Les écoliers à l’épreuve de la rue

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La plupart des écoles, tous paliers confondus, se vident de leurs contingents de scolarisés dès les premières semaines du mois de mai.

Le dernier trimestre de l’année scolaire s’achève presqu’aussitôt après avoir commencé. Les programmes scolaires sont souvent bâclés, mais rarement bouclés, à l’issue d’une scolarité loin d’être trépidante, ni studieuse. Au vide généré par l’école buissonnière, laquelle fait à l’évidence toujours plus d’émules chez les élèves, se greffent les retards induits par les grèves à répétition du personnel de l’éducation et les cours séchés pour… fêter la qualification de l’équipe nationale de football ! «Nos enfants s’abreuvent à une école de médiocrité de bourrage de cranes et de cartables. Le concept d’éducation est un bien gros mot, dans la mesure où l’effort, le mérite et la compétence n’ont presque plus droit d’être cités», relève un inspecteur pédagogique de la région d’Akbou. Notre interlocuteur fait remarquer que même les organisations syndicales, censées contribuer à l’émergence d’une école de qualité occultent le plus souvent cet aspect au détriment de revendications de statut et de considérations socioprofessionnelles. Bien souvent, le dernier jour de classe ressemble à un divorce fracassant entre deux êtres qui s’abhorrent et pressés de recouvrer la liberté. On a ainsi vu des écoliers s’employer rageusement à déchiqueter, ou carrément brûler leurs documents pédagogiques. Un autodafé symptomatique du profond malaise qui ronge l’institution éducative. La longue trêve estivale met l’apprenant à l’épreuve de la rue, avec son lot d’incertitudes et son pesant d’aléas. Farniente et spleen font partie du quotidien. On flémarde à longueur de journée. L’oisiveté étant mère de tous les vices, on fini immanquablement par verser dans le chapardage ou à goûter à sa première clope. Les plus entreprenants font leur entrée initiatique dans le monde du travail. Une main d’œuvre taillable et corvéable à merci, qui se fait exploiter contre des clopinettes dans le commerce et les chantiers agricoles notamment. Les plus jeunes investissent les abords des routes pour y proposer à la vente du pain fait maison ou des fruits de saison. «Les vacances estivales sont excessivement longues. Il serait judicieux de mettre à profit cette période creuse, en occupant l’enfant à des activités culturelles, ludiques, éducatives et récréatives. Cela permettra d’éviter la rupture, de préparer l’enfant au retour à l’école et de le protéger contre tous les fléaux», souligne un cadre de l’éducation de Sidi Aïch.

N. Maouche

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