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BOUMERDÈS - Faute de stations d’épuration : L’environnement et l’agriculture menacés

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L’environnement dans la wilaya de Boumerdès se dégrade de jour en jour. Le manque de stations d’épuration à travers toutes les localités de la région a accentué cette dégradation qui met à mal la faune et la flore. Les eaux usées coulent à ciel ouvert et même dans les cours des oueds et autres ruisseaux. La wilaya ne dispose que trois stations d’épuration, celles de Boumerdès-centre, Thénia et Zemmouri. Des projets portant sur la réalisation d’équipements environnementaux similaires ne sont toujours pas lancés. En effet, en 2009, les autorités avaient inscrit huit projets de stations d’épuration, dont l’implantation est prévue aux abords des oueds, notamment à Khemis El Khechna (Oued Ziane), Corso, Ouled Haddadj (Oued Haouche El Mekhfi), Bordj Ménaïel (Oued El Besbès), Sidi Daoud et Boudouaou El Behri. Mais, depuis l’annonce de ces projets, aucun n’a été concrétisé. L’agriculture et l’environnement sont, sans conteste, les secteurs les plus menacés par le déversement de rejets polluants dans les oueds et autres cours d’eau. Des fellahs rencontrés, récemment dans la commune de Chabet El Ameur, ont fait part de leur déception quant à la dégradation des oueds de la région : «Dans notre commune, l’eau manque cruellement. Et nous éprouvons d’énormes difficultés pour irriguer nos cultures. Nous comptons uniquement sur la pluviométrie car les oueds sont pollués et les retenues collinaires tarissent dès l’entame de l’été», déplore Ahcène, un agriculteur de la région, dont l’activité agricole se fait aux abords de l’oued Bouiri Boualem, situé au versant nord-est de la localité. Jadis, celui-ci faisait vivre tous les riverains. En été, l’agriculture saisonnière de la tomate faisait travailler des centaines de jeunes sans emploi et des étudiants. Maintenant, rares sont les fellahs qui cultivent leurs terres sur ses rives, faute d’eau d’irrigation. Toutes les eaux usées des réseaux d’assainissement provenant du chef-lieu communal et des 25 villages que compte la commune sont déversées dans cet oued. En 2013, des villageois d’Aït Saïd, dont la plupart sont des paysans, ont bloqué un projet d’assainissement dont le point de rejet n’est autre que l’oued Bouiri. Les autorités locales avaient promis de préserver l’environnement en réalisant une grosse fosse septique. Un projet ne pouvant à lui seul venir à bout des rejets polluants, la quantité des eaux usées déversées étant très importante. Résultat : les eaux usées continuent à polluer l’oued et des odeurs nauséabondes s’en dégagent. L’activité agricole a, par conséquent, baissé de plus de 60 %. «On ne peut pas irriguer nos cultures avec l’eau de cet oued pollué. Jadis, les habitants de la région nageaient et pêchaient des poissons ici. Plus maintenant, si ça continue comme ça, même les grenouilles ne vont pas survivre», assène encore Ahcène. Ce dernier parle de l’importance des stations d’épuration dans la préservation de l’environnement et de la réutilisation des eaux épurées dans l’agriculture, mais regrette que les fellahs n’arrivent pas à assimiler cette donne, pouvant, pourtant, constituer une ressource durable pour le secteur agricole. La réutilisation des eaux épurées dans le pays reste au stade expérimental. A titre d’exemple, près de 90 % des eaux assainies par la station d’épuration (Step) de Boumerdès sont rejetées dans la mer. Le manque de sensibilisation des fellahs quant à l’importance de ces eaux est un autre défi de taille à relever. Les trois stations d’épuration existantes dans la wilaya de Boumerdès ont une capacité de 19 km3 d’eaux usées purifiées. Ce qui est insuffisant pour couvrir toute la région, qui compte 32 communes et une population en constante augmentation, pour une superficie de 1 456,16 km2.

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Youcef Z.

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