Combien Bouhadja résistera-t-il encore ?

Partager

Des dizaines de députés de la majorité ont manifesté, hier matin, devant le parlement en y bloquant l’accès, réclamant la démission du président de la chambre Saïd Bouhadja. L’action visait à mettre un peu plus la pression sur le concerné qui ne semble pas disposé à céder.

Réagissant d’ailleurs à l’action des protestataires Bouhadja, qui s’est abstenu de faire le déplacement à l’APN certainement pour éviter le face-à-face, n’a toutefois pas hésité à réaffirmer son intention de rester en poste et qu’il ne céderait qu’à une injonction de Bouteflika, le président du FLN. «Ces députés ne représentent pas la majorité. C’est une petite bande qui est hors-la-loi», a-t-il affirmé à des confrères. «Hier, lors de la réunion du bureau politique, ils ont décidé de me retirer la couverture politique. C’est une décision illégale qui n’a pas été approuvée par le Comité central comme le stipulent les textes qui régissent le fonctionnement du parti,» ajoutera Bouhadja à TSA. «J’ai écrit au Président Bouteflika. J’attends une réponse des officiels pour m’informer de la décision finale (…). J’ai écrit au président Bouteflika en sa qualité de président du FLN. Je suis prêt à accepter toute décision qui émanerait de lui», a-t-il précisé. Avant de poursuivre : «Je ne me suis pas rebellé, comme le prétend Djamel Ould Abbes et je ne cherche pas à déstabiliser mon parti». Le FLN a pour rappel retiré, avant-hier, la couverture politique à Said Bouhadja, président de l’APN, et décidé de le convoquer devant la commission de discipline du parti. Le bureau politique du FLN, dans son communiqué diffusé, charge le président déchu, lui endossant la responsabilité de la situation de blocage que vit l’APN pour la troisième semaine consécutive. Cette situation de blocage, regrette-t-on, «entrave» le fonctionnement de cette institution, notamment dans la conjoncture actuelle, qui coïncide avec la présentation du projet de loi de finances 2019. Le FLN rappelle que «plusieurs tentatives ont été initiées» par son SG, Ould Abbès, et à travers «d’autres canaux», pour convaincre Said Bouhadja de démissionner, en réponse à la majorité des députés qui lui «ont retiré leur confiance». La crise à l’APN a été qualifiée de «dangereuse» et «portant atteinte à la stabilité d’une institution constitutionnelle». Le refus de Bouhadja de répondre aux sollicitations de son parti politique et autres voix haut placées a été considéré comme une démarche «irresponsable», qui a conduit à la levée de la couverture politique et la traduction du concerné devant la commission de discipline, conformément au règlement intérieur et aux statuts du parti. Conclusion, le parlement se retrouve avec un président sans casquette politique et qui ne concède aucune volonté de démissionner. Ould Abbès avait, rappelons-le, appelé le président déchu de sa couverture politique à démissionner et à se retirer dans la dignité. Il l’avait, en outre, exhorté à ne pas créer un «précédent» au niveau de l’APN, en citant des exemples de leaders politiques, du même parti, contestés par leur majorité et qui ont préféré démissionner par «grandeur d’âme», à savoir «feu Chérif Messaâdia, Karim Younès, feu Boumaâza». De son côté, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a réagi à la crise qui secoue la Chambre Basse du Parlement, évoquant, dans un premier temps, «un problème interne à l’institution», puis appelant le président de l’APN, Said Bouhadja, à «céder aux doléances des députés qui réclament son départ». Beaucoup de lectures ont été faites et celle de la dissolution de l’assemblée a fait couler beaucoup d’encre, avant la sortie d’Ahmed Ouyahia, également premier ministre en poste, qui a, d’un revers de la main, balayé cette possibilité, affirmant qu’ «il n’y aura pas de dissolution de l’APN», considérant que ceux qui en parlent «veulent faire peur aux députés». Le président de l’APN, quant à lui, continue à ignorer les appels des députés et des responsables politiques, revendiquant sa «légitimité constitutionnelle». Le responsable a répliqué par une sortie populaire dans un café maure de la capitale, ce qui serait normal, si l’on ne tenait pas compte de la conjoncture et si cela était de ses habitudes. Rappelons que la crise à l’APN a été déclenchée suite au «limogeage du secrétaire général de l’APN, sur instruction de Bouhadja qui n’a pas pris la peine de consulter les députés». Chose considérée comme «une violation manifeste du règlement intérieur de l’APN». Ce qui est reproché au député, président de l’APN, en plus de ce fait, ce sont de «nombreux dépassements signalés, sa mauvaise volonté à répondre aux préoccupations des députés, la marginalisation flagrante de ces derniers, un recours à des recrutements douteux et anarchiques de personnes sans aptitudes ni intégrité à qui sont confiés des postes et des salaires non mérités et le retardement volontaire de l’adoption du règlement intérieur de l’APN, faisant perdre à l’APN son autorité». Des accusations rejetées en bloc par le concerné. Les quatre groupes parlementaires, FLN, RND, MPA, TAJ et les indépendants ont appuyé ces accusations par une pétition de retrait de confiance, signée par 360 députés sur les 462 composant l’assemblée. Hier, la Commission des finances de l’APN a refusé d’examiner le projet de Loi de finances 2019 qui lui avait été transmis, avant-hier, par Saïd Bouhadja.

Kamela Haddoum.

Partager