Une aubaine pour les artisans d’exposer leurs problèmes…

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Les problèmes des artisans bijoutiers sont à l’ordre du jour, à l’occasion de la 15e édition de la Fête du bijou d’Ath Yenni, lancée avant-hier et devant se poursuivre jusqu’au 3 août.

Une centaine de participants, venus de dix wilayas du pays, dont 82 bijoutiers, ont pris leurs quartiers, depuis jeudi, au niveau des deux sites aménagés pour accueillir la manifestation, le collège et la Maison de jeunes. La manifestation est placée cette année sous le thème «Bijou d’Ath Yenni, un patrimoine national à travers les âges». L’événement, pour sa première journée, a drainé une grande foule. L’objectif assigné à cette 15e édition, dira le P/APC d’Ath Yenni et président du comité communal des fêtes, Deghoul Smail, est de «faire le nécessaire pour la labellisation du bijou d’Ath Yenni et œuvrer pour le classer au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO». «Les démarches nécessaires seront entreprises», a-t-il assuré. Les organisateurs de la Fête se sont également assigné comme autres objectifs, «d’assurer la promotion, la pérennisation et la rentabilisation de ce patrimoine». Améliorer les conditions de travail des artisans bijoutiers et résoudre les différents problèmes auxquels ils font face au quotidien est aussi le challenge que se sont fixés les acteurs du secteur. «Nous allons exposer les problèmes des bijoutiers durant toute cette semaine. Avec toutes les parties concernées, on va essayer de les régler définitivement», a encore ajouté le P/APC. Les artisans bijoutiers, avec beaucoup d’amertume et de regrets, ne cachent pas leurs craintes de voir leur métier décliner. Nora B, une artisane bijoutière d’Ath Lahcen, exerce ce métier avec ses frères depuis une trentaine d’années. Elle en est à sa sixième participation à la Fête du bijou. «Seul l’amour du métier nous incite encore à continuer d’exercer», nous dit-elle. Notre interlocutrice évoque, notamment, le problème de l’indisponibilité de la matière première qui irrite les artisans. «Le quota attribué à la wilaya est très insuffisant. Depuis six mois il n’y a plus rien. On est obligés d’acheter au marché parallèle à des prix exorbitants. On n’a pas le choix», regrette-t-elle. L’on apprendra de beaucoup de bijoutiers présents à la Fête que le corail, coûtait entre 300 000 et 800 000 DA le kilo. C’est ce qui explique, affirment-ils, la cherté de leurs produits. Nora B affirme néanmoins que «les prix des bijoux demeurent stables depuis 4 ans». L’autre difficulté soulignée par notre interlocutrice, c’est «la concurrence déloyale des produits contrefaits, notamment chinois, qui envahissent le marché», reconnaissant toutefois «la légitimité de recourir à ces dernier à défaut de pouvoir s’offrir l’original». Nacer M. un autre artisan qui a bouclé 40 années de métier, n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme. Pour lui, «le métier est en danger, vu que la nouvelle génération s’en est complètement désintéressée». Il ajoutera : «Le métier a évolué dans la conception, les modèles et les moyens, mais le problème de la main d’œuvre et de la matière première menace son existence». Le P/APC abondera dans ce sens et ajoutera : «Le fait de ne pas trouver la matière première sur le marché officiel et la trouver dans le marché parallèle doit interpeller les autorités». L’édile abordera, en outre, la problématique de l’écoulement de la marchandise. «Les artisans bijoutiers en argent n’ont pas beaucoup d’espaces où vendre leurs produits. La Fête du bijou d’Ath Yenni a d’ailleurs été créée, en 1995, à cet effet», explique-t-il. Il nous fera savoir que des discussions ont eu lieu avec le wali de Tizi-Ouzou, précisant que «la proposition de l’organisation d’un Salon national du bijou a été faite». Toujours dans l’optique de préserver ce patrimoine et de le valoriser, le maire a annoncé que l’étude qui est menée pour le projet de création d’un musée du bijou sera achevée d’ici la fin de l’année et que l’enveloppe financière était déjà disponible. «De même pour le projet d’une Maison de l’artisanat à Ath Yenni, qui verra bientôt le jour», a-t-il assuré. Le président de la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAME), Berki Abdelkrim, interrogé sur ce problème, assurera lui aussi : «La solution aux difficultés soulevées par les artisans, c’est la multiplication et la diversification des manifestations telles que cette Fête. Cela viendra notamment à bout du problème de la commercialisation des produits». Concernant l’approvisionnement en matières premières, il indiquera : «Une convention a été signée avec l’Agence nationale de l’Or (AGENOR) pour laquelle un stand sera réservé à la Maison de l’artisanat de Tizi-Ouzou pour la rapprocher des artisans de la wilaya». La Fête du bijou d’Ath Yenni, pour sa 15e édition, porte donc l’espoir des artisans qui espèrent voir les problèmes qui les accablent enfin résolus. A signaler toutefois que les problèmes qu’ils vivent n’ont aucunement entamé la volonté de ces artisans ni gâché leur joie de se retrouver à Ath Yenni. Chacun d’eux, à son stand, affiche un grand sourire et dit avoir «les bras grand ouverts» pour accueillir les visiteurs. Pour ces artisans, «le bijou est une grande histoire d’amour» qu’ils se sont transmise de génération en outre, «c’est un patrimoine national qui a traversé les âges, c’est une identité et une culture que nous nous faisons un devoir de préserver, quelles que soient les difficultés», affirment-ils d’une seule voix.

Kamela Haddoum.

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