«Notre commune souffre beaucoup d’insécurité»

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Maire FFS de Souk El-Tenine depuis les élections de novembre dernier, Slimane Khermous dresse un tableau peu reluisant de l’état général de la commune.

La Dépêche de Kabylie : Quel état des lieux faites-vous au sein de votre commune ?

Slimane Khermous : Notre commune est une collectivité budgétivore. Tout ce que nous devons réaliser pour améliorer ses conditions de vie de la population dépend des subventions et financements de l’Etat dans le cadre des plans communaux de développement (PCD) et plans sectoriels (PSD). Malheureusement, les enveloppes allouées dans le premier cas sont très en deçà des besoins, quant au second volet, les responsables se contentent de faire des promesses qui, pour la plupart, restent sans suite. Le marasme touche même les secteurs les plus stratégiques, tels ceux de la santé, de la sécurité, l’alimentation en eau potable et le réseau électrique. Et c’est sur ces cas-là que je voudrais me focaliser. La couverture sanitaire dans les divers villages de la commune est très insuffisante. Outre les salles de soins qui manquent de moyens matériels et humains, la polyclinique sise au chef lieu, qui est pourtant censée mieux prendre en charge les patients de toute la région, n’est pas mieux lotie. Nous n’avons cessé d’interpeller les autorités concernées, mais on nous fait des promesses qui n’aboutissent toujours pas. Je vous donnerai comme exemple le service de radiologie, dont les équipements sont en panne depuis une année et sur lesquels j’ai même attiré l’attention du wali, lors de sa dernière visite dans la daïra, devant la population et le directeur de la santé. Plusieurs mois après, rien n’a été fait. Lors d’une autre rencontre, il y a de cela plus d’un mois, j’ai rappelé le même problème au wali qui a appelé le directeur du secteur devant moi. Celui-ci lui assura que le matériel de radiologie était en voie d’acquisition. Et quelle ne fut ma surprise lorsque ce même directeur, appelé quelques temps plus tard, par mes soins, me tint un tout autre langage, arguant différentes raisons pour justifier la non-affectation des équipements en question. Concernant le fameux hôpital de Mâatkas, inscrit et annoncé à grande pompe en 2012, c’est le même scénario. Ce projet a été déclaré infructueux deux fois et réévalué plusieurs fois. On a même entendu le DSP annoncer sur les ondes de la radio le dégel des projets des cinq hôpitaux à l’indicatif de la wilaya dont celui de Mâatkas. Mais, à ce jour, il n’y a rien. Je rappelle que pour les besoins de l’implantation de cet hôpital, un terrain de football, Fekrane en l’occurrence, a été sacrifié pour servir d’assiette de construction. Et actuellement, nous subissons énormément de pression de la part des équipes et des jeunes qui veulent pratiquer du sport, car toute notre daïra est privée de terrain. Nous n’avons donc ni gardé le stade ni bénéficié du dit hôpital.

Et qu’en est-il du volet sécuritaire ?

Sur ce plan, la population de notre commune souffre beaucoup du manque de sécurité. Des actes de vols et des agressions sont régulièrement signalés et l’anarchie règne au chef-lieu et dans les villages. J’ai saisi toutes les autorités civiles et militaires auxquelles j’ai adressé des requêtes. C’est grave que l’autorité ne soit pas respectée dans une localité de la République, car toute bonne gestion devient alors impossible. Pourtant, nous avons consenti l’effort de proposer trois assiettes pour la construction et l’implantation d’une structure de sécurité dans la commune, l’une au niveau du parc communal, l’autre au lotissement Fekrane et enfin la dernière au quartier dit «17». Elles ont toutes étaient refusées par une commission qui s’est déplacée sur les lieux pour des motifs que je considère non-valables. Car, pour moi, quand il y a volonté et lorsqu’on y met les moyens, techniquement tout est réalisable et tous les obstacles de toute autre nature sont surmontables. J’interpelle, encore une fois, à travers votre journal, le ministre de l’Intérieur pour qu’il se penche sur ce cas dont souffre notre commune qui, en plus de tout ce que j’ai cité précédemment, est entourée de maquis très denses. Ce qui rend toute incursion malveillante très aisée.

Vous vouliez aussi parler d’AEP et d’électricité ?

Là aussi je conçois très mal qu’en 2018, dans un pays comme le nôtre, et vu toutes les ressources dont il dispose, des foyers et des familles ne disposent pas encore d’eau et d’électricité dans leurs maisons. C’est pourtant le cas à Souk el Ténine. Aux villages Thamagourth et Igar Hemmad, deux extensions du réseau électrique sont en souffrance. Les travaux ont pourtant été entamés en 2014 et ont sensiblement avancé, mais ils ont été interrompus subitement. Depuis, tous les foyers qui devaient en bénéficier, et beaucoup de nouveaux, sont sans électricité. Il en est de même pour l’AEP. L’adduction, censée alimenter le sud de la commune à partir de forages du Oued Bouguedoura et pour la réalisation de laquelle 4 entreprises ont été retenues, peine à se concrétiser. A chaque fois, on nous parle du retard dû au contrôleur financier. C’est à croire que ce dernier est une République à part. Pourquoi donc n’intervient-on pas à son niveau pour débloquer les situations ?

Un mot pour finir…

Encore une fois, je dénonce et je prends à témoin la population pour les promesses que les administrations wilayale et centrale n’honorent pas. Car, à chaque fois, cela nous décrédibilise aux yeux du citoyen qui, à la longue, ne croit plus ni aux élus ni à l’administration. Il n’y a que les actes concrets et le langage de vérité qui peuvent instaurer la confiance entre les responsables et la population.

Entretien réalisé par Rabah A.

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