«Nous avons des opposants et non pas une opposition»

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Le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, a déploré le fait que les partis de l’opposition aient constitué un front contre le président de la République au lieu d’être une force de proposition.

M. Benyounès a tenu à rappeler, hier, lors de son discours d’ouverture des travaux de la 5e université d’été de son parti, le MPA, hier à Zemmouri El-Bahri, dans la wilaya de Boumerdès, que «personne ne peut empêcher un Algérien à se présenter aux élections sauf le Conseil constitutionnel».

S’exprimant sur les questions de l’actualité nationale et internationale, Amara Benyounès a usé d’un verbe direct. Sur le volet politique, le président du MPA constate qu’il «y a une mouvance et un bouillonnement politique autour des élections présidentielles», chose qu’il a considéré «normale et ordinaire».

Mais ce qui parait anormal aux yeux du chef du MPA est le fait qu’à six mois des élections, les opposants parlent de tout sauf de l’essentiel. «Il n’y a pas un débat autour des programmes politiques, sociaux et économiques ! Le seul débat est autour de construire un front contre le 5e mandat». Le président du MPA a rappelé que «ces personnes ont toujours été contre la personne du Président, même à son premier mandat».

Donc, conclut-il, «rien de nouveau à leur position», estimant qu’il «n’y a personne qui puisse empêcher un Algérien de se présenter aux élections sauf le Conseil constitutionnel». Toujours dans le même sillage, le président du MPA pense que «quelle que soit la décision de Bouteflika, il faut qu’il y ait des candidats».

À ce propos, Benyounès dira : «Moi je leur dit où est votre candidat ? Ils n’ont pas de candidat et n’auront pas de candidat pour une simple raison : ils ont peur du vote du peuple (…) En Algérie, nous avons des opposants et non une opposition structurée avec des propositions, une alternative, leur seul programme c’est de s’opposer au Président Bouteflika». Sur la relation de son parti avec le Président, il a rappelé que le soutien du MPA était «inconditionnel et total», regrettant que «certains parlent de soutien conditionné».

Il constate, en outre, «la surenchère» autour du soutien au Président. À propos du «front populaire», Amara Benyounès tranche : «Il n’y a aucun mur national ni un front qui protègera l’Algérie. La seule immunité c’est la démocratie. La solution c’est la démocratie. (…) Je le dis de manière officielle est définitive : le MPA ne va jamais adhérer à n’importe quel mouvement ou n’importe quelle organisation dirigée par un parti politique.

Celui qui veut faire un front est libre. Notre seul lien et notre seul engagement sont avec Bouteflika». Et d’enchaîner : «Celui qui veut soutenir Bouteflika est libre. Quand le moment des élections présidentielles arrivera, chaque parti s’exprimera».

«On est un parti indépendant»

Et pour éclaircir la position de son parti vis-à-vis des prochaines élections présidentielles, Amara Benyounès a réitéré la résolution du Conseil national qui a décidé de ne pas trancher hâtivement. Sur la question du soutien, le président du MPA se demande «qui soutient qui ?» Ces partis soutiennent Bouteflika ou le contraire ? Concernant son parti, il a affirmé : «On est un parti indépendant, un parti souverain, on ne permettra à personne de s’ingérer dans nos affaires et nous dicter notre agenda. Le MPA rencontre qui il veut, quand il veut. On est prêts à rencontrer tous les partis agréés en Algérie. On n’a aucun compte à régler avec une personne, un parti ou une institution».

Amara Benyounès a fait savoir que le conseil national du parti s’est réuni avant-hier et a adopté six principes qui sont : «Réitérer le soutien inconditionnel au Président, le MPA n’est pas dans une course au soutien, il n’y a aucun parti ou une personne qui peut empêcher un citoyen de participer aux élections présidentielles, il n’y a aucun parti ni personne qui peut forcer un citoyen à se présenter aux élections, le Conseil national est la seule instance habilitée à prendre la décision sur les élections présidentielles».

Le MPA a donc décidé de «reporter sa décision concernant les élections présidentielles pour avoir toutes les données et informations concernant les élections présidentielles». Dans un autre registre, le président du MPA a estimé que l’Algérie doit relever deux principaux défis, l’un est économique et l’autre sécuritaire, d’où le choix des thèmes des conférences de l’université d’été. Sur le plan économique, il faut répondre à la question «Quel projet économique pour l’Algérie».

Pour le MPA, le débat le plus important se porte autour de cette question. «Le projet économique, le développement économique et la vision économique que doit avoir chaque pays». D’ailleurs, l’ex-ministre estime que le débat principal lors des élections doit tourner autour du projet économique de chaque parti politique». Il a plaidé pour des réformes «profondes et urgentes dans tous les secteurs» et pour «mettre au cœur du projet économique l’entreprise économique», le MPA propose de «passer d’une économie rentière à une économie de production, de passer d’une économie bureaucratique socialiste à une économie de marché».

Nécessité de réformer la gestion du foncier

Pour le MPA, «sans économie de marché, il n’y aura pas d’efficacité économique et sans cette dernière, il n’y aura pas de justice sociale. La solution est une économie libre». Le responsable plaide, en outre, pour la réforme dans les secteurs «du foncier», affirmant que «la solution pour le MPA est que la gestion du foncier revient à l’APC et aux élus (…) Ce n’est pas à l’administration de gérer le foncier», «la banque», en optant «pour l’ouverture du capital économique de nos banques aux investisseurs Algériens et étrangers» et de lutter contre l’informel.

L’ex-ministre du Commerce a regretté l’instabilité de la législation en Algérie et le climat des affaires peu favorable. Sur le problème de la corruption, il a jugé indispensable de se référer à la justice, «seule habilitée à trancher sur les affaires et non pas la presse ou les politiques». Le principe au MPA concernant ces affaires, dira-t-il, «le coupable doit payer. Personne n’est au dessus de la loi».

Toujours dans le volet économique, il a indiqué que les problèmes économiques doivent avoir une solution économique. Benyounes est revenu sur la liste de presque 1 000 produits interdits à l’importation. Selon lui, «une année après, on n’a pas réussi à réduire les importations, au contraire, les importations ont augmenté». «Nous n’avons pas un problème d’importation, nous avons un problème de production», a-t-il souligné.

Il a averti contre le risque d’isolement économique et la stagnation et a noté «la nécessité d’intégrer l’OMC». Par ailleurs et concernant le deuxième défi que devrait relever l’Algérie, à savoir la sécurité, il a rappelé : «Nous sommes le seul pays qui a vaincu le terrorisme seul militairement». Dans ce sens, il s’interroge sur «qui sont les adeptes de qui tue qui ? Qui a accusé l’armée des crimes de la décennie noire ? Qui est parti à Saint-Egidio pour pourparler avec le parti dissolu et les terroristes ? Qui a signé cette plateforme de Saint-Egidio rejetée catégoriquement par l’État algérien ?».

Le président du MPA a rendu hommage à l’armée, la police, la gendarmerie, les gardes communaux, les GLD… A propos des derniers changements dans l’armée, il a tenu à préciser : «Il y a eu beaucoup de polémique autour de ça, beaucoup de rumeurs et de lectures mais la réalité c’est très ordinaire et simple. Le chef de l’État major propose des changements et le président décide et c’est ses prérogatives constitutionnelles (…) Il y a un seul Président et un seul patron dans ce pays, c’est Bouteflika.

L’institution de l’Armée est constitutionnelle et respecte la loi et n’a aucune ambition politique ni objectif politique, son rôle c’est de défendre le pays et le cadre démocratique». À noter que l’université d’été du MPA se poursuivra pour la journée d’aujourd’hui, où une conférence est programmée sur les enjeux sécuritaires dans la région. Hier, dans l’après-midi une, une autre conférence autour du thème «Quel projet économique pour l’Algérie», a été animée par des spécialistes.

Kamela Haddoum

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