Kateb Yacine, 29 ans déjà !

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Par S. Ait Hamouda

Kateb Yacine, un grand nom de la littérature algérienne, a disparu le 28 octobre 1989 dans un hôpital à Grenoble (France). Il a été un poète intégral, un dramaturge de mère en fils, « ma mère à elle seule était un théâtre », flamboyant, romancier ou écrivain public, journaliste de l’instant et de l’éternité algérienne. Il s’est engagé dans les lettres, si jeune, ses premiers écrits s’inspirent de la révolution parce qu’il était révolutionnaire. A l’âge de 15 – 16 ans exclu de l’école après le 8 mai pour y avoir participé, emprisonné trois mois durant, son père tente de l’inscrire dans un lycée à Annaba, et là il rencontra sa cousine Nadjma, c’était un amour impossible, parce que non seulement elle était plus âgée que lui, de plus mariée. Cet amour impossible, tourmenta le jeune Yacine au point où il prit d’autres dimensions et une l’envergure pour devenir l’Algérie, « Nedjma ou le poème ou le couteau » dans « soliloque ». Il donne une conférence à Paris en 1947 sur l’émir Abdelkader. « Nedjma chaque automne reparue non sans m’avoir arraché Mes larmes et mon Khandjar Nedjma chaque automne disparue. » Sa muse, son inspiratrice est celle « qui suivit son corbillard » une fois mort pour de vrai. Il ne sombra pas dans la désillusion, fourbu, mais avec l’espoir subtil de ses malencontreuses bévues que commet parfois l’espérance. Où qu’il parla, où sa voix partait plus haut que l’arc en ciel décoloré, où geint l’arbre qui produisait des fruits suaves, mais qui résistait aux piqures du froid et aux morsures de la chaleur torride. Ainsi Yacine vécu altier, fier, comme un guerrier torrentiel de l’armada kebloutienne. Il dit la sentence qui ne s’accomplit pas mais elle se voit dans le miroir aveugle qui rend sa figure blême mais éclatante de toutes les lumières du jour sans s’inquiéter de ce qui adviendra à la nuit. Yacine n’est pas mort, parce que les poètes ne meurent pas, ils font semblant de mourir. Avec ce pied de nez qu’il fait au trépas, il continue à nous apprendre ce que nous vallons, par delà les tombes.

S. A. H.

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