«Les extrémistes profitent du laxisme de l’État»

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Le FFS a lancé, hier, la commémoration du 62e anniversaire du congrès de la Soummam par un premier meeting populaire animé à Draâ El-Mizan.

Pour ce faire, le parti a mobilisé ses premières têtes, à savoir Mohamed Hadj Djilani, premier secrétaire, et Ali Laskri, coordinateur du présidium issu du congrès extraordinaire du 20 avril dernier. Il y avait aussi le président de l’APW, M. Youcef Aouchiche. D’emblée, Mohamed Hadj Djilani a dit que cette commémoration «rappelle comme disait le regretté Hocine Ait Ahmed que la nation a vécu de grandes choses dans son histoire et qu’elle était montée si haut dans l’affection et l’estime des peuples et des hommes libres du monde.

Pourquoi est-elle descendue si bas ?», s’est-il interrogé. Dans son discours, il a estimé que 62 ans après le congrès de la Soummam et 56 ans après l’indépendance, le peuple est confronté à une multitude de crises (politique, économique, morale…). «Le régime s’entête à ne pas changer sa politique en persistant dans son illusion à évoluer dans les institutions en place et en ignorant l’existence de la crise. Force est de constater qu’il y a un consensus au sommet pour le statu quo mais un consensus en bas pour le changement», a-t-il souligné.

Ce qui lui fera dire que l’absence de visibilité, la fermeture du champ politique et médiatique, la corruption et l’entêtement du régime conduisent à la fragilité des institutions. Pour cela, l’orateur a estimé que le défi est la construction d’un État de droit et des institutions démocratiques au service des citoyens par la défense des droits de l’homme, des droits politiques, des droits socio-économiques, des droits culturels, des droits à la manifestation, à la marche pacifique, à la création des associations et au respect des libertés individuelles et collectives.

En somme, l’objectif final est «le droit d’avoir des droits». Il a aussi brossé un tableau sombre sur le plan économique, en disant que «malgré la hausse des prix du pétrole, les indicateurs économiques sont au rouge», en citant le financement non-conventionnel, l’inflation et la dévaluation effrayante de la monnaie nationale mettant en danger l’état social, objectif principal de la proclamation du 1er novembre et de la plate-forme de la Soummam. Du coup, il a fait un lien direct avec le consensus national que «construit» son parti.

«Avec sa vision d’une Algérie unie, démocratique et sociale, le FFS fait de la reconstruction du consensus national un axe cardinal de la résolution du 5e congrès national et le FFS est convaincu que le dialogue est la seule manière de règlement des conflits et de tous les problèmes», a-t-il expliqué. Il a endossé au régime l’entière responsabilité du statu quo, en bloquant toute alternative crédible et changement pacifique.

Il a argumenté cette analyse en considérant que le pouvoir est déjà rentré dans un processus de neutralisation de toute nouvelle dynamique nationale qui n’arrangera pas son agenda en perspective de la présidentielle d’avril 2019 d’une part, et que d’autre part, le discours des deux présidents des deux chambres du parlement de la clôture de la session parlementaire passée confirme que le pouvoir veut un consensus par le haut afin de prolonger le système actuel et maintenir le statu quo par un ralliement d’appareil au début et par la société par la suite.

«Le FFS considère que les scandales qui ont éclaté ces derniers jours confirment la fragilité des institutions de l’État, dépourvues de toute moralité», a-t-il appuyé encore. La commémoration du 20 août, ajoutera-t-il, interpelle au sujet de bon nombre de points, dont la primauté du politique sur le militaire.

Quand Hadj Djillani avertit certains… camarades déstabilisateurs

«En dépit de toutes les tentatives de déstabilisation du parti, d’attaques mensongères, contre ses cadres et militants, le régime n’a pas réussi à l’affaiblir», a-t-il ajouté, sautant visiblement dans un autre registre. Et de conclure en mettant en garde “ceux qui déstabiliseraient le parti, en soulignant que la filiation ou la proximité (allusion à certains camarades aujourd’hui en disgrâce) ne confère aucune légitimité sur le parti, ni permet d’influencer, voire de retarder la dynamique de changement engagé à tous les niveaux pour renouveler les structures et élargir la base du parti aux 48 wilayas”.

Prenant la parole à son tour, Ali Laskri abondera dans le même sens : «Le FFS sera restructuré dans les 48 wilayas du pays», a-t-il clamé fort. Évoquant des «déstabilisations menées par une certains sur les réseaux sociaux contre le parti», il a crié que la ligne du parti est inviolable. Au FFS, a-t-il répondu, «il n’y a ni lutte de clans, ni purge. Les clans sont dans le pouvoir. De quelle purge parle-t-on ?», s’est-il interrogé.

Entre temps, «de la publicité est faite pour des initiatives prises ici et là en perspective de l’élection présidentielle au nom du consensus. Non ! Seul le consensus national du FFS est une solution politique consensuelle venue de la base. Et ce n’est pas cette offensive actuelle progressive entonnée ici et là qui sortira le pays de sa crise multidimensionnelle», a-t-il plaidé. Il a réitéré aussi le slogan cher au parti, «Ni État policier, ni État intégriste», en citant quelques exemples de ce qui se fait dans la société pour faire peur à la population du retour des extrémistes comme dans les années 90. «Les extrémistes occupent des espaces parce qu’ils profitent du laxisme de l’État», a-t-il, par ailleurs, expliqué.

Amar Ouramdane

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