Le parcours du commandant Ali Bennour revisité

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Comme chaque année, entre le 18 et le 21 octobre, c’est le recueillement devant la stèle du commandant Ali Bennour et Oukil Ramdane près de Maâmar dans la commune de Draâ El-Mizan. Pour ce 59°anniversaire de l’exécution de ces deux martyrs, il y eut une foule nombreuse venue non seulement de la région mais aussi de Tadmait, de Draâ Ben Khedda, de Tizi-Ouzou, d’Ait Yahia Moussa, de Bouira, de Boghni et même de Béjaïa. Hier, dès neuf heures trente minutes, de nombreux véhicules prirent place sur les abords de la RN 25 au lieu-dit Ighzer n’Souk. On a remarqué la présence de compagnons de guerre du martyr à l’image de son frère Slimane ou encore Si Ouahab et bien d’autres, Si Ouali Ait Ahmed, Mohand Ouramdane Hachour, les chefs de Kasma des Moudjahidine de Draâ El-Mizan et d’Ait Yahia Moussa, le fils du colonel Ali Mellah, la famille Krim, le chef de daïra de Draâ El-Mizan et bien sûr son fils Hocine et plusieurs enfants de Chouhadas. Deux gerbes de fleurs (famille et moudjahidine) ont été déposées devant ce monument avant d’observer une minute de silence à leur mémoire et à celle de tous les martyrs de la révolution. Ce fut Mohand Ouramdane Hachour qui commencera par revenir sur le parcours du commandant Ali Bennour. «Ali Moh Naâli a remplacé le chef de zone Ahcène Mahiouz après la mort de Cheikh Kaci tombé au champ d’honneur à Larbaa Nath Irathen. Il était un vrai chef de zone. Après la dissolution du bataillon du Djurdjura, Si Amirouche mit en place un autre bataillon à la fin de l’année 1958. Moi, je faisais partie de ce bataillon qui était parti en direction des Aurès. A notre retour à Ath Ouaâvane, en présence de plusieurs autres responsables, Si Moh Oulhadj Belaouche m’apprit la mort de Si Ali Bennour. J’étais vraiment très touché parce que Si Ali Moh Naâli était un Zaim et l’histoire de son exécution et de celle de l’infirmier-major Oukil Ramdane, vous la connaissez tous», témoignera-t-il. Dans sa prise de parole, M. Abdelmadjid Tabet, en sa qualité de chef de daïra, a reconnu la grandeur de ce grand responsable qu’était Ali Bennour, dont les Moudjahidine lui ont parlé. D’ailleurs, il dira que la présence de tous devant cette stèle est un signe que les générations futures vont continuer l’œuvre de ces héros. «Je promets qu’un édifice portera le nom de ce grand chahid à Draâ El-Mizan», soulignera-t-il. Son fils Hocine n’ira pas avec le dos de la cuillère pour non seulement dénoncer l’état de la stèle mais aussi de rectifier quelque part ce qui se dit autour du grade de son père. «Permettez-moi de revenir au sujet de ce grade. Mon père a été promu comme commandant par le colonel Si Amirouche. Personne ne remettra en cause cette nomination et personne ne pourra dévier l’histoire de son cours. Je le dis ici, devant vous, je ne céderai rien à ce sujet. De notre famille, il ne reste que mon oncle Slimane ici présent. Mon grand-père et mes deux oncles sont tombés au champ d’honneur. Et n’oubliez pas qu’Ali Moh Naâli avait de nombreux autres martyrs dans son entourage familial. Je vous annonce aussi que mon père n’a pas bénéficié de cadre de la nation comme beaucoup d’autres oubliés. Il faut remettre, donc, les pendules à l’heure. Aucun établissement public ne porte son nom à Tizi-Ouzou. Pourtant, c’est un commandant et ce ne sont pas les places, ni les rues ni encore moins les édifices publics qui manquent. Basta !», s’écriera-t-il. Appelé à faire un témoignage, Si Ouali Ait Ahmed rendra d’abord un vibrant hommage à ces deux martyrs avant de dire que le meilleur regard sur le commandant Ali Bennour est celui du cœur. «C’était un grand homme, brave et humaniste. Quant à sa promotion à ce grade par le colonel Si Amirouche, nous avons un écrit dans ce sens. Personne ne pourra remettre cela en cause. Si Ali Moh Naâli a occupé de nombreux postes. Comme chaque année, nous nous inclinons ici devant sa mémoire et celle de tous les martyrs. Je voudrais que des journées d’études soient organisées au musée du Moudjahid de Tizi-Ouzou où tous ceux qui l’ont connu et côtoyé livreront leurs témoignages. Et de cette façon, nous écrirons l’histoire glorieuse de ce héros», dira-t-il. D’autres ont apporté des témoignages, notamment ceux qui l’ont connu à l’image de Mohand Said Châllal, de Si Ouahab, le dernier à l’avoir vu avant son exécution, de Youcef Belkacemi, de Ramdane Sana, d’Akli Lamri et bien sûr, son frère Slimane présent lorsqu’il a été blessé le 18 octobre 1959 à Ait Yahia Moussa avec d’autres Moudjahidine et l’infirmier Oukil Ramdane. «Mon frère Ali avait une mission à accomplir dans la wilaya. Alors il s’était arrêté pour s’enquérir de la situation des blessés soignés dans cette infirmerie. Et suite à l’accrochage avec l’ennemi, il fut blessé et arrêté avec l’infirmier. Ils étaient ensuite transférés à la caserne de Draâ El-Mizan. Je ne reviendrai pas sur la suite parce qu’elle a été retracée par mes autres frères», précisera son frère Slimane. En tout cas, 59 ans après cette exécution et 56 ans après l’indépendance hautement arrachée par ces milliers d’hommes et de femmes, il est toujours attendu que l’histoire des grands hommes comme Ali Bennour soit écrite en lettres d’or, d’autant plus que ses compagnons sont encore vivants. Ali Bennour est exécuté entre le 18 et le 21 octobre 1959. Son parcours parle de lui aujourd’hui, parce que les témoignages entendus à chaque commémoration prouvent la grandeur, l’humanisme et la dignité de ce héros dont la famille fut décimée par l’armée coloniale, le père et deux frères. Un seul rescapé de ses frères, Slimane, ancien Moudjahid, lui aussi, seul à avoir échappé à la mort.

Amar Ouramdane

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