Encore une Fête populaire compromise ?

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C’est pour la deuxième année consécutive que la fête de la musique folklorique d’Idhabalène n’eut pas lieu dans la région. Une autre fête mise au placard après celle de la fête du couscous de Frikat. C’est dire que dans le sud de la wilaya, on n’accorde plus d’importance à de tels rendez-vous culturels qui, pourtant, ont été de grandes réussites d’une part, et des moments inouïs, d’autre part, pour rompre la monotonie, alors que la Kabylie entière vit en cette période estivale au rythme de pas moins d’une trentaine de fêtes. Y a-t-il différence de vision? Certes, organiser ce festival et cette fête populaire butait quelque peu sur certains problèmes, mais, personne ne crut qu’un désintéressement pareil planait sur l’événement qui drainait des milliers de fans d’Idhabalène venant des quatre coins de la wilaya et même des wilayas limitrophes (Boumerdès et Bouira). Surtout qu’en clôture de chaque édition, on avait droit à un gala artistique de grande facture animé par des artistes de grande notoriété comme Karim Abranis, Akli Yahiatène, Ali Amrane, Rabah Asma, Zedek Mouloud, Ali Irsane et bien d’autres. Comment oublier la grande soirée passée avec le maestro Akli Yahiatène? Qui ne se souvient pas de la scène enflammée par Ali Amrane? Qui oubliera la sublime apparition d’Ali Ideflawen ou encore de Zedek Mouloud? Cette année encore, le public chaleureux de Tizi-Gheniff tant félicité par l’ex directeur de la culture et ex ministre de la jeunesse et des sports, M. Ould Ali Hadi, est déçu. «Pourtant, ce n’est pas l’organisation qui manquait, encore moins le public. Il y avait jusqu’à neuf troupes tout au début de la première édition de mai 2010. C’est regrettable qu’on efface d’un revers de main toute l’expérience acquise par le comité culturel de Tizi-Gheniff. Y a-t-il des personnes qui ne voudraient pas que cette musique ancestrale ait la place qui lui revient dans la société?», nous déclara un fan d’Idhabalène ayant appris que la fête n’aura pas encore lieu cette année. Pour en savoir plus, nous avons approché le principal initiateur de cette fête dont l’idée était de lui donner une place nationale, M. Mohamed Bougaci, président du comité qui dira d’emblée : «Il y a un désintéressement total de la part des autorités locales et d’autres acteurs du mouvement associatif. Ce festival n’est pas à moi ni au secrétaire général M. Slimane Agdour. On ne peut avancer dans un contexte pareil. Quand on n’est pas soutenus, on lâche», regrettera-t-il. Pourtant, soulignera-t-il, l’idée faisait consensus entre tous. « Notre objectif était de sauvegarder cet pan de notre patrimoine ancestral. Et comme Tizi-Gheniff est leader dans cette musique folklorique, nous avons tenté à travers les six éditions de faire passer le message aux troupes pour veiller sur cette musique et au public d’adhérer à l’idée. N’oubliez pas que dans notre région, il y a de nombreuses troupes qui animent des fêtes familiales toute l’année et notamment en été. C’est un trésor. On ne doit pas l’enterrer subitement», estimera un autre membre du comité culturel. En tout cas, si cette fête n’a pas eu lieu, les organisateurs n’ont rien à se reprocher. Espérant que ce festival reprenne dès l’année prochaine pour voir Tizi-Gheniff et le public renouer avec la merveilleuse ambiance propre à Idhabalène. Ce n’est pas facile, mais, ce n’est pas impossible tant qu’il y aura des hommes qui prendront cette musique du terroir à bras-le corps. «Nous cèderons volontiers la place à ceux qui se proposeront, pourvu qu’ils soient capables de reprendre le flambeau pour réussir là o&ugrave,; peut-être, nous avons échoué», conclura M. Mohamed Bougaci avec un pincement au cœur.

Amar Ouramdane

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