Doit-on s’habituer à ces prix qui flambent ?

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Le porte-monnaie de l’Algérien est fortement sollicité. Le panier quotidien, lui, s’amaigrit chaque jour davantage. La courbe des indices à la consommation est en chute conséquente.

Après une brève accalmie de la mercuriale en novembre dernier, les prix à la consommation repartent à la hausse durant ce mois de décembre dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Et l’approche des fêtes de fin d’année n’est nullement pour arranger les ménages. Tout grimpe ! Les prix des fruits et légumes ou des produits manufacturiers affichés cette semaine finiront par éreinter le moral du consommateur.

L’indice du panier s’il est calqué sur un smicard, risque de révéler le grossissement des rangs des mal-nourris. Et pour cause, rien qu’avec les prix affichés pour les légumes, un smicard vivant seul doit débourser une moyenne de 800 dinars par semaine pour se nourrir avec de la pomme de terre, de l’oignon, de la tomate et du fenouil. Soit 3 200 dinars rien que pour manger deux maigres repas par jour durant un mois. En cette période de froid, beaucoup d’Algériens devraient se rabattre sur les légumes secs, comme cela fut habitué durant les années difficiles pour la rente nationale.

Hélas, avec des haricots à 250 dinars/kg, ou les poids-chiches à 330 dinars/kg, il n’est plus évident de mijoter un bouillon complet de légumes secs sans risque d’écorner son porte-monnaie, d’où le choix porté par beaucoup de ménagères vers des ragots de deux à trois légumes accompagnés par un grand panier de pain. Hier, dans les marchés de proximité comme dans les magasins de fruits et légumes, les prix de ces derniers étaient révélateurs d’un sale temps pour le consommateur.

À 130 dinars le kilo pour la courgette, la tomate ou encore la laitue, ce n’est certainement pas vers le poivron ou même le piment que le consommateur va se rabattre pour son plat de diner, car y compris ses deux légumes, l’ardoise affiche 130 dinars/kg. Même pour un demi-plat de frittes-omelettes, la petite bourse d’un smicard vivant seul ou d’un salarié moyen à 24 000 dinars/mois vivant avec sa femme et ses deux enfants, n’y supportera non plus l’envolée des prix.

Si les œufs continuent de se hisser au dessus de 11 dinars l’unité (350 à 360 dinars le plateau de 30 unités), la pomme de terre, elle, se vend entre 55 et 65 dinars/kg selon sa provenance. Il faut dire qu’en dépit de l’opération de déstockage, le mois dernier, de plusieurs tonnes de ce tubercule, les prix se sont entendus pour se maintenir au dessus du seuil symbolique des 50 dinars le kilo. Bien que le chou-fleur ait chuté de 20 dinars, puisqu’il est vendu, hier, à 60 dinars, le chou a pris sur le prix des carottes, tomate, courgette et laitue.

Quand aux fruits, seules les oranges sont à même de se targuer attirantes, non pas pour leur couleur orangée, mais pour la finesse de leur prix qui demeurent quand-même supérieur à la moyenne du prix d’il y a deux ans, puisqu’elle se vendait hier à 130 dinars le kilo. Inutile pour la majorité des consommateurs de roder près des caisses de pommes, locales ou d’importation, tant elles ne descendent pas sous les 400 dinars/kg.

Excepté donc la banane qui a revu son prix à la baisse ces derniers jours pour s’afficher à 300 dinars/kg (rien que ça !), les autres fruits relèvent toujours du grand luxe. Un luxe difficile à s’offrir même auprès des pâtissiers dont la simple génoise est à 150 dinars l’unité. D’aucuns sont habitués à trancher sur les services ou bien à s’offrir lorsque la bourse mensuelle est faiblement gâtée. Oublier les loisirs ou carrément feindre de ne pas connaître ce que c’est que de se faire plaisir, de voyager ou se donner le minimum de loisir dans les manèges à enfants risque de devenir un comportement ancré dans la culture de vie au quotidien du citoyen.

Ereinté par le «tout augmente», et par «rien de plus au bulletin de paie», l’Algérien vit son quotidien à choisir entre se soigner ou s’habiller, ou plutôt comment habiller sa progéniture. Pendant que les effets vestimentaires flambent dans les vitrines, la fripe suit. Autant dire que même dans les magasins de friperie et des vêtements usagés, il n’est pas si évident de pouvoir se permettre de s’habiller deux fois par an. Le bas prix d’un pantalon en magasin est à 3 000 dinars, idem pour les souliers. Dans la fripe, c’est à partir de 1 300 dinars que l’on pourra s’habiller.

M. A. T

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