La commune ne décolle pas !

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Sidi Naâmane, l’une des quatre communes constituant la daïra de Draâ Ben Khedda, avec plus de 12 000 habitants, est située à quelques quatre kilomètres au Nord du chef-lieu de daïra. 

L’accès vers le chef-lieu communal, qui a toutes les potentialités pour être coquette, se fait aisément par le pont de l’Oued Sébaou, le pont Maïza ou par la route menant vers Makouda. Cependant, c’est une municipalité qui demande plus d’attention de la part des autorités locales et de wilaya. Notre tournée au centre ville, en fin d’après-midi d’avant-hier samedi, s’est soldée par un constat amer et les citoyens rencontrés témoignent de la situation non réjouissante qu’ils vivent depuis de très longues années. Premier constat : sur toute l’étendue de la commune, les travaux de curage des fossés, de désherbage des talus, et de nettoyage des accotements ne sont pas encore entamés. A notre passage sur le pont Maïza, c’est un décor ahurissant qui nous interpelle. Des tas de déchets de volailles, de débris de chaux et autres matériaux occupent une bonne partie de l’espace, qui devrait être un lieu de stationnement et de repos pour les automobilistes, fatigués. Des odeurs nauséabondes s’y dégagent et vous font fuir les lieux. C’est en somme un décor désolant qui s’offre à nous sur les différentes routes empruntées.  C’est le cas, par exemple, du chemin communal reliant Litama et Imekhlef, en passant par les villages désertés durant la décennie noire. Il permet de se rendre aussi à Boumerdès, Taouarga et Tigzirt. Sa prise en charge a été bâclée par l’entreprise à laquelle a été confié le projet. « le chemin est étroit et dépourvu d’accotements », dira un habitant. Il est utile de rappeler que durant la décennie noire, plusieurs villages ont été désertés par leurs habitants, à l’image de Boumhala, Cheriet, Thala Mokar, Laksaïr, Mélaïb et Imlikchène, abandonnant maisons et parcelles de terre. Le retour a commencé à se faire, même timidement, dans des conditions plus ou moins bonnes, à partir de 2007, grâce à l’administration locale, à la société civile et à l’Etat. Cependant, « les autorités doivent fournir de gros efforts et mettre le paquet pour que ces villages puissent tourner la page et retrouvent tous leurs exilés et que la vie redevienne normale. Pour cela, des conditions, élémentaires mais indispensables de nos jours, doivent être mises à la disposition des citoyens qui sont retournés au bercail, eux qui avaient abandonné par la force et souvent sous la menace de mort, tous leurs biens. Le sourire revient peu à peu chez ces populations qui attendent beaucoup de leurs responsables, à tous les échelons de la hiérarchie.  Comme guise d’accueil au niveau du chef-lieu, on a trouvé des buses à même le trottoir, non loin du siège de l’APC. Selon, les citoyens, ces buses sont là depuis quelques temps déjà L’entreprise à qui est confié le projet d’assainissement ne semble pas se presser pour entamer les travaux. Tout au long de l’axe principal, en continuelle dégradation alors que son dernier revêtement ne date que de cinq années, la remise en l’état par l’entreprise réalisatrice du projet du gaz/ AEP/ fibre optique ou téléphone, n’est pas pour aujourd’hui. « La dégradation gagne du terrain ».

Des villages entiers sans eau depuis des mois 

Concernant l’eau potable d’ailleurs, on apprend que rares sont les villages de la commune qui sont épargnés par la pénurie même en hiver. « Quelle serait la situation en été ? ». Le réseau qui alimentait Imekhlef et Litama, en passant par Boumhala, Thala Mokar et Zeboudj Kara, sur une distance d’environ sept kilomètres, n’assure plus ses fonctions dans de bonnes  conditions : « Nous n’avons de l’eau qu’une fois tous les vingt jours », avance un citoyen du village Boumhala, qui jure que son robinet est à sec depuis des semaines. Heureux ceux qui ont des puits ! concernant le gaz de ville, le projet retenu pour cette commune n’avance pas à la cadence voulue, alors que les premières pluies automnales ne tarderont pas à se manifester pour retarder encore davantage les travaux. Les travaux à Draâ Khelifa et dans une partie de Zeboudj Kara se voient bloqués par l’entreprise réalisatrice. « Nous nous demandons pourquoi cette léthargie qui plonge les citoyens des villages Zaouïa, Thala Mokar, Boumhala et Imekhlef dans l’inquiétude. Les élus locaux ne s’inquiètent pas et l’entreprise à qui a été confié le projet ne se manifeste pas ». Il est temps que les responsables de la wilaya se penchent sur cette situation avant les grands froids, pour que la population profite de ce produit indispensable et qui n’est plus un luxe, surtout que la commune est traversée par le réseau.

Le secteur de la santé ce parent pauvre !      

Même constat toute aussi désolant pour le secteur de la santé. Pour une commune de plus de 12 000 habitants, le centre de santé (dispensaire) s’avère non seulement insuffisant, mais aussi manquant de moyens humains et matériels, notamment avec l’inexistence d’un dentiste, d’une salle de radio et d’une ambulance. Les villages, pour leur majorité sont dépourvus de salles de soins, et si elles existent, elles ne fonctionnent pas dans de bonnes conditions. Il est d’ailleurs le cas concernant le secteur de la jeunesse. Une jeunesse qui a vécu les affres de la décennie noire ne mérite pas de revivre le même scénario. « Pour l’heure, il n’y a aucun projet pour nos jeunes. La Maison de jeunes porte à tort son nom, car elle n’est d’aucune utilité », avance un jeune avec amertume. Son voisin lui emboîte le pas : « Aucun village n’est pourvu de foyer de jeunes. Nous nous inquiétons pour notre avenir ! L’emploi se fait rare et la plupart des jeunes s’adonnent à l’extraction du sable de l’oued Sébaou, avec la peur au ventre ». Cette affirmation de plusieurs jeunes doit être prise au sérieux et la direction de la jeunesse et des sports est interpellée, d’autant plus que l’unique stade, pourtant homologué situé à Zeboudj Kara et non au centre-ville, ne reçoit pas la catégorie des seniors, domiciliée au stade Kaci Ali de Draâ Ben Khedda.

L’agriculture, seul secteur à redonner espoir 

L’agriculture est le seul secteur qui peut sauver la population, étant donné que les potentialités et les terres arables, qui s’étendent sur plusieurs hectares, sont existantes. On y trouve des vergers, des oliveraies et autres. Les fellahs s’adonnent aussi à la culture des céréales et des légumes secs, pour leur consommation familiale. L’ouverture et l’aménagement de pistes contribuent énormément à la pratique de ces différentes tâches saisonnières. Aussi faudra t-il aussi, batir des logements pour la population loacle car, si l’habitat rural ne constitue pas un problème majeur, ce n’est pas le cas pour le logement social dont la commune n’a bénéficié d’aucun projet depuis de nombreuses années. Les habitants des villages Bourdime, Ouled Ourath et Mélaïb souhaitent que les autorités optent pour l’habitat groupé. « C’est un module de 50 logements par village et les lots de terrains domaniaux ne manquent pas. Il suffit, dans ce cas de figure, d’une volonté politique», dira un citoyen. Il est à rappeler que les citoyens mécontents de ne pas se voir parmi les bénéficiaires des indemnisations des intempéries de 2012, ont procédé à des actions allant à la fermeture du siège de l’APC. Le chef de Daïra a accédé à leur vœu, celui de diligenter une commission d’enquête. Celle-ci s’est déplacée sur les lieux. « Nous demandons l’annulation de la liste préétablie par l’APC  et par influence et exigeons des poursuites judicaires à l’encontre des initiateurs de cette liste ! » nous avance un citoyen de Litama qui se dit plus touché que les autres. Le P/APC n’est pas de cet avis. Il rejette les accusations « une commission de l’APC a travaillé d’arrache-pied là-dessus et les bénéficiaires portés sur la liste, le sont en bonne et due forme » Qui a raison ? Qui a tort ? Seule la commission de Wilaya peut trancher sur cette affaire et dans les plus brefs délais.

Arous Touil

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