Ouyahia reste !

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Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a sonné, hier, la récréation aux spéculateurs sur le sombre sort d’Ahmed Ouyahia au poste de Premier ministre. Les rares apparitions publiques de ce dernier avaient accentué les rumeurs le donnant en disgrâce auprès du chef de l’état.

Un léger lifting au staff gouvernemental a été opéré, hier, par le président de la République touchant quatre portefeuilles ministériels. Trois promotions, dont deux provenant des wilayas de Tissemsilt et de Bejaïa et un revenant, ont caractérisé ce léger remaniement du gouvernement Ouyahia. Il s’agit d’Abdelkader Benmessaoud, wali de Tissemsilt, nommé ministre du Tourisme et de l’Artisanat, en remplacement de M. Hassen Marmouri, de Mohamed Hattab, nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, en remplacement d’El-Hadi Ould Ali, et de Saïd Djellab, qui gravit une promotion au sein du ministre du Commerce où il occupait le poste du directeur général du commerce extérieur, en remplacement de Mohamed Benmeradi. L’éphémère ministre du Commerce sous Teboune, qui avait été débarqué avec ce dernier pour avoir tenté une «croisade» contre ce qu’il qualifiait d’«importation déguisée» des kits d’assemblage de véhicules, revient donc pour se charger des relations avec le parlement, en remplacement de Tahar Khaoua. Cette fois-ci encore, le président de la République a privilégié la promotion des walis au rang de ministres, dans l’espoir de donner une nouvelle dynamique à des secteurs qui ont plus besoin de locomotives ayant déjà tâtonné le terrain que de fonctionnaires bureaucrates. Abdelaziz Bouteflika, qui a donc procédé au changement à la tête des ministères du Tourisme et du Commerce, au bout du neuvième mois pour le premier et septième pour le second, témoigne son insatisfaction du rendement de ces deux ministères sur lesquels devrait être basée, entre autre, la mise en œuvre de la nouvelle stratégie économique de sortie de crise. Et c’est le ministère du Commerce qui a connu le plus de va-et-vient, tant le département s’est souvent enchevêtré dans des affaires du ressort d’autres départements à l’instar de celui de l’Industrie, notamment dans le volet inhérent à l’automobile et à l’exportation des biens manufacturiers, ou à celui de l’agriculture dans les questions sensibles des laits et production de la viande, entre autres. La nomination, cette fois-ci, d’un directeur central qui a longtemps dirigé le commerce extérieur, est la preuve que l’Etat algérien veut organiser, une bonne fois pour toutes, ce segment de l’économie, rongé par une multitude de carences. L’orientation stratégique du chef de l’Etat vers l’encouragement de l’exportation de la production nationale et la maitrise de l’importation, apparaît clairement dans les derniers accords signés par l’Algérie avec plusieurs partenaires étrangers qu’ils soient du continent européen ou africain. Le dernier en date est celui signé avant-hier avec l’Etat espagnol, et quelques jours avant, celui de création et d’intégration de la zone de libre échange continentale (ZLEC) avec 40 pays africains. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que Mohamed Benmeradi a pêché par deux mesures phares, quoi qu’elles aient été sans doute bénéfiques pour la bourse des ménages en ce qui concerne le «fuitage» des prix des véhicules sortis d’usine, ce qui a permis une relative accalmie du marché. La seconde mi-salutaire, mi-pénalisante pour les producteurs nationaux, avec la fameuse liste des 850 produits interdits à l’importation. En somme, Benmeradi a touché à deux segments qui continuent d’être dominés par des lobbies. L’inexpérience de Hacène Marmouri semble être derrière son départ, puisque son secteur, censé participer à l’économie du pays via l’attractivité touristique, a été, durant neuf mois, tel un cheval rétif. Son remplacement par le désormais ex-wali de Tissemsilt s’inscrit également dans l’optique de privilégier l’expérience du terrain sur la consistance des diplômes, puisque Marmouri est l’un des rares ministres algériens à posséder un doctorat dans le domaine qu’il a eu à diriger. Seul repêché des exclus de l’ancien gouvernement Teboune, Mahdjoub Bedda remplace le député de son camps au ministère des Relations avec le Parlement. En tout état de cause, le lifting gouvernemental d’hier prouve, encore une fois, que seul le président de la République est maître des décisions, puisqu’il renvoie au ridicule les «bonnes sources autorisées» ayant vendu la peau d’Ouyahia et spéculé sur une liste de 15 ministres devant gérer le gouvernement.

M.A.T

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