«Mon projet pour la JSK…»

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Dans cet entretien accordé, en exclusivité, à la Dépêche de Kabylie, le président de la SSPA JS Kabylie, Cherif Mellal, expose son projet pour le club et répond sans détour aux questions liées à l’actualité du club.

La Dépêche de Kabylie : Président, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas la carte de visite de Mellal. Pourriez-vous les éclairer sur ce sujet ?

Cherif Mellal : Je suis un jeune algérien kabyle de Larbâa Nath Irathen où j’ai passé 10 ans avant de venir à Tizi-Ouzou où j’ai vécu 9 ans. Ensuite, j’ai émigré en Allemagne où je réside depuis maintenant 23 ans. J’ai été footballeur pendant quelques années et je suis patron d’une société. Après une grande lutte, je me retrouve aujourd’hui à la JSK pour laquelle j’ai un ambitieux projet sportif.

Justement, vous avez bataillé dur pour arriver à la tête du club. Quelle était votre motivation ?

D’abord, la JSK était prise en otage. Il y avait beaucoup de clans et chacun tirait de son côté. Moi je n’ai pas cédé. J’ai beaucoup d’amour pour ce club. Comme tout autre amoureux de cette grande équipe qui nous a procuré énormément de joie et de bonheur, je ne pouvais supporter la situation dans laquelle se débâtait le club qui s’enfonçait de plus en plus dans les profondeurs. Je ne pouvais rester les bras croisés, surtout que j’avais les moyens de sauver ce grand navire. J’ai tenté plusieurs fois, mais on me mettait à chaque fois les bâtons dans les roues. J’ai trimé dur pour y arriver. C’était vraiment difficile, mais j’ai résisté à toutes les oppositions et au bout, j’ai eu le dernier mot. J’ai un grand projet pour la JSK et je ferai tout pour le mener à bon port.

Votre priorité était bien sûr le maintien ?

Tout à fait. La JSK était en danger, il me fallait donc concentrer tous mes efforts sur le maintien. Ce fut une période très difficile. J’ai trouvé le club surendetté, les comptes bloqués et un effectif déjà en place. Il fallait absolument faire face à toute cette batterie de soucis. Il fallait surmonter tous ces problèmes et trouver la bonne recette pour sauver la JSK de la relégation. On a su comment gérer la situation et regonfler, à chaque fois, le moral des joueurs. On a mis les moyens et au final on est arrivés avec beaucoup de courage à assurer le maintien. En plus de ça, l’équipe s’est retrouvée en finale de la coupe d’Algérie. Tout cela s’est concrétisé grâce au soutien du public et de tous ceux qui ont cru en nous.

Et maintenant, quelles sont les grandes lignes de votre projet ?

D’abord, la priorité est de monter rapidement une grande équipe, capable de jouer les premiers rôles la saison prochaine. La JSK doit retrouver rapidement son statut et son lustre d’antan. J’en ai fait la promesse aux supporters et je compte bien la tenir. Le public de la JSK mérite d’avoir une grande équipe capable de jouer les premiers rôles. On a promis d’investir afin que la JSK retrouve sa place et on tiendra nos engagements pour répondre aux attentes du public qui a enduré un cauchemar ces dernières années. En parallèle, on se chargera d’une formation de qualité. La Kabylie regorge de talents, on se donne deux à trois ans pour bâtir une grande équipe avec les enfants du club et de la région qui n’ont pas eu ces dernières années leur chance. Pour cela, on va mettre beaucoup de moyens. Nous axerons notre travail, comme je l’ai toujours dit, sur la formation des jeunes qui seront appelés à reprendre le flambeau dans un proche avenir. Le chantier a déjà commencé et je le redis, on mettra tous les moyens pour que le club dispose, dans les toutes prochaines années, d’une relève et d’un réservoir de talents. Nous n’aurons plus besoin d’importer des joueurs. Les démarches sont déjà entamées pour la construction du centre de formation à Oued-Aissi. Les travaux seront lancés dans moins de trois mois. Nous allons aussi enclencher la procédure pour un camp d’entraînement à Oued Falli. En attendant la réception du centre de formation, les jeunes qui seront retenus et qui habitent loin du chef-lieu de wilaya seront totalement pris en charge. Nous leur assurerons l’hébergement et la restauration et on se chargera de leur scolarité également.

Vous préconisez d’installer des mécanismes, afin de doter le club de ressources de financement durables…

En effet, ce point fait partie de mon projet. Je vais d’abord finaliser l’installation d’une administration qui sera composée de compétences. Le directeur général et le manger général sont déjà en place, la direction de l’administration générale et la direction technique sont déjà opérationnelles et le reste suivra bientôt. Dans un premier temps, nous allons ouvrir des boutiques à travers les wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira, Béjaïa et d’autres encore, mais aussi à l’étranger, notamment en France. Nous allons aussi lancer une batterie d’activités qui constitueront des ressources de financement du club. Notre objectif est de parvenir dans un proche avenir à mettre le club à l’abri des besoins financiers.

Les moyens de communications font aussi partie de votre projet…

Tout à fait. La JSK est un grand club et comme tous les autres grands clubs à travers le monde, elle doit disposer de moyens de communication. Nous sommes d’ailleurs en voie de finaliser l’installation d’un service presse et communication. Le marketing aussi fait partie de notre projet. Un matériel sophistiqué sera mis en place dans les tous prochains jours. Il y aura du matériel informatique, des caméras, des appareils-photo et beaucoup d’autres outils. Nous avons également lancé une page face book, en attendant de réactiver le site du club. Nous avons aussi lancé une web-radio. L’information est en effet très importante et nous lui accordons une attention particulière.

Comment sont vos relations avec les autorités ?

Franchement, de ce côté-là je n’ai pas à me plaindre. Dieu merci, j’entretiens de bonnes relations avec les autorités. Le wali accorde une attention particulière à la JSK. On s’est vus plusieurs fois et à chacune de nos rencontres, j’étais rassuré. Sincèrement, à ce niveau, il n’y a pas de souci à se faire et cela ne peut qu’aider les affaires de la JSK. Je ne remercierai jamais assez les autorités, notamment le wali pour toute l’attention qu’il porte à ce grand club.

La JSK possède des logements, des locaux, des lots de terrain… Qu’en est-il de tous ces biens immobiliers ?

C’est vrai que la JSK possède des biens immobiliers, mais malheureusement la situation n’est pas toute rose. Nous avons des biens qui sont squattés, comme le Cercle du club, d’autres sont hypothéqués. Nous avons tenté quelques démarches, même par voie d’un huissier, pour rétablir la JSK dans ses droits, mais en vain, rien n’a abouti. Devant cette situation de blocage, j’ai été contraint de déposer plainte. C’est un devoir pour moi et je ne reculerai devant rien pour récupérer tous les biens du club. J’irai jusqu’au bout de mon combat et j’ai la ferme intention de gagner cette bataille.

Entre vous et l’ancien président, les choses ne semblent pas s’arranger. Pourquoi toutes ces querelles ?

Non, je n’ai rien de spécial avec lui en tant que personne et je n’ai pas de temps à consacrer aux querelles. Je suis le nouveau président et je suis là pour défendre les intérêts de la JSK. Je l’avais invité pour la passation des consignes, mais il n’a pas répondu. Nous lui avons envoyé une convocation par voie d’huissier de justice, c’est la même chose. Cela dit, devant son obstination à ne pas réponde à nos sollicitations, je suis obligé de passer à autre chose pour faire valoir les droits de la JSK. Je n’ai pas voulu en arriver là mais j’y étais obligé. D’aucun ne peut se permettre de squatter les biens de la JSK. C’est un combat que je mènerai et je suis persuadé que je le gagnerai. Les biens de la JSK ne peuvent en aucun cas être spoliés. D’aucun ne peut s’autoriser à confisquer les biens d’autrui.

Lors de votre élection à la tête de la SSPA, vous avez promis l’ouverture du capital…

En effet, mais c’est plus difficile que je ne l’ai imaginé. Le problème est complexe et il faut un peu plus de temps pour mettre de l’ordre. Nous allons procéder d’abord à l’augmentation du capital, ensuite on s’attaquera aux démarches pour l’ouverture du capital. J’ai hérité d’une situation catastrophique et son assainissement doit se faire progressivement. Le dossier n’est pas facile, mais je demeure confiant quant à mes capacités de parvenir à l’ouverture du capital.

On ne peut pas parler de la SSPA sans évoquer le CSA/JSK qui est actionnaire majoritaire. Qu’en pensez-vous ?

Vous savez, à mon arrivée, j’avais une image pas très bonne du CSA. Mais au fur et à mesure, j’ai constaté que ce qui avait été dit n’était pas toute la vérité. Je me suis rendu compte que la majorité des membres sont des fils de bonnes familles qui aiment le club. J’ai été invité à la dernière assemblée générale ordinaire et je n’ai relevé que de bonnes choses. Le président que je ne connaissais pas jusque-là s’est révélé quelqu’un de bien. Je pense qu’avec lui, le CSA est entre de bonnes mains. On doit travailler la main dans la main pour l’intérêt suprême de la JSK.

Certains de vos détracteurs disent que vous n’avez pas d’argent. Que leur répondez-vous ?

Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Il faut qu’ils sachent que lorsque je suis arrivé à la JSK, j’ai trouvé une bombe à retardement. Le club était surendetté, le compte bloqué, les joueurs n’étaient pas payés, ainsi qu’un tas d’autres tracasseries administratives. Le club était à terre. Il n’y avait rien, ni bureau, ni organisation. C’était une coquille vide. Je ne vais pas rentrer dans les détails, si ce n’est dire que j’ai réussi à désamorcer la bombe en faisant face à cette situation qui était des plus catastrophiques. Le club a bien fonctionné. Tous cela c’est fait dans la transparence la plus totale. Pour le reste, le commissaire aux comptes est là pour certifier ou non les comptes du club et ce que j’ai apporté depuis mon arrivée. Je les rassure en leur disant que Mellal n’est pas venu les mains vides à la JSK. J’ai un grand projet pour ce club et j’ai les moyens de le concrétiser.

Qu’en est-il du dossier recrutement ?

Le mercato estival vient à peine de s’ouvrir, donc on n’a le temps pour renforcer l’équipe. Nous avons déjà recruté 2 bons joueurs, à savoir Tahar Benkhlifa du PAC et le défenseur du RC Arbaa, Badreddine Souyed. Nous avons envoyé des invitations à 2 joueurs africains qui vont arriver dans les tous prochains jours. Nous allons également faire signer 2 Franco-algériens, mercredi prochain, en France, mais je préfère taire les noms. En plus de ces quatre joueurs, on compte renforcer encore l’équipe avec 3 autres grands joueurs qui évoluent dans le championnat national. On attend juste leur libération par la CRL pour finaliser avec eux. Il ne faut pas se précipiter. On doit absolument disposer d’une équipe homogène avec des joueurs éduqués et disciplinés qui mouilleront leur maillot. J’ai promis une grande équipe aux supporters et je tiendrai ma promesse.

Le gardien international Salhi serait acquis à la JSK. Le confirmez-vous ?

Oui, normalement Salhi sera avec nous la saison prochaine. Il nous a donné son accord de principe et la signature devrait intervenir juste après le match des Verts face au Portugal. Pour les deux autres joueurs, je ne dévoilerai pas leurs noms afin d’éviter toute mauvaise surprise.

Vous avez libéré douze joueurs qui sont sous contrat, sans compter ceux qui sont libres de tout engagement. Ne pensez-vous pas que

c’est un risque pour le club ?

La JSK est un grand club où seuls les joueurs qui ont des qualités auront leur place. Il n’est plus question de faire du social. J’ai gardé tous les joueurs capables d’apporter un plus au club, à l’image de Boukhenchouche, Benyoucef, Oukaci, Tafni, Renai, Tizi Bouali pour ne citer que ceux-là. Les portes de la JSK resteront ouvertes à tous les éléments de la région qui ont déjà joué au club ou ceux qui évoluent dans les autres équipes. Nous avons à titre d’exemple les frères Merbah qui sont sous contrat avec leurs clubs, Belmesaoud et Hantat que nous suivons avec beaucoup d’intérêt. Tous ces joueurs auront leur chance d’intégrer le club. Nous avons aussi de bons espoirs qui sont promus en seniors. Ils ont des qualités et peuvent émerger du lot. Donc, il n’y a aucun risque. La JSK ne pourra que mieux se porter la saison prochaine. Les supporters doivent continuer à nous faire confiance. J’ai promis de monter une équipe qui jouera le podium et je ferai tout pour atteindre cet objectif.

Certains joueurs cadres n’ont pas renouvelé leur contrat et ont préféré signer chez d’autres clubs, à l’image de Ferhani, Redouani, Asselah… N’est-ce pas là une perte pour la JSK ?

Non pas du tout. Vous parlez de cadres, mais quels cadres. Vous savez, à ma connaissance certains joueurs étaient là depuis 2 ans, voire plus, et la JSK a frôlé la relégation. Le reste c’est sans commentaire. Nous n’avons retenu personne et chacun est libre de signer là où il veut. Je sais une chose, la JSK aura une grande équipe la saison prochaine. Une équipe capable de jouer les premiers rôles. Les supporters et tous ceux qui aiment la JSK ont souffert ces dernières années et notre mission et que cela ne se reproduise plus. La JSK doit retrouver la place qui lui sied, celle d’une équipe conquérante qui joue les titres.

Qu’en est-il pour Belkalem ?

Belkalem est en fin de contrat avec la JSK. Maintenant, concernant un nouvel engagement avec la JSK, cela est du ressort du manager général. Il y a une cellule de recrutement qui est habilitée à négocier avec les joueurs.

Pour la préparation d’intersaison, avez-vous déjà arrêté un programme ?

Oui. Pas plus loin qu’hier (samedi NDLR), on a abordé ce volet préparation avec le staff technique et on s’est mis d’accord globalement sur le programme de l’intersaison. Nous aurons deux stages à effectuer. Le premier, ce sera juste après le Ramadhan et ce sera à Hammam Bourguiba (Tunisie). Le second, ce sera en Allemagne à partir du 15 Juillet. Nous n’allons pas lésiner sur les efforts, encore moins sur les moyens, pour assurer à l’équipe une préparation adéquate à même de l’armer comme il se doit pour la compétition.

Le nom du nouvel entraîneur n’est pas encore connu et les supporters s’impatientent…

Je les rassure, ce n’est plus qu’une question de temps. Nous avons ciblé trois bons entraîneurs, mais nous devons prendre un peu plus de temps pour éviter les erreurs du passé. On veut que le choix soit bien étudié avant de décider d’engager quelqu’un. La JSK a besoin de stabilité au niveau de la barre technique. Les va-et-vient doivent cesser et cela exige de nous de bien réfléchir avant d’engager un nouvel entraineur. Pour le moment, nous avons Karouf et Raho et on se donnera le temps pour faire venir un technicien de renom, capable de prendre en main la barre technique du club pour un bon bail.

Les supporters attendent beaucoup de vous. Que leur diriez-vous ?

D’abord, je profite de l’occasion pour les remercier une nouvelle fois pour leur soutien et leur attachement à la JSK. Leur retour en force a contribué énormément dans le maintien de l’équipe en Ligue 1. Je leur promets de tenir toutes mes promesses et de me démener pour que la JSK retrouve rapidement son lustre d’antan. Je mettrai tous les moyens afin de répondre à leurs attentes, car ils méritent notre respect pour leur amour à ce grand club. Je ferai tout pour que la saison prochaine soit celle du grand retour de l’équipe, de la joie et du bonheur pour tous.

Entretien réalisé par Salem Klari

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