Jusqu’où iront les autorités ?

Partager

Les autorités de la wilaya de Béjaïa ont déclaré la guerre aux constructions illicites via une opération de démolition, entamée à partir de la plage Oued Dass, sur le littoral Ouest, relevant de la commune de Toudja.

Au total, 52 baraques de fortune, chalets ou cabanons érigés illicitement par des particuliers au bord de cette plage ont été démolis par les autorités locales, en présence d’un dispositif important de la gendarmerie nationale pour assurer la sécurité et le bon déroulement de l’opération. Les propriétaires de ces baraques ont dit n’avoir pas été avisés par les autorités locales avant le lancement de l’opération. L’un d’entre eux se trouvant à l’intérieur de sa baraque, a failli même être enseveli sous les décombres au moment de la démolition. Le maire de Toudja, qui a assisté à cette opération «coup de poing», a affirmé agir en application des ordres venus des hautes autorités. Il a annoncé aussi que cette action s’inscrira dans la durée. «Il s’agit d’une opération d’envergure. Nous sommes en train d’appliquer des instructions qui nous sont parvenues. Nous avons assaini la plage d’Oued Dass par la démolition des 52 constructions illicites recensées, entre bidonvilles et chalets. Mais, nous comptons aller progressivement de la plage vers les forêts où des maisons en dur, que ce soit en pierre ou en parpaing, ont été érigées», a-t-il déclaré. Jusque là aucune résistance n’a été observée de la part des propriétaires des baraquements démolis. En tout, l’APC de Toudja a recensé pas moins de 500 constructions illicites sur son territoire, en attendant la promulgation des arrêtés de démolition et leur exécution. Un chiffre alarmant qui renseigne sur l’ampleur du phénomène de dilapidation du foncier, notamment au niveau de la côte Ouest que des gens sans scrupules prennent pour un no man’s land, en squattant des terrains domaniaux et la bande maritime sans qu’ils ne soient inquiétés. La prolifération des constructions illicites dénote également le laisser-aller des responsables locaux, lesquels, néanmoins, ont apparemment décidé de sévir enfin contre les squatteurs.

Quel sort aux somptueuses villas des plages Saket, Boulimat, Tighremt et Tazeboujt ?

Justement, la question que d’aucuns se posent dans la wilaya de Béjaïa est jusqu’où iront les autorités de wilaya dans cette opération de démolition ? S’attaqueront-ils aux dizaines de somptueuses villas érigées sans autorisation ni permis de construire le long du littoral Ouest, exactement au niveau des plages Saket, Boulimat, Tighremt et Tazeboujt ? Cette opération lancée tambours battants, sera-elle élargie à la côte Est, qui connait également ce phénomène de constructions illicites et anarchiques, qui offre un décor des plus hideux à la façade maritime ? Interrogé, un élu à l’APW de Béjaïa reste sceptique que l’opération aille jusqu’au bout. «L’opération de démolition a concerné pour le moment la destruction de baraques qui servaient de lieux de débauche, de prostitution, ainsi que de vente et de consommation de drogue et d’alcool. Je ne crois pas que cette opération s’étendra aux villas et constructions en dur. Et pourtant l’exemple à donner est de s’attaquer enfin à cette mafia du foncier qui s’est accaparée de vastes lots de terrains», déclare l’élu. En effet, ce n’est pas la première fois qu’un wali ou des maires promettent de sévir contre les constructions illicites par leur démolition et la poursuite en justice des propriétaires, mais sans aller jusqu’au bout. La dernière opération de démolition menée par l’APC de Béjaïa, il y a un peu plus d’une année et demie, conforte les doutes de cet élu à l’APW. Sur les 400 arrêtés de démolition établis, l’APC n’avait exécuté qu’une dizaine. Il s’agissait uniquement de clôtures ou de baraquements construits sur des terrains domaniaux, ou des baraques de fortunes érigées par des squatteurs au niveau de la baie des Aiguades. L’autre élément soulevé par un ancien élu local, lequel confirme selon lui son scepticisme que l’opération menée contre les constructions illicites aillent au bout est «la non publication des résultats sur les opérations cadastrales effectuées sur les terrains situées le long de la RN 24 et de la côte Est de la wilaya».

Boualem S.

Partager