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AMIROUCHE MESSIS, maire d’Aghribs : «Le raccordement à l’assainissement n’est que de 30%»

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À travers cet entretien, le maire de la commune d’Aghribs, Amirouche Messis, dresse un état des lieux de sa commune et fait part du plan d’action de son exécutif et des objectifs qu’ils se sont assigné.

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La Dépêche de Kabylie : Voulez-vous présenter en premier votre commune ?

Amirouche Messis : La commune d’Aghrib est issue du découpage de1984. Elle totalise une population de près de 13 000 habitants répartis sur 17 villages et d’un chef-lieu qui n’est qu’à son début et qui se métamorphose petit à petit. Notre commune est rurale et ne dispose pas de capacités pour s’autofinancer, elle fonctionne grâce au budget de l’État. Notre commune est pauvre. D’ailleurs cette année, notre commune est déficitaire et certainement ce sera le même cas pour l’année prochaine. Nous connaissons l’état de notre commune avant que l’on soit élu.

Après une année de gestion, pouvez-vous revenir sur lasituation qui prévalait à votre prise de fonction et quelles ont été par la suite vos priorités ?

Une commune qui a fonctionné à sens unique depuis 2002, nous ne sommes pas étonnés de trouver une situation difficile, cela ne nous a pas découragés mais bien au contraire, nous vivons dans la difficulté quotidiennement, la commune ne peut pas faire face aux doléances des citoyens vu sa situation financière. Le manque se trouve dans tous les secteurs. Les citoyens sont devenus exigeants et nous n’avons pas les moyens pour faire face. Les difficultés sont quotidiennement au menu. En arrivant à la tête de l’APC, nous avons fait des promesses à la population, à savoir une gestion transparente et de faire de notre APC une maison de verre. Effectivement, on a commencé à travailler dans la transparence, les PCD 2018, nous les avons traités avec les comités de villages qui ont fait leurs propositions et on a commencé par les opérations les plus urgentes. Nous avons réparti la cagnotte de 3,6 milliards et nous l’avons distribué équitablement sur l’ensemble des villages. Nous avons aussi inscrit deux petites opérations de 6 millions de dinars sur le chef-lieu qui n’est pas encore un chef-lieu. Nous avons aussi dans le cadre de l’aménagement urbain un projet de 500 logements AADL en cours et un autre de 402 logements en voie de l’être. C’est vous dire que nous avons enclenché une nouvelle dynamique pour récupérer le temps perdu. La volonté existe, nous demandons à nos citoyens de patienter, d’être compréhensifs et de se mobiliser à nos côtés pour avancer ensemble.

Puisqu’on parle des PCD, où en êtes-vous ?

Les PCD avec la nouvelle procédure, on lance la consultation puis on vous inscrit des opérations en fonction du montant. Une démarche qui fait avancer les PCD dans le temps. D’ailleurs à présent, nous avons une opération dont la décision d’inscription vient juste de nous parvenir. C’est un avantage d’inscrire selon la consultation pour éviter les reliquats. Sur les 3,6 milliards, vu que nous avons assuré une large consultation, nous avons eu un reliquat de 11 millions de dinars. Réellement, nous avons clôturé beaucoup de projets, il reste encore quelques opérations notamment celles nécessitant un avenant, la procédure est lente notamment avec le CF qui prend beaucoup de temps. Il faut dire qu’administrativement parlant, les procédures sont lentes. Les va et vient au CF sont légions. Il faut dire aussi que les entreprises ne sont pas performantes. Le problème du moins disant est pénalisant pourquoi pas le mieux disant. Le moins disant il faut l’accompagner et le sensibiliser pour qu’il achève son projet.

Y a-t-il des projets en souffrance au niveau de la commune ?

En effet, nous avons des projets en souffrance notamment le centre de regroupement sportif inscrit depuis des années qui est à la traîne. Le chantier a, certes, redémarré et les entreprises ont repris les travaux, mais leur cadence n’est pas celle souhaitée. C’est lent. Nous avons encore 340 logements LPL inscris depuis des années, la cadence des travaux ressemble à la cadence des tortues. Une des entreprises nous a causé un grand problème par rapport à la RN71 qui est pratiquement coupée. Nous avons aussi le projet de la bibliothèque communale qui est en souffrance depuis 2013. C’est un ancien projet, nous avons donc résilié avec les entreprises en charge du projet et nous allons relancer de nouveau la procédure pour l’achever.

Qu’en est-il de l’environnement ?

À notre arrivée, Aghribs était déjà choisie pour accueillir un CET, chose qui nous a créé beaucoup de problèmes et de magouille. La nouvelle assemblée a opté pour le tri sélectif des déchets. Le CET est mis de côté. Nous sommes en train de faire de la sensibilisation. Nous avons saisi les comités de villages pour désigner des assiettes au niveau de chaque village et on va les accompagner avec les moyens disponibles, notamment les bacs. Il y a déjà deux villages qui ont répondu favorablement. Il s’agit des villages Aït Ouchene et Adrar. Nous avons à notre niveau pensé à l’acquisition d’un incinérateur qui sera placé en attendant au parc communal. Il servira à traiter les déchets ultimes. Les villages qui ne feront pas de tri ne seront pas concernés par l’incinération. Nous avons arrêté la collecte parce qu’il n’y a pas de quoi payer. C’est l’occasion pour lancer le tri et ensuite l’incinération. La collecte des déchets nous coûtait entre 2 et 3 millions de dinars pour acheminer les déchets vers le CET d’Oued Falli. Nous n’avons qu’une seule tasseuse pour 17 villages. Les écoles primaires et la polyclinique, la collecte n’a jamais été régulière ni efficace.

Quel est le taux de raccordement à l’assainissement dans la commune ?

La commune d’Aghribs est parmi les dernières concernant le taux de raccordement à l’assainissement, il est juste de 30%. Nous avons uniquement quatre villages assainis, les autres ce sont de petits tronçons avec bassins de filtrations. Maintenant, nous avons aussi le problème de prolongement des tronçons même dans les villages assainis. Les rejets à ciel ouvert et les fosses septiques sont toujours d’actualité. Les bassins de filtration sont obsolètes, il nous faut des bassins de décantation ou des puits filtrants. Nous avons dix villages qui ne disposent pas d’un mètre linéaire. Nos services de l’hygiène sont persécutés et les conflits naissent à profusion, des menaces de boucher les tronçons, c’est compliqué. Il nous faut un plan Marchal. Le ministre de l’Hydraulique a été interpellé et toutes les fiches techniques lui ont été transmises. À Iagachen, il nous faut 4,5 milliards, le prolongement de Tamassit nécessite un milliard, il faut 1,6 milliard pour Ath Ouamara et 5 milliards à Ath Ouchene pour l’assainir. En matière d’assainissement, nous sommes à la traîne. Il nous faut aussi une station d’épuration pour éviter tous les risques.

Qu’en est-il de l’adduction à l’eau potable, à l’électricité, au gaz et à la fibre optique ?

Le réseau de l’AEP existe, l’eau non. On vit le calvaire notamment en saison estivale. L’eau n’est lâchée qu’à raison d’une seule fois par semaine et parfois une seule fois par quinze jours. Les citoyens ont recours à l’achat de citernes tractables à raison de 2 000 DA l’unité. Les fuites du réseau, la multiplication de points noirs constituent une menace sur la santé publique. Il y a un projet de dessalement, peut être qu’il y aura un changement. L’ADE a été interpellé pour augmenter notre quota et pour le moment, nous ne voyons rien venir. Concernant l’électricité, le réseau existe mais les projets d’extension ne viennent pas. Le réseau de la fibre optique n’existe que partiellement au chef-lieu, les villages en sont dépourvus. La seule satisfaction à Aghribs vient du gaz naturel qui est presque à 100 %.

Parlons des secteurs de la santé, de l’éducation et de la jeunesse…

Nous disposons au chef-lieu d’une polyclinique mais elle est toujours prise d’assaut par les citoyens des communes limitrophes. Il faut donc doter ces communes de polycliniques pour soulager la nôtre. Au niveau des villages, nous comptons six unités de soins dont trois sont fermées. Pour le secteur de l’éducation, nous comptons cinq écoles primaires, un collège et un lycée. L’état des écoles primaires est critique, elles ont toutes besoin de travaux de réhabilitation. Notre collège n’est qu’une ancienne caserne de l’armée française. Pour assurer le ramassage scolaire, nous recourons à des conventions avec le privé, ce qui nous revient à 4 millions de dinars par an. Pour ce qui est du secteur de la jeunesse, c’est carrément le désert car nous n’avons ni stade communal, ni salle polyvalente et encore moins une maison de jeunes ou une piscine. Nous avons un centre culturel qui est toujours occupé par l’ANP, nous demandons sa restitution.

Pour terminer, quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?

Il nous faut en urgence une station d’épuration et une cagnotte conséquente pour assainir notre commune. Aussi, il nous faut un stade homologué, une véritable maison des jeunes et une salle omnisports pour mettre à la disposition de notre jeunesse des espaces où ils pourront évoluer. Nous souhaitons également relancer notre zone d’activités pour la création de l’emploi et de la richesse et ainsi dégripper la roue du développement. Il nous faut aussi trouver une assiette pour localiser notre marché hebdomadaire et relancer l’activité commerciale. Un autre projet qui nous tient aussi à cœur, il s’agit d’une agence postale car pour l’instant, nous ne disposons que d’un bureau postal de 25 m².

Entretien réalisé par Hocine T

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