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TIZI-OUZOU - Absence de marchés de proximité, chômage, laisser-aller…

Les raisons de la difficile lutte contre l’informel

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À Tizi-Ouzou ou au niveau national, le constat est établi: l’informel s’est installé allégrement devant le commerce réglementaire, relégué au dernier plan.

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Il est exact que le discours officiel met le cap sur l’éradication de ce marché qui gangrène la société et malmène les consommateurs, mais il convient de reconnaître que les places et les espaces officiels, les galeries, les monoprix et les souks el fellah d’antan ont tous été fermés.

Du coup, la rue et les recoins des villes et villages sont devenus des espaces favorables au commerce informel qui n’arrange ni l’État, qui voit ainsi des sommes colossales aller vers l’informel et dans les poches des barons, et ni encore moins les consommateurs qui sont «plumés» à longueur d’année.

Une situation qui crée une instabilité chronique du marché. Pour ramener un semblant de stabilité, des directives ministérielles sont adressées au directions du commerce au niveau des wilaya, les sommant de combattre ce fléau qui peut être à l’origine d’événements et de manifestations populaires semblables aux évènements de la rareté et de la cherté du sucre, de l’indisponibilité de la semoule et de la farine ou encore, les manifestations contre cette la cherté de la viande et de l’oignon. Des événements qui ont mis à mal le pouvoir central au milieu des années 1980 et 1990.

Une situation qui ne doit pas se répéter pour maintenir l’actuelle paix sociale. Mais, les espaces commerciaux réglementaires et légaux capables de contrer et de réduire à néant ce fléau, se comptent sur les bouts d’une seule main, notamment à Tizi-Ouzou. Ce qui rend la tache des services concernés difficile car en l’absence d’espaces légaux, le recours à la faraude est presque imposé.

Des commissions mixtes pour le contrôle

Il faut aussi rappeler que dans les années 1970,1980 et1990, c’était l’État qui assurait la distribution des produits commerciaux via les canaux habituels et les entreprises étatiques. Le commerce se pratiquait généralement dans les galeries, les mono prix et les aswak.

Des chaines de distribution et des espaces commerciaux étaient contrôlés et gérés par l’État, ce qui avait réduit l’informel à des pratiques peu connues. Mais durant les années 1990 et la crise économique, l’ouverture politique avec le système d’économie de marché a mis à mort la plupart des espaces étatiques.

La vente des galeries, la fermeture des aswak et leur gestion confiées aux ouvriers en plus de la fermeture des entreprises de l’État presque sans distinction du fait de la fermeture même des entreprises commerciales performantes, le pouvoir central a eu recours au privé, pour pallier à cet état des lieux désertique notamment dans le commerce.

En 1996, une première note ministérielle instruit les walis de réfléchir à la création de marchés pour combattre l’informel qui a pris de l’ampleur. D’autres décrets sont venus réglementer les conditions de création et d’implantation des activités commerciales afin de résorber l’informel par la création de commissions de wilayas.

En 2012, un autre décret tombe pour faire participer le secteur privé et l’État s’est impliqué par la réalisation de marché de proximité et de marchés couverts pour, non seulement combattre le fléau qui avait pris des proportions alarmantes, mais aussi pour créer de l’emploi car le chômage des jeunes était aussi galopant.

Concernant les dernières et récentes directives ministérielles, le directeur du commerce, M.Kada Adjabi, a indiqué à propos des actions de sa direction pour mettre un terme à l’informel que «la direction du commerce a pour vocation le contrôle des commerces légaux. Concernant l’informel, nous intervenons en commission mixtes. Nous assurons le secrétariat.

A ce titre, je peux vous assurer que l’état des lieux concernant l’informel est établi et transmis aux APC qui doivent siéger et prendre les décisions efficientes. Tout ce qui est informel, à savoir, les sites, les marchés et les points de vente sont recensés et entre les mains des APC. L’État a aussi mis du sien avec la réalisation et l’aménagement de marchés de proximité et de marchés couverts pour justement créer de l’emploi et faire reculer l’informel ».

Huit marchés de proximité non opérationnels

La wilaya de Tizi-Ouzou a bénéficié de l’aménagement de 25 marchés de proximité mais hélas 8 sont, à ce jour, non opérationnels. Au chef-lieu de wilaya, le marché de proximité a été réhabilité pour un montant de plus de 15 millions de dinars.

Le marché couvert sis à l’Habitat qui a couté 2,5 millions de dinars, ne fonctionne qu’avec un seul intervenant. Ce marché est actuellement en dégradation car il n’a pas été rejoint par les commerçants du fait que le lieu de son implantation n’a pas été bien réfléchi, dit-on. Les marchés de proximité d’Ain el hammam sont, eux, opérationnels.

Les trois marchés de Larbaa Nath Iraten ne sont pas opérationnels, le premier sis à la cité des 67 logements n’est pas lancé car les citoyens se sont opposés. Même constat pour celui des 100 logements. Le seul en réalisation est le marché sis au niveau de la route de l’hôpital qui n’a atteint que 40% d’avancement.

Le marché de Béni Douala qui a bénéficié de 5 millions de dinars est opérationnel, mais il convient de signaler qu’en dehors du jour de marché hebdomadaire (mercredi), aucune trace de ce marché, devenu juste une route exploitée comme espace commercial une fois par semaine. A Ouacifs, le marché est opérationnel.

A Ouadhias, le marché hebdomadaire qui existe depuis que le monde est monde est opérationnel, mais le marché couvert bien que réceptionné n’est pas fonctionnel.

A Tizi Gheniff, le marché couvert n’est pas opérationnel, même son de cloche à Azazga où le marché bien que fini, n’est pas opérationnel. A Béni Yenni et à Makouda, les projets ne sont pas lancés.

A Iboudraren, ni le marché de proximité, ni le marché couvert ne sont lancés. A Draa ben Khedda, le marché de la cité Caper est achevé, réceptionné mais le branchement en électricité et en AEP est toujours en attente. Celui de Bénani est opérationnel.

A Ath Bouyoucef, le marché est réalisé mais il n’est pas opérationnel et à Azeffoun, le marché nécessite une réévaluation. A Souk el Tenine dans la daïra de Maatkas, le marché couvert est achevé et mis en service, mais les marchands ont fini par le bouder pour que le commerce se pratique sur les abords de la route.

L’affaire marchands et APC est portée devant les tribunaux. A rappeler que tous les projets de marchés non lancés ont été annulés, crise économique et austérité obligent. C’est dire que les espaces commerciaux opérationnels se comptent sur le bout des doigts, d’où le recours aux pratiques illicites.

Hocine T.

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