Yemma Gouraya aurait bel et bien existé

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Avec les découvertes récentes de M. Malek Aït Hamouda, architecte de l’Ecole supérieure nationale d’architecture de Paris, la Villette, résultats de nombreuses, longues et fructueuses recherches en France, complétées par un travail au niveau du Parc national de Béjaïa, c’est un mythe, une certitude historique qui vient de s’écrouler : contrairement à ce que l’on tenait pour définitivement établi, définitif et prouvé, le fort Gouraya n’a pas été édifié par les Espagnols au 16e siècle ! Des preuves irréfutables recueillies dans les archives de l’armée française, notamment une carte reproduisant, d’un côté le site tel que trouvé par les Français, composé d’une @kouba, d’une citerne et d’une maisonnette et de l’autre, le plan de l’actuel fort réalisé par Lemercier, bien connu à Béjaïa par d’autres ouvrages militaires, ont pu être amassées par notre jeune chercheur, dont le coup de foudre pour Béjaïa, ses vestiges et saints est aussi sincère que profond. La mise en évidence de l’existence d’une kouba où repose probablement yemma Gouraya met fin à une polémique vieille comme le temps. La légende de Gouraya fait place à l’Histoire puisque son nom est mentionné dans plusieurs ouvrages inconnus chez nous. Elle se situe dans la lignée des grandes héroïnes nationales qui, à chaque grande invasion, se dressent devant l’ennemi. Il y a eu la Kahina contre les Arabes, Gouraya contre les Espagnols aux côtés des Arroudj dit Barberousse, Fadhma N’Soumeur contre Randon le Français… Le mythe de l’absence de tombe est ainsi levé. Avec la destruction, par les Français en 1833 de la kouba, pour édifier le fort, c’est la tombe qui est rayée de la carte et que la mémoire collective a fini par oublier.Aujourd’hui, la superposition entre la place forte militaire et le spirituel—les pèlerinages remontent probablement à bien longtemps—est essentielle pour la bonne compréhension d’une légende qui a cessé d’en être une, dès lors qu’elle a fait une entrée fracassante dans l’histoire. M. Aït Hamouda, qui nous a réservé l’exclusivité de sa découverte,prépare une exposition-annonce de l’événement avec présentation de toutes ses preuves scientifiques pour septembre. Il nous promet d’autres surprises encore. Les mythes finissent toujours par épouser, d’une façon ou d’une autre, l’histoire, expurgée des approximations de pseudo-historiens aux vérités qui ne résistent guère aux analyses sérieuses. La balle, désormais, est dans le camp des historiens, les vrais…

Mustapha Ramdani

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