«Il faut privilégier la concertation»

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Le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, était, avant-hier, l’invité de l’émission Bila Qoyoud sur El Bilad TV.

Revenant sur la dernière grève qui a secoué le secteur de l’Education, le chef du MPA a réitéré la position de son parti vis-à-vis de cette question. Il a considéré que ce droit «est constitutionnel et indiscutable, seulement, il doit être exercé avec responsabilité». Il insistera sur la «nécessité de privilégier le dialogue». Ce dernier doit être entrepris, préconise-t-il, «durant la période de préavis et ne doit pas être rompu». Amara Benyounès a souligné que ce problème reçurent doit être réglé définitivement, pour que ce secteur retrouve sa sérénité. Dans le même sillage, à propos de la grève des médecins résidents, qui dure maintenant depuis 4 mois, le responsable du MPA a plaidé pour «une commission nationale, pour trancher sur la question de l’abrogation de la loi sur le service civil». Pour le MPA, «cette commission ne doit pas être créée pour gagner du temps, bien au contraire, elle doit agir en 15 jours. Son rôle sera d’évaluer et de faire le bilan de cette loi, déterminer l’efficacité ou l’échec de ce système après plus de 20 ans de son application». Le MPA pense, toutefois, que «renoncer au service civil doit aussi entraîner une renonciation à l’obligation de l’emploi de ces médecins». Sur la question du service militaire, qui relève des prérogatives du président de la République, M. Benyounès conseillera aux médecins de «s’adresser aux futurs candidats à la présidentielle de 2019 pour avoir leur engagement à propos de cette question». Répondant sur une question évoquant l’échec de l’action gouvernementale, le président du MPA expliquera qu’au sein du gouvernement, «il y a des ministres compétents et d’autres qui le sont peut-être moins», toutefois, selon lui, «le plus important est qu’il y ait une cohésion dans l’application du programme du Président et qu’il y ait une solidarité entre les membres du gouvernement». Toujours dans le même cadre, il a relevé des manques dans certains secteurs, allant jusqu’à «tirer la sonnette d’alarme concernant quelques secteurs, notamment dans le domaine économique». Concernant la relation entre la nature du gouvernement et son efficacité à résoudre certains problèmes, Amara Benyounès plaide clairement pour «un gouvernement politique», affichant son opposition à un «gouvernement technocrate». Pour lui, un ministre doit être un militant politique, pour défendre un programme politique. «Je ne crois pas en un gouvernement administratif», a-t-il martelé. Sur la question de savoir pourquoi le MPA n’est pas au gouvernement, Benyounès précisera que son soutien au Président «n’était pas une quête de contrepartie, mais un choix par conviction». Il a réaffirmé, pour l’occasion, que ce soutien tient toujours jusqu’à la fin du 4e mandat du Président. S’agissant de la position du parti, quant à l’éventualité d’un 5e mandat, Benyounès estimera qu’il est encore trop tôt pour évoquer cette question, précisant que «seul le Conseil national du parti est habilité à trancher». Pour la question de savoir si le président du MPA ambitionnait de retrouver le gouvernement, il répondra que son combat est «pour l’Algérie». Il précisera par ailleurs qu’il a passé le plus gros de son parcours dans l’opposition (…).

«Militer pour l’Algérie, peu importe dans l’opposition ou au gouvernement»

«Je milite pour l’Algérie, pour une Algérie indépendante, démocratique et moderne et peu importe si ce combat doit être mené au sein du pouvoir ou dans l’opposition», clamera le président du MPA. A propos de l’affaire dite «Benagoun», Amara Benyounès a souligné que c’était des prérogatives du Président de mettre ou d’enlever un ministre, précisant que Benagoun «répondait aux critères d’un jeune ministre de moins de 40 ans, comme ça a été exigé». Benagoun, indiquera-t-il, est un militant qui aime son pays et le restera malgré tout». Amara Benyounès notera, dans un autre registre, «la nécessité de rompre avec la légitimité historique, pour passer à la légitimité démocratique et populaire». Il dira refuser «la surenchère» sur le patriotisme ou encore «l’instrumentalisation» des constantes nationales. Questionné sur son évaluation des dernières élections, le président du MPA fera un constat positif, dans le sens où une amélioration est constatée par rapport aux scrutins précédents, d’autant que, selon lui, l’Algérie est en phase d’une «reconstruction de sa démocratie». Cette dernière, dira-t-il, doit être impérativement «apaisée». Amara Benyounès, sûr de lui, a par ailleurs défié quiconque de dire qu’on aurait offert un siège au MPA. «Nos voix sont celles que nous a accordées le peuple», a-t-il clamé, en présageant que «l’année 2022 sera celle du MPA». L’officialisation de Yennayer a également été évoquée par le chef du MPA. A ce propos, il a estimé que la décision du Président était «naturelle et normale, mais aussi courageuse». Ça rentre, expliquera-t-il, «dans le cadre de la réconciliation nationale et du renouement avec l’identité». Toujours sur la question amazighe, il fera savoir qu’il faut «laisser les spécialistes travailler pour trancher sur les questions techniques», préconisant de s’éloigner du populisme. Amara Benyounès, lui même militant du mouvement berbère, estimera «qu’il est important qu’il y ait un consensus national autour de la détermination du caractère avec lequel cette langue sera écrite», tout en s’interdisant de s’immiscer dans cette question sur laquelle «seuls les spécialistes peuvent trancher», insistera-t-il. Dans le volet économique, le président du MPA a défendu les principes de son parti et ses convictions. Les prix des véhicules, l’OMC, l’inflation et les licences d’importation ont été au centre de la discussion également. A propos de ce dernier point, il a rappelé que le principe (la règle) en commerce, c’est le libre échange, tandis que «la licence est une exception». Le principe de l’adoption de ce choix d’exception est, selon Benyounès, «de ne pas faire de discrimination entre le privé et le public et œuvrer dans la transparence». «Le problème de l’Algérie est le manque de production et non l’importation», a-t-il réaffirmé. La solution serait, selon lui, la diversification de l’économie, «cela entraînera automatiquement la réduction des importations», expliquera-t-il. Sur ce que préconise son parti sur l’endettement extérieur comme solution à la crise, Benyounès a tranché être «pour», «à condition que ce soit pour l’investissement et non pour la consommation». Revenant à la Santé et sur la maladie de la rougeole qui a fait son retour dans le pays, il relèvera le problème de «manque de confiance entre le citoyen et l’institution sanitaire». Un fait qu’il regrettera, insistant sur la nécessité de «rétablir cette confiance et rassurer les citoyens». Ces derniers, selon lui, ne doivent pas écouter les «charlatans» qui racontent n’importe quoi sur le vaccin. Enfin, à propos du retrait annoncé du fondateur et ex-président du RCD, Dr Said Sadi, de la vie politique et de son parti, Benyounès a souligné qu’il n’avait aucun problème avec le militant, et que «le fait de rester ou partir le concerne». Sur la possibilité de voir un jour le RCD et le MPA s’allier, Benyounès répondra qu’en politique «rien n’est impossible d’autant que les deux partis appartiennent à la mouvance démocratique».

Kamela Haddoum.

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