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TIZI-OUZOU - Rencontre investisseurs - Unité de gestion des zones industrielles

Comment redynamiser les zones ?

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La situation des zones d’activités dans la wilaya de Tizi-Ouzou est, le moins que l’on puisse dire, «catastrophique». C’est le constat partagé par les intervenants.

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Un constat établi, hier, par les différents maillons intervenant dans le processus d’investissement dans la wilaya, à savoir les opérateurs, l’unité de gestion des zones industrielles et les autorités locales, lors d’une rencontre organisée à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. «Cette rencontre vise à instaurer une passerelle entre les opérateurs économiques et l’administration, où seront définies les missions et les prérogatives des uns et des autres avec un regard critique sans préjugé mais constructif», a indiqué le SG de la wilaya, M. Tibourtine. Ce dernier avoua que les difficultés sont multiples et les investisseurs travaillent dans des conditions qui sont «défavorables pour l’exercice de leurs activités», soulignant l’état de certaines zones créées depuis 30 ans et qui demeurent toujours sans viabilisation. Pour pouvoir améliorer la situation de ces zones, un montant des besoins qui s’élève à 2 milliards 600 DA a été exprimé, affirme M. Tibourtine. Ce dernier a annoncé l’installation d’un comité de suivi qui sera composé de représentants de gestionnaire de ces zones, de représentants de l’administration, d’opérateurs économiques élus ou désignés par leurs pairs et d’élus à l’APW et à l’APC. Le représentant du wali a donné, en outre, des chiffres relatifs à l’exploitation de ces zones. En matière d’occupation, le nombre des lots créés est de 952 lots, le nombre des lots attribués est de 809, alors que le nombre de lots libres est de 153. Les projets en activité sont à 23%, ceux en cours de réalisation à 21%, ceux réalisés mais non encore opérationnels à 7 %, les projets dont la réalisation est à l’arrêt sont à 3 %, alors que les projets non réalisés sont à 44%. Le SG s’est arrêté sur le dernier chiffre en précisant que «44 % des bénéficiaires de terrains non pas réalisé leurs projets». D’ailleurs, il a adressé un message aux concernés, les invitant «soit à réaliser leurs projets dans les meilleurs délais, soit à restituer les terrains, voire même annuler l’attribution pour pouvoir les redistribuer aux porteurs de projets dont la demande s’élève au nombre de 1 300» : «À partir de la semaine prochaine, les concernés vont recevoir des mises en demeure», lancera-t-il. Le même tableau noir a été dressé par le représentant de l’APW, M. Hamid Hammoudi. Ce dernier a estimé qu’il faut relancer l’investissement qui est «presque» à l’arrêt dans la wilaya. L’élu a rappelé que l’APW a œuvré pour procurer plus de terrains aux investisseurs malgré la rareté du foncier, et ce à travers deux délibérations portant la récupération du foncier industriel attribué et non exploité et l’attribution du portefeuille foncier détenu par la SOGI gelé. Le président de la commission de l’investissement de l’APW a souligné le problème des zones non viabilisées et le manque de certaines autres zones en la matière. Rappelant dans ce sens que l’assemblée élue à travers son président a sollicité le ministre de l’Industrie à ce sujet et une cagnotte assez importante a été attribuée dans le cadre du FCCL. L’élu a également plaidé pour la démocratisation du processus de l’investissement en «luttant contre la bureaucratie qui est un élément bloquant».

«Seuls 20 % des investisseurs payent leurs quotes-parts»

Le DG du groupe DIVINDUS, Rachid Raddaf, a, pour sa part, soulevé les différents problèmes dont souffrent les opérateurs. Le responsable a estimé que «tous les maillons de la chaîne investissement doivent fonctionner», optant pour «un dialogue sincère». Selon lui, «les défis sont complexes mais possibles. Il faut que cessent l’indifférence et la méfiance». À propos du problème du foncier, M. Reddaf a indiqué qu’une analyse exhaustive de la situation du portefeuille foncier de notre wilaya s’impose», en expliquant la nature des problèmes rencontrés : «Ils existent des terrains occupés illicitement, d’autres attribués mais inexploités, d’autres encore connaissent des problèmes d’ordre juridique, alors que d’autres sont confrontés à des oppositions des fois objectives mais souvent infondées», a-t-il souligné. En outre, le DG du groupe DIVINDUS a relevé la nécessité de «repenser le foncier et redéfinir les règles de son attribution aux investisseurs». Le responsable n’a pas caché la situation difficile de l’entreprise qui n’a d’autres ressources financières que les quotes-parts payées par les investisseurs : «Des investisseurs refusent de payer leurs quotes-parts, prétextant le manque de viabilisation, mais ce refus de payer nous met dans des difficultés à financer les travaux de viabilisation», déclare-t-il.

Des zones non encore viabilisées après 30 ans d’existence

Les problèmes des zones industrielles dans la wilaya de Tizi-Ouzou ont été détaillés par le DG de DIVINDUS et par le directeur de l’unité de gestion des zones du groupe dans la wilaya, à savoir M. Rabah Yermeche. Celui-ci a exposé dans le détail l’état de chaque zone et a mis en évidence l’état «catastrophique» de ces dernières. Parmi les problèmes soulignés par M. Reddaf, en plus du problème de payement des participations, l’ont citera les oppositions de tous genre et de toutes natures, le manque de clôture et de viabilisation, le cycle répétitif des travaux jamais achevés, les convoitises et empiétements des riverains, l’absence de conditions sécuritaires, le foisonnement des décharges sauvages et dépôts de gravats, l’absence ou l’indentification de certains opérateurs, la persistance de l’esprit de beylik, le non respect des délais de réalisation, le non assainissement du foncier, le non respect des délais par l’administration dans les réponses aux opérateurs, la non réhabilitation des réseaux et leur modernisation. L’exemple des zones de Draâ El-Mizan et Tizi-Gheniff non viabilisées malgré leur existence depuis plus 30ans. Les autres zones nécessiteraient, quant à elle, une réhabilitation pour les réseaux existants et les réalisations d’autres réseaux inexistants (assainissement, électricité, gaz, voirie, éclairage…). «Les problèmes sont énormes.

On ne va pas les régler à court terme», tranche le DG de Divindus. Selon ce dernier, la solution préconisée pour sortir de cette situation est d’abord la création d’un comité de suivi, où l’opérateur sera partenaire dans l’élaboration du plan d’action et l’élaboration du budget. Le comité aura le droit de regard sur l’état d’avancement des travaux. «Les directeurs des unités à l’échelle nationale sont instruits de faire un état des lieux de chaque zone pour pouvoir remédier à cette situation catastrophique héritée», soulignera-t-il. De leur côté, les opérateurs répliquent: «Nous sommes fatigués». L’environnement dont évoluent les investisseurs leur est «défavorable». D’ailleurs, ils n’ont pas hésité à l’exprimer. Un opérateur (Medjkoun), activant au niveau de la zone de Tala Athmane depuis 1986, a exposé la situation qui prévaut au sein de cette zone : «Nous n’avons bénéficié du réseau d’AEP que depuis 4 ans. Nous sommes restés 20 ans sans AEP !», s’emportera l’investisseur. Les opérateurs, dénoncent-il, «payent depuis 30 ans la taxe sans voir leur déchet acheminés». L’opérateur s’est plaint de l’état de cette zone qui a vu défiler, selon lui, quatre marchés et qui s’est transformée ces derniers temps en un dépotoir. Un autre investisseur activant à Draâ Ben Khedda dans le domaine médical, a soulevé le problème de sécurité et d’AEP qui dure depuis 2004 : «Le réseau routier est inexistant pour cette zone», dira-t-il. Un autre investisseur de la même région dénonce les entraves bureaucratiques : «Six mois pour une réponse à un courrier !», regrette-t-il.

Kamela Haddoum

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