Logements sociaux : Le maire face à ses petites prérogatives

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Par Hafidh Bessaoudi

À quoi sert un maire ? Telle est la question qu’on pourrait se poser, en entendant les arguments de certains édiles. M. Kaci Idir, le maire d’obédience FFS de M’Chedallah, a récemment déclaré lors d’un entretien à la Dépêche de Kabylie à paraitre dans nos prochaines éditions que «concernant les logements sociaux, je précise que le maire n’est qu’un membre d’une commission de daïra. J’ai assumé ma tâche dans ce sens, en essayant de corriger les nombreuses irrégularités que nous avons recensées dans le travail fait auparavant». Un aveu d’impuissance déplorable, lorsqu’on sait que le premier magistrat de la commune est censé défendre les intérêts de ses concitoyens, notamment les plus nécessiteux, entre autres en ce qui concerne les logements sociaux. Cette manière de dire qu’il n’y est pour rien dans l’élimination de cas sociaux de la liste des demandeurs de logements n’est pas cohérente, ni avec les principes de son parti, ni avec la politique du gouvernement. Mais la loi est ce qu’elle est. Et le code communal est ce qu’il est. Cet aveu d’impuissance face l’hégémonie de l’administration sur l’élu démontre que d’autres cercles occultes imposent leurs lois dans les différentes municipalités. Le chef de la daïra de M’Chedallah (on restera sur l’exemple de M’Chedallah), simple commis de l’Etat, n’est effectivement pas censé connaître l’ensemble des demandeurs de logements. Le droit d’accorder un toit à telle ou telle personne semblerait alors un créneau ou il serait pourtant le moins bien avisé que le maire de la localité. N’empêche que c’est à lui que revient le dernier mot. Et pendant ce temps, des cas de familles lésées sont légions à travers les différentes daïras de la wilaya de Bouira. À M’Chedallah, des voix grondent et les recours se multiplient. Des veuves avec enfants habitant dans des taudis se plaignent d’avoir été injustement écartées des listes des bénéficiaires des logements sociaux, au profit de personnes décrites par l’opinion publique comme «aisées». La dernière attribution de logements sociaux à El Esnam, dans la daïra de Bechloul, avait également suscité la colère et le mécontentement de certains non bénéficiaires, qui, dans une lettre ouverte, ont interpellé les ministres de l’Intérieur et de l’Habitat pour diligenter une commission d’enquête. Les services de la wilaya de Bouira, chargés de veiller à l’équité dans la distribution des logements sociaux, ne se fiant qu’aux communes, difficile dans ce cas de désigner avec exactitude les responsables devant assumer les multiples défaillances dans l’élaboration des listes des bénéficiaires de ces logements sociaux.

H. B.

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