression ni au débit requis. Chose faite et prise en charge concernant les deux villages Aghdir et Taregragt. À ce propos, nous avons bénéficié d’une autre opération de réhabilitation dans deux autres grands villages, en l’occurrence Tala Ata et Tarwa n Kheniche, retenue dans les programmes de la DRE de Béjaïa pour l’année 2018, avec un montant d’environ 70 000 000 DA.

Un dernier mot…

La construction et le développement de notre commune est un acte citoyen qui demande l’adhésion de tout un chacun. Nos efforts pour notre municipalité deviendront une touche et une empreinte dont les générations à venir seront fières. Alors engageons-nous pour ça.

Entretien réalisé par M. K.

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